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Luxembourg : les féministes marcheront pour une société plus juste


Des membres de la plateforme féministe JIF ont présenté leurs revendications avant la marche du 8 mars. (Photo : julien garroy)

La plateforme JIF organisera une nouvelle marche féministe le 8 mars à Luxembourg. Elle espère une «mobilisation massive», à un moment où les droits des minorités sont remis en question par le contexte géopolitique.

Droit de vote, dépénalisation de l’avortement, ouverture du mariage aux couples de même sexe… Bien que Simone de Beauvoir ait averti qu’«il suffira d’une crise politique, économique et religieuse, pour que les droits des femmes, nos droits, soient remis en question», ces derniers mois ont rappelé brutalement à quel point la mise en garde de l’écrivaine en 1974 était juste. L’investiture de Donald Trump et les saluts nazis de son ami Elon Musk ou encore l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite dans l’Union européenne, sans parler de la situation à Gaza, Goma, etc. paraissent irréelles. Nous vivons dans une réalité proche d’une «dystopie», lance Line Wies (déi Lénk), qui s’exprimait, hier matin, lors de la présentation de la marche féministe prévue le 8 mars à Luxembourg.

La plateforme JIF (Journée internationale des femmes), constituée d’une vingtaine d’associations et partis politiques, est une nouvelle fois l’organisatrice de cette marche. «Notre féminisme est une lecture des inégalités et un combat pour une société plus juste, où chacun et chacune peuvent vivre libres et en sécurité», rappelle-t-elle. Comme chaque année depuis 2011, un petit comité constitué de membres de la plateforme a sélectionné les revendications à mettre en avant.

Quatre doléances ont été retenues. Pour chacune d’entre elles, la plateforme dresse un constat puis propose des pistes d’amélioration. Quatre priorités, que la récente tenue des Assises des violences fondées sur le genre ni les projets de loi condamnant les certificats de virginité ou abolissant le délai de réflexion avant une IVG n’ont entamées – «Ce ne sont à l’heure actuelle que des projets de loi», souligne Line Wies.

«Agir à la racine»

Pour la première fois, la protection de l’enfance fera partie des thèmes mis en avant le 8 mars. «La prise en charge des mineurs est cruciale dans la lutte pour les droits des femmes», explique Eolia Verstichel (Innocence en danger), elle aussi présente à la conférence de presse. «Investir dans une prise en charge adaptée des enfants victimes ou témoins de violences, c’est agir à la racine pour prévenir la répétition de schémas violents dont les femmes sont victimes mais c’est aussi prévenir les féminicides», avance-t-elle.

«Nous défendons une protection renforcée pour les enfants victimes de violences domestiques, le renforcement des programmes d’éducation affective et sexuelle portant notamment sur le consentement, la normalisation et la bienveillance autour des thématiques LGBTIQ+, ainsi que des mesures pour briser le cycle des violences intrafamiliales», détaille la plateforme.

Cette marche «combative et solidaire» sera donc une nouvelle fois l’occasion d’interpeller les élus et l’opposition, d’autant, lâche Line Wies, que la politique luxembourgeoise semble aussi «avoir pris un virage à droite» sur le traitement réservé aux immigrés, par exemple. D’ailleurs, la solidarité internationale fera partie des préoccupations du 8 mars : «Nous dénonçons les conflits armés et politiques migratoires répressives qui touchent en premier lieu les femmes et les enfants migrants. Nous exigeons (…) la reconnaissance des violences de genre comme motif d’asile et un soutien aux femmes du monde entier qui s’engagent pour les droits humains et environnementaux.»

Autre revendication : la lutte contre les violences de genre. Il faut savoir, rappelle l’association, que les femmes en situation administrative irrégulière et victimes de violences ne peuvent aller porter plainte ni être accueillies dans des centres d’hébergement d’urgence, sous peine de risquer l’expulsion du Luxembourg. Des femmes on ne peut plus vulnérables.

2 500 personnes en 2024

Enfin, Milena Steinmetzer a aussi évoqué, jeudi, la justice sociale. La secrétaire centrale du département des femmes de l’OGBL a rappelé la problématique des écarts de salaire persistant entre salariés hommes et femmes. Et alors que le gouvernement poursuit ses consultations sur le sujet, elle a surtout insisté sur les retraites. Les femmes perçoivent en moyenne une pension inférieure de 38 % à celle des hommes, la faute aux interruptions de carrière et au travail à mi-temps, souvent assumés par les mères pour s’occuper de leur famille.

La libéralisation des horaires d’ouverture dans les commerces et au travail le dimanche, autre question d’actualité, ne laisse pas la JIF de marbre, persuadée que cela «impactera l’ensemble des familles réduisant le temps partagé», sans parler du casse-tête que rencontreront les familles monoparentales pour faire garder leurs enfants. L’opposition est ferme et sans appel.

En 2024, lors de la dernière marche féministe, 2 500 personnes ont défilé dans les rues de la capitale. La plateforme espère réunir encore plus de manifestants le samedi 8 mars. Rendez-vous est donné place de Paris à 15 h.

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