Les ministères du Logement et de la Jeunesse lancent un appel pour augmenter le nombre de logements abordables pour les jeunes de 18 à 28 ans. L’objectif est de les aider à construire une vie autonome.
Le ministre Claude Meisch ouvre un nouveau chantier pour compléter «l’ambitieux objectif» du gouvernement d’agrandir le parc locatif de logements abordables, géré par la main publique. L’initiative dévoilée hier doit profiter de manière ciblée aux jeunes, qui se trouvent en phase de transition entre leur formation et la vie professionnelle. «Ils se retrouvent dans une situation de vie très fragile. L’évolution de ces dernières années sur le marché du logement a encore accentué leur vulnérabilité», constate le ministre, à la fois en charge du Logement et de la Jeunesse.
«Qu’ils soient étudiants ou en formation, qu’ils soient en début de carrière professionnelle, encore en période d’essai ou dotés d’un premier contrat de travail à durée déterminée. Ou qu’il s’agisse d’une jeune mère monoparentale. Tous connaissent de grandes difficultés à se loger au Luxembourg», énumère Claude Meisch.
L’ancien ministre de l’Enseignement supérieur dresse un autre constat : «Lors de mes nombreux échanges avec les étudiants luxembourgeois à l’étranger, ils m’ont dit ne pas savoir s’ils veulent ou peuvent revenir au pays au vu de la situation sur le marché du logement. Si de tels messages nous sont adressés, nous avons un problème.» L’attractivité du Luxembourg pour attirer des jeunes bien formés serait en danger. «Nous ne pouvons pas accepter cette situation», insiste Claude Meisch.
Un premier parc à agrandir
La décision a donc été prise d’allier les forces des ministères du Logement et de l’Éducation nationale, également en charge de la Jeunesse, pour amener les promoteurs et bailleurs sociaux à investir davantage dans la construction, dans l’acquisition ou la transformation de logements spécifiquement dédiés aux jeunes. L’appel est destiné aux communes, offices sociaux, ASBL et fondations, au secteur associatif, tout comme au Fonds du logement et à la Société nationale d’habitations à bon marché (SNHBM).
«Idéalement, promoteur et bailleur forment un tandem. Le marché plus calme offre la possibilité aux acteurs publics et sociaux d’acheter des logements en cours de construction ou des bâtiments existants qui sont à rénover et remettre en état», avance la ministre. Les deux ministères offrent différentes options de cofinancement de ces projets.
Il existe déjà 244 logements réservés aux jeunes de 18 à 26 ans, crées majoritairement au fil des 10 dernières années. S’y ajoutent 518 places, dont 43 spécifiquement dédiées aux familles monoparentales, où les jeunes bénéficient d’un accompagnement socio-éducatif pour faciliter leur insertion sociale et professionnelle. Ce parc doit être agrandi dans les années à venir, en s’inspirant notamment de l’exemple de la ville de Zurich. Le réseau «JUWO» a vu le jour il y a 40 ans à la suite d’une crise du logement des jeunes. Aujourd’hui, il compte 1 500 unités d’habitation pouvant accueillir 4 000 jeunes.
«Nous devons aider les jeunes à s’enraciner. Les logements à créer sont à considérer comme un fondement sur lequel ils peuvent construire une vie autonomie», reprend Claude Meisch.
Il serait d’ailleurs important que les jeunes puissent rester logés dans leur commune ou ville d’origine. «Ils y sont ancrés, disposent d’un entourage social, sont engagés dans un club ou une association. S’ils doivent se loger ailleurs, il n’est pas sûr qu’ils continuent à s’engager. On risque ainsi d’être confrontés à des quartiers et localités mortes», met en garde le ministre libéral.
La location est limitée dans le temps
Par contre, le parc de logements spécifiquement dédiés aux jeunes ne constituent qu’une solution temporaire. Il faut également remplir des critères pour être éligible. Ceux qui travaillent déjà, ne doivent pas toucher un revenu mensuel supérieur à 3 727 euros bruts. La limite d’âge est aujourd’hui fixée à 26 ans, mais doit être repoussée à 28 ans, une fois la nouvelle loi sur le logement abordable adoptée.
«Celui qui emménage à 25 ans ne doit cependant pas craindre de devoir quitter le logement à 26 ans. Dans ce cas, il pourra rester jusqu’à 32 ans», précise Claude Meisch.
L’appel à projets pour offrir aux jeunes un logement abordable, plus d’autonomie et de réelles perspectives a été présenté, hier soir, à quelque 200 acteurs qui sont susceptibles de se lancer dans la création de ces types de logements.
Un premier bilan des projets soumis aux deux ministères sera tiré en juin. «Cette première échéance n’empêche pas que d’autres projets puissent être introduits dans les mois qui suivent», précise encore le ministre.