L’opération lancée hier matin visait une planque où les policiers pensent avoir localisé Abdelhamid Abaaoud, le cerveau des attentats de Paris. La kamikaze qui s’est fait exploser avait des attaches à Creutzwald.
L’assaut donné hier au petit matin dans un appartement du centre-ville de Saint-Denis, en banlieue parisienne, a probablement permis d’éviter un nouvel attentat. La police a mis hors d’état de nuire une équipe de terroristes qui préparaient peut-être de nouvelles actions sanglantes, cinq jours après les terribles attaques qui ont fait au moins 129 morts à Paris et aux abords du Stade de France.
« Au regard de leur armement, de leur organisation structurée et de leur détermination, tout laisse à penser que ce commando pouvait passer à l’acte », a indiqué hier soir le procureur de la République de Paris, François Molins. Une source policière citée par France 2 évoque de possibles projets d’attentats imminents à l’aéroport de Roissy et au centre commercial des Quatre Temps à La Défense, près de Paris.
Les terroristes recherchés ont-ils été tués ?
L’opération de police lancée hier visait une cache où pouvaient se trouver Abdelhamid Abaaoud, le djihadiste belge soupçonné d’être le cerveau des attentats de vendredi, que l’on croyait en Syrie, et Salah Abdeslam, un des membres du commando qui a mitraillé les terrasses de plusieurs bars.
On ignorait encore hier soir si les deux islamistes radicaux ont été tués dans l’assaut. Deux ou trois terroristes sont morts dans l’échange de tirs très nourris avec les 110 policiers du Raid et de la BRI (Brigade de recherche et d’intervention) qui ont tiré plus de 5 000 munitions en une heure.
Une femme kamikaze se fait sauter
Une femme kamikaze a fait sauter sa ceinture d’explosifs. Son corps criblé de balles a été retrouvé dans les décombres. Il s’agit vraisemblablement d’une cousine d’Abdelhamid Abaaoud, une jeune femme âgée de 26 ans. Elle était connue à Creutzwald, où vit son père. C’est la surveillance de son téléphone qui aurait permis de localiser l’appartement de Saint-Denis où s’étaient retranchés les terroristes.
Les policiers ont interpellé trois hommes dans cette planque, dont l’un était blessé par balles. Deux autres suspects ont été arrêtés après avoir été retrouvés cachés dans des gravats. Un des planchers de l’immeuble s’est partiellement effondré au cours de l’assaut qui a duré plusieurs heures.
« Je n’étais pas au courant que c’étaient des terroristes »
Abdelhamid Abaaoud et Salah Abdeslam ne se trouvent pas parmi les personnes interpellées. La police a arrêté trois autres personnes dans le quartier où se trouve l’immeuble. Parmi eux, l’homme qui a fourni l’appartement squatté au commando. « Un ami m’a demandé d’héberger deux de ses potes pour quelques jours », a-t-il raconté, juste avant d’être interpellé.
« J’ai dit qu’il n’y avait pas de matelas, ils m’ont dit c’est pas grave, ils voulaient juste de l’eau et faire la prière. J’ai rappelé mon ami. Il m’a dit qu’ils venaient de Belgique », a ajouté cet homme, condamné en 2008 à huit ans de prison pour coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort. « On m’a demandé de rendre service, j’ai rendu service, je n’étais pas au courant que c’étaient des terroristes ». Toujours est-il que la porte du squat était blindée et que les policiers ont dû s’y reprendre à deux fois pour la faire exploser.
Luc Chaillot (Républicain Lorrain)