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Prix de l’énergie : le débat reste électrique


L’extension du réseau, chiffrée à 350 millions d’euros, risque de générer une prochaine hausse des prix de l’électricité.  

Après déi gréng, le LSAP est monté cette semaine au créneau pour revendiquer, entre autres, le rétablissement intégral du plafonnement des prix de l’énergie. Le ministre Lex Delles émet une fin de non-recevoir.

Depuis le début de cette année, l’État ne subventionne plus que la moitié de la hausse du prix de l’électricité, estimée à 60 %. La prise en charge des 30 % restants n’est pas suffisante aux yeux du LSAP, qui a revendiqué, mercredi, un rétablissement intégral du plafond. «Maîtriser les prix, planifier l’avenir» est le titre d’un plan d’action composé de 10 propositions pour mettre en œuvre une «politique énergétique responsable et sociale», au lieu de la «politique énergétique hasardeuse» menée par le gouvernement CSV-DP.

L’exécutif avait promis un pouvoir d’achat renforcé, mais «l’addition ne colle plus, notamment à cause de la hausse des prix de l’énergie qui alimente, en outre, l’inflation». «Faute d’une stratégie énergétique claire, le gouvernement ne fait pas seulement régner la confusion, il met également en péril les progrès réalisés en matière de transition énergétique», déplore le camp socialiste.

Comme déi gréng, courant janvier, le LSAP estime que la levée partielle du bouclier tarifaire nuirait en priorité aux ménages qui ont déjà investi dans des énergies durables : «Si la baisse du plafonnement des prix de l’énergie constitue le principal facteur de cette hausse, les nouvelles règles concernant les frais de réseau changent la donne pour les familles ayant investi dans une pompe à chaleur ou une voiture électrique. Ayant misé sur la durabilité, ces ménages se retrouvent aujourd’hui démunis à la réception de leur facture.»

La revendication centrale des deux partis d’opposition va cependant rester lettre morte. Invité vendredi à s’exprimer sur les ondes de RTL, le ministre en charge de l’Énergie, Lex Delles, a exclu un retour en arrière en ce qui concerne le plafonnement des prix. Avec la prise en charge de la moitié du surcoût et grâce à une taxation réduite, le prix de l’électricité continuerait à rester inférieur aux tarifs appliqués dans la Grande Région.

L’État ouvert à investir dans l’extension du réseau

Dès mercredi, le ministre libéral a tenu à rappeler, lors d’un échange avec la commission parlementaire de l’Énergie, que le gouvernement avait décidé de faire accompagner la levée progressive des plafonds par des mesures sociales ciblées en faveur des ménages les plus vulnérables, dont l’augmentation de l’allocation de vie chère de 10 %, et le triplement de la prime énergie. L’enveloppe globale débloquée est de 50 millions d’euros.

Le LSAP propose de faire un pas de plus, en augmentant le plafond de revenu pour pouvoir profiter de la prime énergie (de 3 300 euros par mois à 6 600 euros), mais aussi en définissant la précarité énergétique. En Écosse, un ménage qui consacre plus de 10 % de son revenu – après déduction des coûts de logement et des aides sociales – à l’approvisionnement énergétique est considéré être en situation de précarité énergétique. Des subventions plus ciblées pour lutter contre la pauvreté peuvent ainsi être accordées.

Devant les députés, Lex Delles a cependant ouvert la porte à la prise en charge par l’État des coûts pour l’extension du réseau d’électricité. Le LSAP revendique que le gestionnaire Creos, et sa maison mère Encevo, réinvestissent leurs bénéfices pour financer ce projet. En fin de semaine dernière, le Mouvement écologique avait aussi invité le gouvernement à mettre la main à la poche, afin d’éviter que le coût colossal de l’extension du réseau soit répercuté sur le consommateur final.

Une analyse juridique est en cours pour savoir si, et dans quelle mesure, l’État pourra participer au financement. D’ici à 2034, quelque 350 millions d’euros devront être mobilisés. Par la suite, entre 100 et 145 millions d’euros par an pour le réseau de distribution de l’électricité.

Qui sont les grands perdants ?

Au tour du LSAP de présenter un calcul sur l’impact de la levée partielle du bouclier tarifaire sur l’électricité et la hausse des frais de réseau. Une famille de quatre personnes habitant une maison bien isolée, se chauffant avec une pompe à chaleur et roulant à bord d’une voiture électrique, aurait vu en janvier de cette année, sa facture d’électricité passer à 398 euros, contre 272 euros en janvier 2024 (consommation de 1 951 kWh par mois).

La facture d’électricité pour une famille de trois personnes, sans pompe à chaleur et sans voiture électrique, n’augmenterait que de 38 euros en comparaison avec janvier 2024 (consommation de 616 kWh).

Le ministère de l’Économie maintient que la transition énergétique reste rentable. Une maison équipée d’une pompe à chaleur verrait certes sa facture d’électricité augmenter de plusieurs centaines d’euros, mais l’avantage par rapport aux ménages se chauffant au gaz ou au mazout resterait favorable. Le même calcul s’appliquerait pour les ménages disposant d’une voiture électrique, au lieu d’un véhicule diesel ou essence.

Les calculs détaillés sont à trouver sur klima-agence.lu