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Délits de fuite : les théories de l’accusé ne tiennent pas la route


Le prévenu accumule les délits : deux délits de fuite, deux conduites en état d’ébriété et un défaut d’assurance entre autres.

Euclides n’a pas la bosse des maths. Il calcule mal pour tenter de se disculper. Juge et policiers ont vite mis en parallèle ses actes et les délits commis sur les routes.

Il est des personnes réfractaires aux règles du code de la route. Euclides est de celles-là. Il comparaissait vendredi matin dans le cadre de trois dossiers face à la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Ce Capverdien de 42 ans est poursuivi pour deux délits de fuite après avoir embouti des voitures et pour conduite en état d’ivresse. Il nie cependant les faits et avance des explications censées le disculper complètement tirées par les cheveux.

Sa série d’infractions commence le 17 septembre 2021 sur l’A6. Il circule en direction de Luxembourg avec la camionnette de son employeur quand il percute l’arrière d’une voiture au niveau de la croix de Cessange. «Je n’ai pas eu le temps de réagir», a indiqué le conducteur de la voiture. Euclides se défend d’avoir causé l’accident.

«Ce n’est pas moi qui conduisais.» Il prétend avoir bu deux verres de whisky avec un ami en sortant du travail. «J’ai donné les clés de mon véhicule à mon ami pour qu’il prenne le volant à ma place. Il a disparu après l’accident quand je suis allé voir l’autre conducteur», raconte le prévenu. Sa victime confirme avoir vu un deuxième homme assis sur la glissière de sécurité et visiblement sonné. Euclides ne serait arrivé que plus tard après les constatations de la police. L’autre avait disparu depuis longtemps.

Le juge refuse de croire que la voiture était pilotée par le mystérieux deuxième homme. «La police a constaté que vous aviez des marques rouges d’airbag explosé sur le visage. Or l’airbag côté passager était intact.» «C’était un vieux véhicule, l’airbag côté passager ne s’est pas ouvert. Je n’avais pas de traces rouges», a expliqué le prévenu. «Je ramassais mon téléphone…» Et de se taire avant d’ajouter que «le policier a écrit ce qu’il voulait bien écrire dans son rapport».

Champion des bonnes excuses

Euclides apparaît comme étant le champion des bonnes excuses et de la mauvaise foi pour sauver son permis de conduire. Le prévenu n’a pas, jure-t-il, commis de deuxième délit de fuite le 27 août 2023 à Dudelange. Le témoin l’accuse à tort d’avoir embouti l’arrière d’une voiture lors d’une manœuvre de stationnement avant de quitter les lieux en vitesse. Un jeune homme, venu témoigner à la barre, a observé la scène avant de prévenir la police. «Ma voiture était stationnée devant chez moi. J’étais parti au travail en camionnette», insiste-t-il. «Ce sont de fausses accusations. La justice n’est juste que d’un côté.» Sa voiture n’était pas non plus assurée.

Enfin, il est suspecté d’avoir conduit en état d’ébriété le 5 septembre 2023. Il avait arrêté sa voiture sur le côté de la route pour satisfaire un besoin naturel quand les policiers lui sont tombés dessus. Dans leur procès-verbal, les agents rapportent avoir trouvé un homme qui sentait l’alcool, paraissait désorienté et avait du mal à s’exprimer ainsi qu’à se tenir debout. Il aurait ensuite saboté le test d’alcoolémie à trois reprises avant de s’opposer à un quatrième.

Pour cette infraction également, Euclides sort les rames. Il avait pris un calmant. Comment peut-il avoir été arrêté pour conduite en état d’ivresse s’il ne conduisait pas quand les policiers sont arrivés? Et qu’en plus, il n’y a pas de preuve matérielle de son ivresse? La logique est imparable. Reste à voir si le tribunal va suivre son raisonnement.

Le parquet estime cependant que les preuves dans les trois dossiers sont suffisantes pour établir sa culpabilité. Euclides n’est pas un bon stratège et ses machinations pour ne pas se faire accuser ne fonctionnent pas. Les ficelles sont trop grosses. «Dans la deuxième affaire du délit de fuite, il n’a même pas donné suite aux convocations des policiers. Ils se sont ensuite rendus chez lui à plusieurs reprises pour l’auditionner, mais ils ne l’ont jamais trouvé», a noté le procureur qui fustige l’attitude du prévenu qui «n’assume pas ses responsabilités».

Le magistrat a requis une peine de 6 mois de prison et une amende appropriée à son encontre ainsi que plusieurs interdictions de conduire pour un total de 105 mois. L’avocat du prévenu a invoqué la clémence du tribunal au cas où il irait en voie de condamnation après avoir réclamé l’acquittement de son client sur toute la ligne, faute de preuves de son implication dans les trois faits.

Le prononcé est fixé au 27 mars.