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France : Bayrou réunit ses ministres sur l’immigration


Les relations avec Alger, déjà très tendues, se sont encore dégradées après l'attentat commis samedi à Mulhouse, dans l'est de la France.

Vers une remise en cause des accords de 1968 avec l’Algérie ? Pour définir les orientations de la France en matière d’immigration, le Premier ministre François Bayrou réunit mercredi une partie de son gouvernement en pleine crise avec Alger, avivée par un récent attentat mortel.

À partir de 14 h, une dizaine de ministres discuteront notamment de « la maîtrise des flux migratoires » et des moyens « nationaux, européens et diplomatiques pour renforcer les contrôles », a-t-on appris auprès des services du chef du gouvernement.

À l’issue de ce Conseil interministériel de contrôle de l’immigration (CICI), Bayrou prendra la parole, selon cette source.

Créé en 2005, le CICI a été réactivé par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau « dans le contexte d’une immigration importante » et « pour répondre aux attentes des Français en faveur d’une plus grande maîtrise des flux migratoires ».

Outre la question algérienne, les ministres aborderont la transposition du « Pacte européen asile et migration » – adopté en mai et censé entrer en vigueur mi-2026 -, qui prévoit un durcissement du « filtrage » aux frontières et un mécanisme de solidarité entre les 27.

Xavier Bertrand, le président de la région des Hauts-de-France, dans le nord du pays, d’où partent illégalement en bateau de nombreux migrants vers le Royaume-Uni, a aussi appelé mercredi à un bras de fer avec Londres.

Quatorze « non“

Les relations avec Alger, déjà très tendues, se sont encore dégradées après l’attentat commis samedi à Mulhouse, dans l’est de la France. Un Algérien de 37 ans en situation irrégulière est accusé d’avoir tué à l’arme blanche un Portugais de 69 ans et d’avoir blessé sept autres personnes.

« Il avait été présenté quatorze fois aux autorités algériennes. Et quatorze fois les autorités algériennes ont dit non », a dénoncé mercredi François Bayrou, jugeant à nouveau « inacceptable » le refus d’Alger de reprendre son ressortissant. Lundi, le chef du gouvernement avait parlé de dix « non ».

Alger a refusé à de multiples reprises ces dernières semaines de laisser entrer sur son sol ses ressortissants expulsés de France, qui réfléchit à des mesures de rétorsion.

Le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot, a proposé mercredi que les délivrances de visas soient réduites « par tous les pays européens en même temps » pour les Etats qui ne reprennent pas leurs ressortissants expulsés. « Quand on le fait à titre national, malheureusement, ça ne fonctionne pas », a-t-il dit.

Barrot propose en revanche que l’UE baisse les droits de douanes pour les pays avec qui la coopération pour la reprise de leurs ressortissants s’améliore, « un levier (…) particulièrement puissant », selon lui.

Barrot souhaite également que les étrangers en situation irrégulière puissent être placés en rétention par un juge « pour des motifs d’ordre public, parce qu’aujourd’hui ce n’est pas possible en droit »: « ça nécessite des évolutions européennes, nous avons commencé à militer activement pour que ce soit le cas ».

Mardi soir, Barrot a par ailleurs annoncé que des « restrictions de circulation et d’accès au territoire national pour certains dignitaires algériens » avaient été prises. Il a précisé mercredi que ces mesures avaient été décidées « il y a quelques semaines », soit avant l’attaque de Mulhouse.

«Coopération exigeante»

Le ministre de l’Intérieur suggère d’aller plus loin en remettant « en cause de façon plus générale des accords » avec l’Algérie de 1968. Un avis partagé par les anciens Premiers ministres Gabriel Attal et Edouard Philippe.

Ces accords créent un statut unique pour les ressortissants algériens en matière de circulation, de séjour et d’emploi, avec une entrée en France et un accès accéléré à la délivrance d’un titre de séjour de 10 ans, par exemple.

Xavier Bertrand, candidat de droite déclaré à la présidentielle française de 2027, a suggéré d’imposer « des pénalités sur Air Algérie », voire de « restreindre les vols entre Alger et Paris ».

« Il faut qu’on fasse attention », a tempéré le ministre des Relations avec le Parlement, Patrick Mignola, rejetant « les escalades verbales » car « l’efficacité doit compter plus que tout » afin de « réinstaurer un travail dans la durée avec l’Algérie ».

« Tous nos intérêts sont à l’inverse de cette confrontation », a estimé le député de la gauche radicale Eric Coquerel, pointant la « faute historique » du gouvernement qu’il a accusé « d’agir comme une puissance néo-coloniale ».

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