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Ukraine : plus d’argent, et aussi des soldats luxembourgeois ?


Des «choix décisifs» s'imposeraient désormais pour «assurer aussi dans les décennies à venir la liberté, la paix et le bien-être», souligne Luc Frieden. (Photo : fabrizio pizzolante)

Le Premier ministre, Luc Frieden, a mis en perspective, ce mardi, devant la Chambre des députés que son gouvernement était disposé à revoir à la hausse l’effort de défense du Grand-Duché, mais aussi d’envoyer, le cas échéant, des soldats luxembourgeois en Ukraine, dans le cadre d’une mission de paix.

En ce «moment grave» que vit l’Ukraine et l’Europe, le Premier ministre a tenu à s’adresser aux députés et donc aussi au pays. Pour souligner une nouvelle fois que le Luxembourg reste aux côtés de l’Ukraine, d’autant plus que les États-Unis de Donald Trump sont sur le retrait.

Dans la nuit de lundi à mardi, le président américain a annoncé le gel du soutien militaire pour Kiev. Un nouveau tournant après l’éclat de vendredi à la Maison-Blanche, où le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est fait attaquer de front par Donald Trump et son vice-président JD Vance.

«Nous risquons aussi notre liberté»

«On se retrouve face à un moment historique où l’Union européenne et les États-Unis n’avancent plus sur le même chemin pour défendre et soutenir l’Ukraine. L’Europe doit encore se montrer plus uni et se donner plus de moyens. Il ne s’agit pas d’une attitude contre les États-Unis, mais pour l’Europe», souligne Luc Frieden.

Dans ce contexte, il serait incontournable que le Grand-Duché augmente aussi son soutien financier et militaire, à la fois pour l’Ukraine et l’OTAN dans son ensemble. «Ce qui se passe en Ukraine, et ce qui risque de se passer demain en Pologne ou dans les pays baltes nous concerne aussi. Si nous n’agissons pas bien et ne prenons pas au sérieux nos engagements pour l’Ukraine, nous risquons aussi notre liberté et notre paix. C’est pourquoi le Luxembourg doit aussi d’engager encore plus fortement pour la défense, et plus globalement pour la sécurité», insiste le Premier ministre.

Les 2 % du RNB atteints plus tôt?

L’engagement de faire augmenter d’ici à 2030 l’effort de défense à 2 % du Revenu national brut (RNB) risque de ne plus être suffisant. «Nous allons devoir revoir cette trajectoire. L’objectif devra être revu à la hausse, en consultation avec nos partenaires, mais aussi avec cette Chambre», annonce Luc Frieden.

Il semble que le gouvernement compte atteindre le minima de 2 % plus tôt, même si aucune date n’a été avancée ce mardi. «Il est inévitable de remettre, dans la décennie à venir, fondamentalement en question nos dépenses de défense. Aujourd’hui, le Luxembourg figure parmi les six derniers pays de l’OTAN à ne pas encore remplir les 2 %. Nous devons exprimer notre solidarité. Le gouvernement prend cette tâche très au sérieux. Il est dans l’intérêt stratégique du Luxembourg d’apporter sa contribution à la paix en Europe», développe Luc Frieden.

Le besoin de «garanties de sécurité crédibles»

Le Premier ministre a aussi rappelé qu’aucune décision sur l’avenir de l’Ukraine et de la sécurité en Europe ne pourra être prise sans Kiev et les représentants de l’UE, notamment rejoints par le Royaume-Uni.

Conclure à tout prix un cessez-le-feu ne serait pas une option durable. «Il est clair que la guerre n’est jamais acceptable. Mais un cessez-le-feu ne peut uniquement être couronné de succès s’il est appuyé par un concept de paix durable. Un cessez-le-feu sans garanties de sécurité crédibles ne sera rien d’autre qu’une invitation pour la Russie et d’autres pour continuer à agresser des pays», argumente Luc Frieden.

Des soldats luxembourgeois pour assurer la paix?

Une participation du Luxembourg à des garanties de sécurité ne figurerait pas encore à l’ordre du jour. «On n’a pas encore été approché. Mais, si cela s’avère nécessaire, le déploiement de soldats luxembourgeois dans la région ne pourra se faire que sur base d’un mandat international ou européen, et avec l’accord de la Chambre. Il est tout aussi clair qu’un envoi de troupes ne pourra se faire que dans le cadre d’une mission de paix», met en perspective le chef du gouvernement.

Des «choix décisifs» et de «grandes décisions» s’imposeraient désormais pour «assurer aussi dans les décennies à venir la liberté, la paix et le bien-être».

«Cela a un prix, un prix que nous allons ressentir encore plus dans les années à venir. D’où proviendra l’argent? La question devra être discutée, dans les années, mois, voire semaines à venir, et certainement avant le sommet de l’OTAN, en juin, aux Pays-Bas», avance Luc Frieden, qui a salué le plan de réarmement de la Commission européenne, présenté ce mardi. Il sera discuté lors du sommet européen spécial sur l’Ukraine, prévu ce jeudi.