L’ancienne internationale, qui a défendu les couleurs du Roude Léiw Bascharage, mais surtout celles de Diekirch, son «club de cœur», revient sur les grands moments de sa carrière.
L’équipe la plus forte contre laquelle vous avez joué ?
Jill Zeimetz : En club, j’ai joué avec le Roude Léiw Bascharage contre Thüringen en Coupe d’Allemagne. C’était vraiment une chance immense d’affronter cette équipe, car il y avait beaucoup d’internationales. En plus, à l’époque, elles participaient aussi à la Ligue des champions. Je voyais ces joueuses à la télévision et puis, je me suis retrouvée à jouer face à elles. Et on avait plutôt fait un bon résultat. À la mi-temps, on perdait seulement de 4 ou 6 buts et, au final, je crois qu’on avait perdu de 10 buts, c’était vraiment bien.
Et avec l’équipe nationale, quand on était très très jeunes, on a joué contre le Danemark. Et c’était une catastrophe (elle rit). Elles étaient tellement fortes déjà à cet âge-là, tellement rapides. C’était impressionnant. Deux ans après que j’aie arrêté, les filles ont joué face à la Suède, une superbe équipe. Et quelques années avant, on avait joué contre la Grèce : il y avait une fille très forte, je ne me souviens plus de son nom, mais elle disputait la Ligue des champions avec son club.
Votre plus belle victoire ?
À Diekirch contre Bascharage en quarts de finale de la Coupe. C’était en 2020, l’année où on avait gagné la Coupe. Après les 60 minutes, il y avait égalité et donc on avait dû jouer les prolongations. Durant celles-ci, Alina Molkova a marqué un penalty en faisant un lob. Et ma réaction a été de me dire : « Mais comment elle peut faire ça dans une telle situation? » (elle rit). On a gagné d’un ou deux buts devant une salle pleine de gens de Diekirch, c’était une superbe victoire.
Je me souviens aussi que j’avais prévu d’aller au ski la semaine avant la finale de la Coupe en me disant qu’on allait potentiellement sortir en quarts comme on jouait contre Bascharage (elle rit). Je croyais pouvoir y aller. Alors après la victoire, je suis tout de suite allée voir le coach pour lui dire que j’étais désolée et le prévenir que je partais skier la semaine avant la finale. Mais on a quand même gagné (elle rit).
Affronter Thüringen en Coupe d’Allemagne, c’était vraiment une immense chance
Et à l’inverse, votre plus grosse déception ?
C’est un sujet toujours très sensible, qui me fait encore mal au cœur. C’est en lien avec l’équipe nationale. Pour moi, jusqu’à la fin, mon plus grand plaisir a toujours été de jouer avec l’équipe nationale. Je trouve que c’est tellement joli de jouer avec des filles qui veulent la même chose et qui sont toutes motivées. En club, il y a des filles qui voient plus ça comme un hobby. Mais moi, j’ai toujours été ambitieuse et en équipe nationale, tout le monde avait la même motivation. Je regrette que la décision d’arrêter l’équipe nationale pendant plusieurs années ait été prise, ce qui fait que je n’ai pas pu jouer autant que je l’aurais souhaité.
Les résultats sont ce qu’ils sont, mais on est un petit pays et on a vraiment toujours tout donné. C’est triste de ne pas nous avoir donné la possibilité de jouer plus longtemps ensemble. Et, à mon avis, ce n’était pas une bonne décision pour le développement du handball féminin, car en voyant qu’il n’y avait pas d’équipe nationale féminine, beaucoup de jeunes filles n’étaient pas motivées à l’idée de faire du hand.
Jill Zeimetz, qui fêtera ses 33 ans le 15 avril prochain, est kinésithérapeute à Rollingen, non loin de Mersch. Si on lui a demandé à plusieurs reprises de reprendre une licence pour jouer avec la deuxième équipe du CHEV, elle a préféré décliner ces propositions et s’est redirigée depuis vers d’autres disciplines. Elle pratique le spinning (cyclisme en salle), le fitness ainsi que la danse qu’elle a récemment commencée avec son partenaire.
Votre plus grand exploit ?
Lors de ma dernière saison, nous n’étions pas l’équipe la plus forte sur le papier ni les favorites pour le titre. Mais je crois qu’on a gagné tous nos matches au cours de la phase retour. Je me rappelle qu’il nous restait trois matches à jouer et qu’il fallait en gagner au moins un. On devait jouer contre Grevenmacher, Dudelange et Bascharage. Finalement, on a gagné face à Grevenmacher, puis les deux derniers. C’était vraiment magnifique.
Votre plus grosse fête ?
C’est assez rigolo (elle rit). À Diekirch, on fête toujours bien le carnaval et en 2019, le week-end de Coupe tombait en même temps que le carnaval, alors pour nous c’était horrible (elle sourit). On avait perdu en finale contre Bascharage, mais ensuite, c’était la meilleure fête. On était retournées à Diekirch pour la soirée de la cavalcade et on avait vraiment bien fêté. Les deux dernières saisons, on avait aussi bien fêté après la victoire en Coupe et le titre. D’ailleurs, c’était drôle car c’était la première saison de Frank Link en tant que président et il avait donné sa première interview en étant déguisé (elle rit).
Frank Link a donné sa première interview en tant que président en étant déguisé
L’entraîneur qui vous a le plus marquée ?
Mon papa. Il a été mon coach depuis toute petite jusqu’à ce que je passe en équipe des dames. Il m’a beaucoup aidée, j’ai évolué grâce à lui. Je crois qu’à Diekirch, il n’y a jamais eu une équipe de dames aussi forte et il y a contribué : mon père, qui a joué aussi, a commencé à nous entraîner, il nous a suivies et je crois que c’est pour cela que ça a bien fonctionné. Il a donné beaucoup pour cette équipe.
Il a également coaché une ou deux années à Bascharage. Et puis, il y a aussi eu Dejan Gajic. En fait, j’ai toujours joué comme ailière gauche et une saison, à Bascharage, nous avons eu plein de blessées. Alors, il m’a fait passer au centre en me disant qu’il avait confiance en moi, ce qui m’a beaucoup aidée. J’étais vraiment contente de l’avoir eu comme coach à l’époque. Ça me faisait plaisir de jouer sur la base arrière, c’était un autre challenge par rapport à l’aile.
Le jour où vous avez décidé d’arrêter votre carrière ?
Jusqu’à la fin, je n’étais pas trop sûre. Je me rappelle encore que Jacquy Link, la maman de Frank, s’occupait des cadeaux pour les joueuses qui allaient arrêter. Je crois que deux jours avant le dernier match, je lui ai annoncé qu’elle pouvait aussi en prévoir un pour moi parce que je pensais arrêter. Mais j’étais indécise jusqu’à la dernière minute, alors je lui ai dit que c’était à elle de voir si elle voulait l’annoncer ou pas au micro.
C’était une décision difficile à prendre, je ne savais pas si j’allais avoir envie de revenir ou non. Mais je dois dire que je n’ai jamais regretté. Maintenant je peux voyager alors qu’avant, je n’allais jamais en vacances car je voulais être présente pour la préparation, j’étais super sérieuse.
Hormis une parenthèse de quelques saisons au cours desquelles elle a porté le maillot du Roude Léiw Bascharage, une formation qui évoluait dans le championnat allemand pour permettre aux meilleures Luxembourgeoises de jouer de l’autre côté de la frontière, Jill Zeimetz a effectué l’intégralité de sa carrière à Diekirch, son «club de cœur». Avec qui elle a réalisé le doublé coupe/championnat en 2012, un an après avoir remporté la Coupe, qu’elle a aussi soulevée en 2020, soit une année avant de boucler la boucle par un titre de championne.
Internationale, l’ancienne ailière gauche, capable d’évoluer sur la base arrière, a représenté le Luxembourg à de multiples reprises, aussi bien dans les catégories de jeunes qu’avec l’équipe sénior. Un total qui aurait pu être bien plus conséquent sans l’arrêt de la sélection nationale A pendant plusieurs années, ce qu’elle regrette encore profondément aujourd’hui.