CHAMPIONNATS DU MONDE À SAALBACH Pas moins de cinq skieurs luxembourgeois sont engagés en Autriche.
Ce n’est une surprise pour personne, le Luxembourg n’est pas, à proprement parler, un pays de ski. Il n’empêche que depuis des années, le Grand-Duché parvient à envoyer quelques représentants. Mais cette année, on peut presque parler d’une grosse délégation à l’occasion des championnats du monde de Saalbach.
Même si les festivités ont déjà débuté depuis plus d’une semaine, ce n’est qu’à partir d’aujourd’hui que les Luxembourgeois vont entrer en lice. Et ils seront donc cinq en action aujourd’hui : deux filles et trois garçons. On n’avait plus vu autant de skieurs grand-ducaux depuis… 1991! Chez les filles, on retrouve ainsi les sœurs ten Raa, avec Gwyneth, la nouvelle pépite du ski luxembourgeois, et sa grande sœur Joyce, qui a récemment participé à l’Universiade à Turin.
OSCH, DÉJÀ CONTENT D’ÊTRE LÀ
À tout seigneur, tout honneur avec Matthieu Osch. Le «vétéran» de la sélection, du haut de ses… 25 ans, ne voulait rater ce rendez-vous pour rien au monde. Et si, en toute logique, sa présence était évidente, puisque la norme demandée n’est qu’une simple formalité pour celui qui a déjà vécu deux Olympiades et trois championnats du monde, il a dû composer avec un gros problème. Qui aurait pu remettre en cause sa participation : «J’ai été opéré à la hanche au mois de juin dernier. C’était soit ça, soit j’arrêtais le ski. J’ai ensuite effectué ma réha entre l’Autriche (NDLR : où il réside) et le Luxembourg avec le LIHPS. Je n’ai recommencé à skier que vers la fin novembre et je n’ai repris la compétition qu’à la mi-décembre.»
Une reprise qui s’est plutôt bien passée avec notamment deux courses où il a scoré 45 points FIS, alors que pour valider son billet pour les JO de l’an prochain à Milan-Cortina, il est demandé aux skieurs luxembourgeois d’effectuer deux courses en scorant moins de 45 pts. Il est donc tout près. Et a, de toute façon, encore beaucoup de temps pour aller chercher ces quelques centièmes manquants : «La qualification se termine en janvier prochain. Et cette saison va encore durer jusqu’à la mi-avril. J’ai encore le temps.»
En attendant, il sera dès aujourd’hui au départ de la course de qualification du géant, lequel se déroulera le lendemain. Objectif, pour lui comme pour ses compatriotes : attraper l’une des 25 premières places pour se qualifier directement. Si, d’aventure, aucun des Luxembourgeois n’atteignait cet objectif, un serait forcément repêché. Et vu ses points, c’est bien sûr Matthieu Osch, sportif d’élite de l’armée et étudiant en psychologie des affaires, qui serait sélectionné.
Le skieur grand-ducal se présente à Saalbach sans autre ambition que celle de faire de son mieux : «Pour moi, c’est déjà une victoire d’être là. Je veux savourer et me faire plaisir. Je ne me donne pas de but au niveau du classement.» Il y a deux ans, à Courchevel, il s’était classé 43e du géant.
KEGHIAN VEUT FRANCHIR LE CUT
À 21 ans, Joachim Keghian va vivre, quant à lui, ses deuxièmes championnats du monde après Courchevel, où il s’était qualifié et avait terminé 67e du géant : «Je me souviens d’une piste compliquée pour les qualifications, mais je ne m’en étais pas trop mal sorti en géant. Mais c’était plus compliqué en slalom. Après le passage des trente premiers, c’était la guerre. J’ai fait grosse faute sur grosse faute. Mais j’ai quand même réussi à enchaîner quelques bons virages. Il y a donc du bon dans le mauvais», souligne-t-il.
Exilé depuis plusieurs années au Canada, où il est passe un bachelor scientifique en géographie à l’université de Calgary, dans l’Alberta, ce passionné de nature, qui s’intéresse notamment énormément aux glaciers, s’est entraîné de septembre à décembre avec les Dinos de Calgary : «Là-bas, la saison commence plus tôt, car il fait un peu plus froid. Moins trente!» Mais il est rentré en Europe pour toute la saison hivernale. Où il s’entraîne au sein du Pays Voironnais Ski Club : «Ils m’aident énormément.» C’est d’ailleurs l’un des entraîneurs du club, Patrick Empatz-Colomb, qui accompagne, comme c’était déjà le cas aux JO, la délégation grand-ducale.
Comme ses compatriotes, Joachim Keghian vise également une qualification olympique. Même si ce ne sera pas facile : «Je vais devoir encore beaucoup baisser mes points, mais j’y crois. Pour moi, c’est surtout en géant qu’il y a une possibilité.»
Et ça passe, pourquoi pas, par une belle perf dès ces qualifications, aujourd’hui : «Cette saison, ça se passe très bien à l’entraînement. Je n’ai jamais aussi bien skié. Maintenant, il faut reproduire en course ce qu’on fait à l’entraînement. J’ai réussi à faire quelques points à La Clusaz. En slalom, j’ai encore un peu de mal, mais ça va venir.» C’est sans pression qu’il aborde sa première course : «Je sais skier. Je sors les deux bonnes manches à la bonne course et on verra où ça mène.»
LINDFORS, AMBITIEUX POUR SA PREMIÈRE
Ils étaient deux à Courchevel. Cette année, ils sont donc trois skieurs luxembourgeois masculins. Le petit dernier n’est pas le plus jeune, puisque Nikolaj Lindfors est âgé de 22 ans. Comme son nom l’indique, il est d’origine suédoise : «Je suis né en Suède et mes parents ont déménagé au Luxembourg quand j’avais trois ans. J’ai commencé à skier à quatre ans pendant les vacances scolaires. J’ai commencé la compétition à dix ans et j’étais en équipe nationale à quatorze.»
Contrairement à ses deux compatriotes, qui privilégient les disciplines techniques, lui préfère celles de vitesse : «J’ai fait ma première descente en 2022. J’ai adoré la vitesse et l’adrénaline. Alors j’ai continué.» S’il s’aligne aujourd’hui sur la course de qualification en géant, il ambitionnait de participer aussi à la descente. Malheureusement, il s’en est fallu de très peu, il échoue en effet à deux petits points.
Mais c’est bien dans cette discipline, la plus dangereuse de toutes du ski alpin, qu’il se verrait bien s’inviter en Italie dans un an : «Cette saison, mon objectif c’est de descendre sous les 60 points en super-G et en descente. Et sous les 70 environ en géant. Mais pour la saison prochaine, je vise la qualification olympique en descente et en super-G. Je pense que c’est vraiment possible.»
À Saalbach, à la différence de Matthieu Osch et Joachim Keghian, lui ne s’alignera pas sur le slalom. On le retrouvera uniquement en géant. À l’entraînement, il a d’ailleurs croisé des grands noms : «Je me suis entraîné avec les Italiens mardi. Il y avait Dominik Paris et Christof Innerhofer. J’ai un peu parlé avec eux. C’était plutôt cool.» Et Nikolaj Lindfors, qu’on retrouve régulièrement en Coupe d’Europe, croit qu’il peut aller chercher une qualification pour la course principale : «Si je skie bien et je donne 100 %, c’est possible.».
Alors un, deux, voire les trois qualifiés ? Réponse aujourd’hui !
Le programme
Jeudi : qualifications géant (M) et géant (D)
Vendredi : géant (M)
Samedi : qualifications slalom (M) et slalom (D)
Dimanche : slalom (M)