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Le Centre Pompidou donne rendez-vous dans cinq ans


Après la fermeture du musée, ce soir, les œuvres seront déplacées dans des réserves ou d'autres musées, en France ou à l'étranger.

Entre «première fois» et «besoin de profiter», les visiteurs du Centre Pompidou, à Paris, ont dit au revoir à la collection permanente ce week-end, fermée pour cinq ans de travaux.

Aux niveaux 4 et 5 du vaste bâtiment multicolore, qui abritent quelque 2 000 œuvres d’art sur 12 000 m2, le public est bien présent dans les salles et allées : pour fêter l’au revoir au Centre Pompidou, l’accès est gratuit et une programmation culturelle et festive attend le visiteur (performances, ateliers, DJ…).

Certains sortent les smartphones pour immortaliser ici un tableau de Dalí, là un Pierre Soulages, là encore une installation d’Eva Jospin. D’autres se greffent à une visite à thème.

Devant l’immense toile Composition aux deux perroquets de Fernand Léger, Marc Dexemple et Allan Piasentini, 18 ans, devisent. «T’as le droit de pas aimer», lance le premier au second. «On essaie de comprendre en lisant les cartels», raconte Allan, qui met les pieds dans le musée pour la première fois.

C’est aussi une première pour Alyssa, 11 ans, venue «voir en vrai» des tableaux de Piet Mondrian que sa professeure d’arts plastiques lui a montrés. Ça l’est également pour son grand-père, Gervais Essob, 62 ans, peintre amateur et parisien depuis six ans.

Visite inédite aussi pour Paula Goulart, une Brésilienne de 25 ans qui, appareil photo en main, confesse être d’abord venue pour la vue imprenable du haut du Centre Pompidou. Son amie portugaise Luisa Fraga, une habituée des lieux, a elle «envie de profiter au maximum des oeuvres avant qu’elles ne soient plus là».

«J’aime Matisse. C’est le premier peintre que j’ai étudié au lycée», témoigne pour sa part Yujie Zou, assise sur un banc dans la salle Henri Matisse, non loin du tableau Le Violoniste à la fenêtre. Diplômée l’été dernier, elle profite d’un temps de loisirs en Europe avant de rentrer dans son pays, la Chine.

Devant Le Magasin de Ben, du nom de l’artiste aux slogans rédigés en lettres manuscrites blanches sur fond noir, décédé l’an dernier, c’est le directeur des publics, David Cascaro, qui confie son coup de cœur pour cette œuvre «dynamique» et «vivante».

«Dans les années 1980, 1990 et 2000, Ben est venu la compléter en apportant des objets. C’est assez rare dans l’histoire de l’art et des musées !», dit-il à quelque 30 personnes qui l’écoutent attentivement.

«Cinq ans, c’est long !»

Après la fermeture ce soir du musée, qui a accueilli 3,2 millions de visiteurs en 2024, les œuvres seront déplacées en semi-remorques dans des réserves ou dans d’autres musées à Paris, ailleurs en France ou à l’étranger. Le Centre Pompidou, inauguré en 1977, fermera entièrement le 22 septembre avec sa dernière exposition temporaire, pour des travaux colossaux de désamiantage et de rénovation programmés jusqu’en 2030.

«Je suis triste», confie Elisa Hervelin, conférencière, qui travaille dans le musée depuis 14 ans et vient de commenter devant des visiteurs la technique de Sonia et Robert Delaunay, à travers le tableau Manège de cochons. «Mettre les œuvres ailleurs… Il n’y aura jamais les collections dans leur entité (muséale) actuelle», regrette l’historienne de l’art.

«Surtout, le public, curieux et ouvert, va me manquer», dit celle qui est habituée à recevoir «les adhérents, les nouveaux, les scolaires». «Cinq ans, c’est long !»

Une fermeture à laquelle se prépare aussi Amélie Bernard, 21 ans, étudiante en arts plastiques et adhérente du musée. «Depuis deux ans, je m’y rends environ une fois par mois. Ça m’a été très bénéfique. J’ai pu développer un œil pour l’art contemporain et enrichir ma culture pour mes études.»

«J’ai l’impression d’en avoir profité, mais c’est quand même un peu dommage.» Et de lancer : «Ça va me forcer à aller vers d’autres musées, j’en ai bien besoin !»

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