Accueil | A la Une | Le LuxFilmFest, 15 ans et déjà si grand

Le LuxFilmFest, 15 ans et déjà si grand


La dramaturge et réalisatrice anglaise Rebecca Lenkiewicz a présenté son premier film, "Hot Milk", en ouverture du festival. (Photo : Hervé Montaigu)

En donnant le coup d’envoi de sa 15e édition, la plus prestigieuse de toutes, le LuxFilmFest montre son impressionnante évolution mais veut continuer de s’affirmer comme un safe space nécessaire à la cinéphilie luxembourgeoise.

En ouverture de la 15e édition du Luxembourg City Film Festival, résonnent les mots du ministre de la Culture, Éric Thill : «En quinze ans, le festival a su se forger une réputation qui dépasse nos frontières et rayonne sur la scène internationale.» Il suffit, pour en avoir le cœur net, de jeter un coup d’œil aux invités, jurés et amis du festival qui seront reçus dix jours durant dans la capitale du Grand-Duché. Tim Roth, Alejandro Amenábar, Albert Serra, Mohammad Rasoulof… Un casting à nul autre pareil, qui reflète autant la montée en puissance de l’évènement que la pluralité et les particularités de la cinéphilie luxembourgeoise.

Il y a une quinzaine d’années déjà, quand le LuxFilmFest s’appelait encore Discovery Zone – un nom qu’il a fièrement porté pendant trois ans, et qui pourrait encore aujourd’hui être son sous-titre –, il visait à réunir sous son appellation les découvertes de tous horizons, de la pépite auteuriste pointue comme du cinéma avec des noms prestigieux dedans, pour offrir à son public matière à célébrer ensemble une passion commune.

Depuis, il a grandi, s’est doté d’un Pavillon immersif, s’est imposé comme la vitrine incontournable de la (co)production nationale (cette année, 19 films, 13 courts métrages, 5 œuvres en VR et trois séries, «un record» indique le ministre), a reçu quelques-unes des stars les plus respectées du cinéma (Michel Gondry en 2014, Viggo Mortensen en 2024…) en recevant en retour le même respect au sein du circuit festivalier, et bien plus encore, mais toujours avec, comme finalité, la communion devant l’écran.

«Le cinéma est une expérience collective qu’aucune machine ou ordinateur ne saurait recréer», a déclaré, lors de la cérémonie d’ouverture, sa présentatrice, l’actrice Magaly Teixeira. Le festival recrée l’exploit à chaque séance, chaque année, en agrémentant le tout de rencontres extraordinaires avec les artistes – et tout ça, même quand une pandémie l’empêche de se tenir et que l’expérience en question se vit «en distanciel».

Une adolescence tout sauf cruelle

Du haut de ses 15 éditions, donc, le festival vit une adolescence tout sauf cruelle. Il «rassemble les gens» et «forme un safe space pour les passionnés», dit encore Éric Thill. Alors que le présent du monde se vit sous tension, les safe spaces ne manquent pas, mais ils sont plus que jamais nécessaires. Le cinéma ouvre à la discussion, au débat, aux échanges emportés et aux méditations parfois inconfortables. On se souvient, dans l’histoire récente de l’évènement, du coup de balai passé en dernière minute sur les films russes de la sélection, tout simplement retirés par les organisateurs à la veille de la tenue du festival, une semaine après l’invasion de l’Ukraine fin février 2022.

Les discours se sont succédé une heure durant, en ouverture de cette nouvelle édition, mais le climat global actuel a, lui, à peine été effleuré, ni par les organisateurs ni véritablement par les officiels, alors même que le danger semble n’avoir jamais été aussi imminent.

Car dans cette grande histoire, c’est aussi à l’avenir du festival que l’on pense, qui s’épanouit si bien aujourd’hui, sans pouvoir prédire le contexte dans lequel il traversera ses 15 prochaines années. Dans une telle manifestation, cela pourrait toutefois passer pour un geste d’élégance, qui reviendrait à dire que les films parlent d’eux-mêmes – et il y en a encore cette année dans la jungle d’une programmation parfaitement éclectique, en documentaire comme en fiction, qui abordent le thème des guerres actuelles et des politiques extrémistes. Il ne reste qu’au public de les découvrir.