Les classiques flandriennes font leur retour samedi avec le Het Nieuwsblad, la traditionnelle ouverture belge, toujours très ouverte et parfois sujette à des surprises.

Terminées, les premières courses par étapes au soleil, le Het Nieuwsblad signe la véritable rentrée du cyclisme pour tous les coureurs de classiques. Enfin, une bonne partie d’entre eux. N’allez pas chercher dans la liste des engagés la présence de Mathieu Van der Poel ou Tadej Pogacar, qui ambitionnent tous deux de briguer un nouveau succès au Tour des Flandres le 6 avril.

Ni celle de Mads Pedersen, en stage d’altitude avec son fidèle équipier luxembourgeois Alex Kirsch, lequel, pour sa part, avait pourtant pris ses habitudes sur ce Nieuwsblad, puisqu’il fut de toutes les éditions jusqu’ici depuis 2015! Pas cette année donc…

Mais on peut compter sur la présence de Wout van Aert, Kasper Asgreen, Tom Pidcock, Tadej Mahoric, Stefan Küng, Nils Politt, Jasper Stuyven, John Degenkolb, pour ne citer que ces noms ronflants. Car il en reste une bonne vingtaine capables, sur le papier, de s’imposer samedi, et en particulier le prometteur portugais Antonio Morgado. Il a 21 ans, a déjà terminé cinquième du Tour des Flandres 2024 et a repris, en ce début de saison, une activité de guerrier impavide.

Avec deux succès à la clé, dont la classique Figueira à domicile avec une nouvelle démonstration de sa force brute. Une fois échappé, ce garçon aux forts biscoteaux est souvent parti pour de bon. Citons encore le très entreprenant et puissant Français Paul Magnier (Soudal Quick-Step), qui n’est assurément pas un simple sprinteur.

Mais à tout seigneur, tout honneur : dès la présentation des équipes au Kuipke, le vélodrome de Gand, tous les yeux convergeront vers Wout van Aert. Vainqueur en 2022 et troisième l’an passé, le leader des Visma qui, en plus de Tiesj Benoot et Matteo Jorgenson, accueillent un certain Victor Campenaerts, ce qui peut être utile sur ces courses de pavés, ne cracherait pas sur un deuxième succès sur ses terres. «Je suis un peu nerveux, on sent une tension supplémentaire chez tout le monde, a-t-il constaté jeudi.

«C’est aussi la première course où nous courons devant beaucoup de monde. L’objectif était de trouver un pour cent supplémentaire dans ces premières courses, et je pense avoir réussi. J’ai trouvé la confiance et le plaisir et cela m’a beaucoup plu. Je pense qu’après ce week-end, nous pourrons vraiment dire quel est mon niveau. Le plus important, c’est que je me suis senti mieux chaque jour et que j’ai fait un pas en avant. C’est toujours important d’enclencher une bonne dynamique. Pas forcément en l’emportant, mais au moins en étant dans le coup», a convenu le coureur de Herentals.

Toujours est-il que son ancien coéquipier Jan Tratnik, vainqueur l’an passé sous les couleurs de Red Bull-Bora, portera le dossard numéro 1. Ce coéquipier modèle a croqué en 2024 à pleines dents dans ce morceau de gloire, mais comme cela arrive souvent avec le vainqueur du Nieuwsblad, la suite de sa saison ne fut pas extraordinaire. Mais au moins, il avait sauvé sa saison. C’est l’une des autres vérités de cette course d’ouverture.

Pour le reste, deux coureurs luxembourgeois seront finalement au départ. Ce n’était pas prévu pour Kevin Geniets, qui aime cette course (troisième participation, neuvième place en 2021). Avant de songer au Giro, son programme printanier ne devait être fait que de classiques ardennaises, mais c’est avec délectation qu’il déroge à cette règle. Et puis, nous sommes encore en hiver! Le champion national retrouve ainsi avec plaisir son partenaire suisse Stefan Küng, lequel ne désespère pas un jour ou l’autre de trouver une consécration méritée dans les classiques pavées.

«Cela n’était pas prévu, mais je suis très heureux d’être finalement au départ», confirme le Luxembourgeois de Groupama-FDJ, généralement très à l’aise dans les classiques flandriennes. Celui qui a récemment terminé troisième de l’Étoile de Bessèges est en assez bonne forme pour peser sur cette course qui demande souvent un bon sens de l’anticipation.

Pour sa part, Bob Jungels sera au départ pour la 4^e fois du Nieuwsblad. En 2019, à la veille de remporter le lendemain Kuurne-Bruxelles-Kuurne, puis de réaliser ensuite une belle campagne de flandriennes (5^e du Grand Prix E3, 3^e d’À Travers la Flandres après deux échappées au long cours, 16^e du Tour des Flandres), il avait pris le 16^e rang du Nieuwsblad (sa meilleure performance en trois participations).

Le voilà désormais dans une équipe Ineos-Grenadiers où il évolue en chef d’équipe pour les classiques. Il aspire avant tout à rentrer dans le mouvement, se libérer pleinement sur les pavés, retrouver le bon sens du placement qui fut le sien à sa grande époque. Le récent succès de son coéquipier polonais, l’ancien champion du monde Michal Kwiatkowski, sur la plus modeste, mais non moins très jolie Clásica Jaén, peut servir de référence. Un champion ne meurt jamais, et pour peu que les dés roulent pour lui…

L’ancien vainqueur de Liège-Bastogne-Liège, qui va doubler cette saison flandriennes et ardennaises (ce qui n’est jamais aisée), est très bien entouré. Connor Swift, Joshua Tarling, Ben Turner et Sam Watson font partie de cette longue liste de possibles outsiders dont le Het Nieuwsblad aime illustrer son palmarès tout à fait particulier. C’est le moment de battre le pavé.