EUROPA LEAGUE (BARRAGES) En trois campagnes européennes et au fil de choix de transferts brillants, l’Union a quasiment gagné 100 millions depuis 2022. Et si elle élimine l’Ajax?

Ce soir, c’est au tour d’Anthony Moris. Au stade Roi Baudouin où il commence à avoir ses habitudes (il y a joué la finale de la Coupe 2024 et y a affronté la Belgique en amical, au printemps dernier), le portier de l’Union saint-gilloise va tenter de prolonger l’aventure européenne de son club, désormais habitué aux matches couperets et qui a construit à l’international une grande partie de son bien-être financier.

L’équation, à la base, était simple : prendre des joueurs qui ne coûtent pas cher, voire rien du tout, et les faire monter en gamme. «Victime» de son succès, le club bruxellois a fini par décrocher l’Europe dès sa remontée dans l’élite belge et s’est littéralement mué en machine à cash, avec Anthony Moris en gardien du temple.

Si bien que ces trois dernières saisons, l’Union a quasiment atteint les 100 millions de recettes. Dont finalement une toute petite part issue de ses belles campagnes européennes. Après être tombée en quarts de finale de l’Europa League contre Leverkusen, en 2023, elle s’était ainsi vu créditée de 12 millions de gains par l’UEFA. Après son élimination en 8^es de finale de Conference League en 2024, ce sont 8,5 millions qui lui sont revenus. Or à l’heure actuelle, sur la seule phase de poule (unique), à raison de 450 000 euros la victoire et 150 000 euros le match nul, Moris et ses coéquipiers ont totalisé 1,65 million, auquel il faut ajouter 300 000 euros de prime pour le barragiste. Et sachant que la présence en huitièmes (contre l’Eintracht Francfort ou Lyon) vaut 1,75 million, celle en quarts 2,5 millions, celle en demies 4,2 millions… Ainsi, en trois campagnes, l’Union aurait accumulé près de 25 millions de primes si elle passe l’écueil de l’Ajax.

+70 millions sur les transferts

Brillant, et pourtant, ce n’est pas grand-chose au regard de ce que son modèle économique lui rapporte en transferts. Sur les trois dernières saisons, c’est à cet égard plus de 70 millions que le club a fait rentrer en caisse sur la seule foi de ses bonnes intuitions et de la valorisation qu’ont pris certains éléments au contact des compétitions internationales.

En général, l’Union dépense peu. Voire pas. Et même quand elle le fait, c’est pour réaliser de jolies culbutes. Le Nigérian Victor Boniface? Acheté 6,1 millions à Bodo/Glimt en août 2022, il est reparti un an plus tard à destination de Leverkusen pour 21,7 millions. L’Algérien Mohamed Amoura, détecté à Lugano en août 2023, a lui été prêté à Wolfsbourg qui devrait lever une option à 15 millions l’été prochain après avoir déjà consenti à verser 3 millions pour cette année de prêt. L’Espagnol Cameron Puertas, arraché à Lausanne pour 2 petits millions en janvier 2022, a lui filé dans le Golfe, à Al Qadsiah, pour 15 millions.

Des exemples comme ça fourmillent au stade Joseph-Marien. L’Union a fait +7 millions sur Deniz Undav (arrivé… libre de Meppen et revendu à Brighton), +5 millions sur Gustaf Nilsson (acheté à Wiesbaden, revendu au Club Bruges), +4,7 millions sur Dante Vanzeir (acheté à Genk, revendu au New York Red Bulls), +4,25 millions sur Teddy Teuma (acheté au Red Star et revendu à Reims)… Pour El Azzouzi, Lynen et Van der Heyden, tous trois venus de petits clubs des Pays-Bas (Emmen, Telstar, FC Eindhoven) et repartis vers de jolies pointures étrangères (Bologne, Werder Brême et Majorque), l’Union a lâché 200 000 euros en tout pour un rendement de 7,5 millions.

Une entreprise d’une prospérité rare, mais qui va accueillir un autre maître en la matière et qui ne joue pas dans la même cour. L’Ajax, grand club formateur, grand club incubateur, a réalisé un profit de 56,5 millions l’été dernier, c’est-à-dire dix fois plus que l’Union. Mais si le club belge remporte son duel, certaines cotes, dans ses rangs, vont grimper en flèche et Anthony Moris sera aux premières loges pour entendre le son du tiroir-caisse…