Un récent rapport d’Europol pointe du doigt la formation d’une nouvelle génération d’adeptes du djihad en Europe, et plus particulièrement au Luxembourg. Un phénomène surveillé de près.
Une attaque terroriste a été déjouée au Luxembourg en 2023. C’est ce qui ressort du rapport «Terrorism Situation and Trend Report» d’Europol publié le 6 janvier dernier. Une information confirmée ce mercredi 26 février par la ministre de la Justice, Elisabeth Margue (CSV).
Elle explique ainsi qu’un «individu d’extrême droite avait annoncé en 2023 son intention de commettre une attaque terroriste au Luxembourg, s’inspirant de l’acte dramatique et tragique du massacre de Columbine.» (Deux lycéens avaient tué 13 camarades avant de se suicider, ndlr)
L’individu aurait même communiqué la date et le lieu de son attaque prévue, à savoir une école du Grand-Duché. Europol précise aussi qu’il souhaitait acquérir un fusil d’assaut semi-automatique et un pistolet Glock. Cette attaque a toutefois été déjouée à temps par les autorités judiciaires luxembourgeoises, qui n’avaient alors pas communiqué sur le sujet.
«Pour des considérations tactiques inhérentes à l’enquête en cours, la communication publique de ce projet d’attentat déjoué n’a pas pu être immédiate. En effet, parallèlement à l’interpellation, il était nécessaire d’effectuer diverses vérifications à l’étranger. Les demandes d’entraide judiciaire internationale impliquent inévitablement des délais de traitement avant de pouvoir obtenir les réponses requises. Une communication prématurée, avant d’avoir recueilli l’ensemble des informations essentielles, n’aurait donc pas été opportune.», justifie Elisabeth Margue.
Trois personnes arrêtées
Un cas loin d’être isolé selon la ministre, qui précise que deux personnes soupçonnées d’être liées à une mouvance terroriste ont été placées en détention préventive par un juge d’instruction, tandis qu’un troisième a fait l’objet d’un contrôle judiciaire. Les trois intéressés ont été inculpés du chef de financement de terrorisme.
«Depuis 2023, seules ces trois personnes ont été arrêtées et placées sous détention préventive en matière de terrorisme. Il y a certes eu d’autres interpellations, mais qui n’ont pas conduit à une incarcération des personnes en question. Ces deux affaires ne sont pas associées à des mouvements d’extrême droite», ajoute-t-elle.
Mais dans son rapport, Europol attire également l’attention, en se référant au Grand-Duché, sur une nouvelle génération d’adeptes du djihad. Un constat que ne dément pas la ministre CSV, qui explique toutefois que le phénomène demeure étroitement surveillé.
«Le Service de renseignement de l’État constitue un élément de la politique de sécurité du Luxembourg qui se situe tout en amont, afin de détecter les menaces, dont le terrorisme et l’extrémisme à propension violente, visant la sécurité nationale à un stade précoce, avant qu’elles ne se matérialisent. Ce travail de veille permet aux autres acteurs qui œuvrent à la sécurité du Luxembourg d’intervenir chacun dans leur domaine, avec les informations adéquates, au bon moment.»
Un service d’écoute
En parallèle des mesures de sécurité nationale, le gouvernement a instauré en 2017 un service d’écoute et d’accompagnement des personnes qui sont confrontées, de quelque manière que ce soit, à l’extrémisme et à la radicalisation violente. Une association, SOS Radicalisation, a été fondée en mai 2017.
Le Centre contre la radicalisation – respect.lu y associé fonctionne depuis le 3 juillet 2017. Ce service de soutien contre la radicalisation violente constitue un service d’écoute et d’accompagnement poursuivant les objectifs suivants :
- porter conseil et assistance aux personnes courant le risque ou ayant entamé un processus de radicalisation violente ;
- porter conseil et assistance aux familles, aux amis et à l’entourage des personnes courant le risque ou ayant entamé un processus de radicalisation violente ;
- échange, coopération et coordination avec tous les intervenants d’autres services œuvrant auprès des populations cibles.
Selon Europol, en 2023, un total de 120 attaques terroristes ont été enregistrées dans l’Union européenne.
Quelles mesures contre les contenus terroristes en ligne?
Le Code pénal luxembourgeois sanctionne déjà plusieurs infractions liées à la diffusion de contenus violents ou extrémistes en ligne, tel que par exemple l’incitation à la haine ou à la violence ou l’acte de provocation au terrorisme.
Afin de lutter contre la diffusion de contenus terroristes en ligne, le Luxembourg a aussi mis en œuvre le règlement européen (UE) 2021/784 du 29 avril 2021 relatif à la lutte contre la diffusion des contenus à caractère terroriste en ligne. Cette mise en œuvre permet le retrait rapide des contenus terroristes en ligne.
Ainsi, tout fournisseur de services d’hébergement peut être soumis à une injonction de retrait s’il a été identifié que son contenu en ligne présente un caractère terroriste. Les fournisseurs de services d’hébergement doivent veiller à ce que les contenus à caractère terroriste identifiés soient retirés ou que l’accès à ces contenus soit bloqué dans tous les États membres dans un délai d’une heure à compter de la réception de l’injonction de retrait.
Afin que la mise en œuvre soit effective, des sanctions de nature administrative ou pénale peuvent être prononcées à l’égard des fournisseurs d’hébergement en cas de violation de leurs obligations prévues par le règlement européen.