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Acier : l’Europe va répondre à Trump


L’acier et l’aluminium sont pourtant cruciaux pour certaines entreprises américaines.  (Phhoto : archives editpress)

Donald Trump a augmenté les droits de douanes sur l’acier. Le continent européen va répliquer et il ne sera pas le seul.

L’Union européenne a promis mardi une réponse ferme à l’imposition dans un mois de droits de douanes massifs et généralisés sur l’acier et l’aluminium entrant aux États-Unis, y compris de pays qui en étaient auparavant exemptés, nouvel acte dans la guerre commerciale lancée par Donald Trump. Le président américain a signé lundi soir deux décrets. «Aujourd’hui je simplifie nos droits de douane sur l’acier et l’aluminium afin que tout le monde comprenne ce que cela signifie. C’est 25%, sans exception ou exemption. Et c’est tous les pays», a-t-il dit à la presse, depuis la Maison Blanche. Évoquant des risques pour la «sécurité nationale», le républicain a annoncé par la suite, dans des décrets, l’application des nouvelles règles «à partir du 12 mars».

Concrètement, les textes imposent à partir du 12 mars des droits de douanes relevés à 25% sur l’acier et l’aluminium d’où qu’ils viennent, y compris de partenaires économiques qui bénéficiaient auparavant d’exemptions, comme le Canada, le Mexique, l’Union européenne. «Toutes les importations d’articles en acier et d’articles dérivés de l’acier provenant d’Argentine, d’Australie, du Brésil, du Canada, des pays de l’Union européenne, du Japon, du Mexique, de la Corée du Sud et du Royaume-Uni» sont concernées, indique l’un de ces textes, tandis que l’autre vise «toutes les importations d’articles en aluminium et dérivés de l’aluminium provenant d’Argentine, d’Australie, du Canada, du Mexique, des pays de l’Union européenne et du Royaume-Uni».

«Les droits de douane injustifiés imposés à l’UE ne resteront pas sans réponse: ils donneront lieu à des contre-mesures fermes et proportionnées», a assuré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, tandis que le chancelier allemand Olaf Scholz, à la tête de la première économie de la zone euro, a dit que «si les États-Unis ne nous laissent pas d’autre choix, l’Union européenne réagira ensemble».

La Chine ciblée par ricochet

Dans son argumentaire, Donald Trump accuse notamment certains de ces pays de servir de plaque tournante pour réexpédier vers les États-Unis de l’acier ou de l’aluminium en provenance de Chine. Pékin et Washington se livrent une concurrence féroce pour la prééminence mondiale dans tous les domaines: économique, militaire, technologique, commercial. «Certains pays ont accueilli des investissements de pays comme la Chine, cherchant à exploiter les accords pour obtenir un accès préférentiel au marché américain», écrit le président américain dans son décret sur l’acier. «Les producteurs chinois profitent de l’exclusion générale du Mexique des droits de douane pour acheminer l’aluminium chinois vers les États-Unis via le Mexique», écrit-il dans celui sur l’aluminium.

Ces mesures affecteraient particulièrement le Canada, principal fournisseur d’acier et d’aluminium des États-Unis. Ces droits de douane «seraient totalement injustifiés», a réagi François-Philippe Champagne, le ministre canadien de l’Industrie dans la soirée, promettant une réponse «claire et mesurée», sans donner plus de détails. Le Brésil, le Mexique et la Corée du Sud sont aussi d’importants fournisseurs d’acier. La fédération de l’acier au Royaume-Uni, UK Steel, s’est inquiétée d’un «coup dévastateur» pour un secteur déjà en perte de vitesse.L’annonce pourrait aussi avoir un effet délétère sur certains secteurs d’activité aux Etats-Unis. «L’acier, l’aluminium sont des matières premières cruciales pour les industriels américains, y compris à l’export», a averti Maurice Obstfeld, expert au Peterson Institute for International Economics.

ArcelorMittal veut délocaliser en Inde

Le sidérurgiste ArcelorMittal a indiqué mardi envisager la délocalisation de certaines de ses activités support d’Europe vers l’Inde. L’initiative, présentée hier lors d’un Comité d’entreprise européen, «consiste à étudier la possibilité de poursuivre le regroupement de certaines activités support, en développant notre centre de services partagés pour réaliser certaines de ces activités en Inde», a indiqué le groupe dans une déclaration écrite. «L’industrie européenne de l’acier est confrontée à un certain nombre de défis majeurs qui menacent l’avenir de la production d’acier sur le continent», a déclaré le groupe, quelques heures après de nouvelles déclarations du président américain Donald Trump, intensifiant la guerre commerciale sur l’acier et l’aluminium.

Le groupe conduit actuellement «des études pour permettre d’identifier le périmètre d’activités exact qui pourrait potentiellement être transféré vers le centre de services partagés », a indiqué un porte-parole de l’entreprise. Sont compris dans cette étude les ressources humaines, les services financiers, les achats et l’approvisionnement, les ventes et le marketing, ainsi que la gestion des commandes, a précisé cette source, ajoutant la chaîne d’approvisionnement (y compris l’expédition et la distribution) et les systèmes d’information.

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