La Ville de Luxembourg a donné son feu vert lundi à l’installation d’une soixantaine de nouvelles caméras de surveillance, espérant ainsi mieux lutter contre la criminalité.
Le conseil communal de la capitale a approuvé lundi le déploiement et le renforcement du réseau de caméras de surveillance Visupol dans la partie Est du quartier de Bonnevoie, pour une enveloppe globale de 2,3 millions d’euros.
Les rues suivantes seront donc bientôt équipées :
- pénétrante sud,
- route de Thionville,
- rue Pierre Krier,
- rue de Hesperange,
- rue de Bonnevoie,
- rue Auguste Charles,
- rue Antoine Godart,
- place Léon XIII,
- rue du Puits,
- rue Sigismond,
- rue Irmine,
- place du Parc,
- cour du Couvent,
- rue du Cimetière,
- Dernier Sol
- et rue des Ardennes.
La majorité a notamment fait valoir que «l’étude d’impact réalisée par la police et le comité de prévention entre 2020 et 2023 montre qu’un grand nombre d’infractions sont constatées à Bonnevoie» pour justifier l’extension de ce moyen de lutte contre la criminalité.
Une position que les socialistes, la Gauche et les Verts n’ont pas partagé, soulevant tour à tour la question complexe de la protection de la vie privée des citoyens et le bilan discutable de Visupol en termes d’efficacité jusqu’ici.
300 caméras sur le territoire
François Benoy a ainsi rappelé que plus de 300 caméras quadrillent déjà le territoire de la Luxembourg-ville, les premières ayant été installées dès 2007 à la Gare, avant un élargissement massif dans cette zone en 2019.
«Est-ce qu’il y a moins de criminalité à cet endroit? Non. Malgré, les caméras, la situation ne s’est pas améliorée, au contraire», a noté le conseiller déi Gréng.
Il a aussi cité le dernier rapport de l’Inspection générale de la police sur le sujet, qui pointait qu’entre 2014 et 2022, Visupol n’avait permis que sept arrestations en flagrant délit en moyenne par an.
Par ailleurs, seule une dizaine d’agents de police étant affectés à la visualisation des images Visupol, les moyens semblent manquer pour exploiter pleinement cet instrument, selon lui.
La vie privée des citoyens en question
«Les habitants nous le disent, ce sont les mendiants, les dealers et les toxicomanes qui représentent un risque pour la sécurité. Or, pour ces populations, les études prouvent que la surveillance vidéo n’a pas d’impact positif.»

Seuls dix agents travaillent au service Visupol pour visionner les images.
François Benoy a conclu en appelant une nouvelle fois la majorité à investir dans l’éclairage public, l’aménagement urbain, la propreté et la présence accrue de patrouilles de terrain : les mesures les plus utiles d’après un sondage auprès des riverains, les caméras ne se plaçant qu’en onzième position.
Un plaidoyer applaudi par le LSAP, Gabriel Boisante se demandant si, au vu des piètres résultats obtenus par Visupol jusqu’ici, cela vaut réellement la peine de mettre la vie privée des citoyens dans la balance. Les deux partis se sont abstenus au moment du vote.
déi Lénk y voit une «solution de facilité»
David Wagner, lui, s’est prononcé contre, pour la Gauche : «J’ai de sérieux doutes sur l’efficacité de cette extension. Cela décourage une poignée de personnes de commettre des infractions? Pour moi, c’est un peu léger. Je considère que c’est plutôt une solution de facilité.»
Le projet a finalement été voté avec les voix de la majorité. «La police dit que ce sera utile pour l’élucidation des affaires, ça on ne peut pas le nier, et les chiffres de la délinquance restent très élevés dans le quartier. Bien sûr qu’on aimerait plus de police sur le terrain, mais on n’y est pour l’instant.»
«C’est de notre responsabilité d’agir»
«D’accord, Visupol ne résout pas tout, mais ça reste une solution, et c’est de notre responsabilité d’agir», conclut la bourgmestre Lydie Polfer (DP), remerciant les intervenants pour le calme des débats.
En 2021, les habitants de la Gare et de Bonnevoie, désormais confrontés jour et nuit aux nuisances liées au trafic de drogue et à l’insécurité, s’étaient prononcés à 67% en faveur d’un élargissement de la vidéosurveillance dans leurs rues.