Cible d’invectives de la part de Donald Trump ou d’Elon Musk, le président ukrainien Volodymyr Zelensky est sous pression vendredi afin de coopérer « très rapidement » avec les Etats-Unis pour mettre un terme à la guerre face à la Russie.
« Le président Trump est manifestement très frustré par le président Zelensky, par le fait qu’il ne soit pas venu à la table des négociations, qu’il n’ait pas voulu saisir l’occasion que nous lui avons offerte », a martelé le conseiller américain à la sécurité nationale, Mike Waltz.
« Je pense qu’il en viendra là au bout du compte, et j’espère très rapidement », a-t-il insisté.
La Chine a elle aussi estimé « qu’une fenêtre sur la paix s’ouvre », selon des propos rapportés vendredi de son ministre des Affaires étrangères, Wang Yi, à la réunion des chefs de la diplomatie du G20 à Johannesburg.
Pékin, qui n’a jamais condamné la Russie pour son invasion de l’Ukraine en 2022, souhaite une « solution viable et durable qui réponde aux inquiétudes » de chaque partie, a assuré le ministère chinois.
Le rapprochement entamé entre Moscou et Washington fait craindre une rupture entre les États-Unis et l’Ukraine qui dépend de manière cruciale de l’aide américaine pour résister à l’invasion russe.
MM. Trump et Zelensky ont échangé des attaques personnelles inédites après les discussions russo-américaines de mardi en Arabie saoudite, les premières au niveau des chefs des diplomaties en trois ans.
Échanges « productifs »
M. elensky est « méprisé par le peuple ukrainien », a estimé sur X le milliardaire Elon Musk, incontournable dans l’entourage du numéro un américain qui a qualifié mercredi son homologue de « dictateur ».
Volodymyr Zelensky a de son côté reproché à M. Trump de vivre dans « un espace de désinformation » russe et rejeté une proposition d’accord visant à ce qu’en échange de l’aide américaine déjà livrée, Washington obtienne un accès à 50 % des minerais stratégiques ukrainiens.
M. altz a jugé « inacceptables » les « insultes » du président ukrainien envers son homologue américain.
Malgré ces apostrophes, M. Zelensky a reçu jeudi à Kiev l’émissaire américain Keith Kellogg, avec qui il a dit avoir eu des échanges « productifs » relatifs à « la situation sur le champ de bataille, comment rapatrier nos prisonniers de guerre et les garanties de sécurité efficaces ».
« Des relations solides entre l’Ukraine et les Etats-Unis profitent au monde entier », a commenté le chef de l’Etat ukrainien après cet entretien.
Toutefois, contrairement aux habitudes lors de telles visites, la rencontre n’a donné lieu à aucun communiqué ou conférence de presse en commun.
À quelques jours du troisième anniversaire du début de l’invasion russe, le 24 février 2022, M. Zelensky a rappelé que l’Ukraine voulait la fin de cette guerre « depuis ses premières secondes », alors que Donald Trump l’a accusé d’avoir déclenché ce conflit.
Satisfaction du Kremlin
Le Kremlin, ne cachant pas sa satisfaction face au revirement américain, a de son côté annoncé jeudi avoir décidé avec Washington d’une reprise du dialogue « sur tous les paramètres », se disant « complètement d’accord » avec la position américaine sur l’Ukraine.
Il a toutefois relevé que, pour l’heure, « peu de choses concrètes » étaient en place, du fait notamment de « désaccords entre Washington et Kiev ».
Face à la virulence des reproches de la Maison Blanche, M. Zelensky a reçu le soutien de l’Union européenne et de plusieurs dirigeants européens.
Le président français Emmanuel Macron doit se rendre à Washington lundi. À cette occasion, il dira à Donald Trump qu’il ne peut « pas être faible » face au chef de l’État russe, a-t-il assuré jeudi sur ses réseaux sociaux.
Le président français a précisé avoir parlé avec M. Zelensky pour « préparer » son déplacement et lui faire part de ses contacts avec les partenaires européens « désireux de travailler à une paix durable et solide pour l’Ukraine ».
Le Premier ministre britannique Keir Starmer est pour sa part attendu à Washington jeudi.
Dans la perspective d’un éventuel cessez-le-feu, Paris et Londres préparent la constitution d’une force européenne destinée à assurer la sécurité de l’Ukraine et qui serait composée de « moins de 30 000 militaires », selon les médias britanniques.
Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a de son côté annoncé qu’il se rendrait à Kiev lundi pour « réaffirmer le soutien de l’Espagne à la démocratie ukrainienne ».
Sur le terrain, des frappes russes ont fait jeudi au moins quatre morts à Kostiantynivka, un important bastion de l’armée ukrainienne, a déploré le gouverneur de la région orientale de Donetsk.