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Marché Augenschmaus : à la rencontre des créateurs


Pour les artistes, ce type de rendez-vous permet de rencontrer les acheteurs, au-delà du web et des réseaux sociaux. (photos Julien Garroy)

Près d’un millier de personnes se sont pressées ce week-end à Roodt-sur-Syre pour découvrir l’univers créatif de 39 artistes locaux au marché de l’ASBL Augenschmaus.

En quelques années, les trois artistes à l’origine de l’association Augenschmaus ont réussi à imposer leur marché des créateurs comme un incontournable au Luxembourg. Une fierté pour Krys Shepherd, Sascha Giambattista et Gilles Scaccia, qui n’imaginaient pas un tel succès et sélectionnent avec soin les exposants de chaque édition.

La dixième s’est déroulée ce week-end dans une ambiance festive. «On a tous étudié l’art à Berlin ou à Londres, où on trouve beaucoup d’illustration et de graphisme dans les marchés des créateurs. On a voulu amener ça au Grand-Duché», raconte Gilles, directeur artistique.

Depuis le lancement en 2017, la success story se poursuit. «On maintient un certain niveau de qualité et le public y est sensible. On choisit en fonction de nos goûts et de l’originalité des créations», poursuit-il. Cette fois, sur 90 candidats, seuls 39 ont obtenu leur ticket.

Loin de son premier métier, Lynn Kohl vit désormais de sa passion pour la création avec Rambazamba.

Parmi eux, la pétillante Lynn Kohl, créatrice des bijoux Rambazamba, et son univers pop et coloré. Difficile d’accéder à son stand, tant ses boucles d’oreille acidulées captent l’attention des visiteurs. Une reconnaissance pour cette autodidacte, architecte au départ : «Après cinq ans, j’ai commencé à m’ennuyer. J’ai alors travaillé quelque temps dans la vente, avant de découvrir la création de bijoux.» Lors d’un premier marché, les ventes décollent. Elle lâche alors son poste et se lance en indépendante.

«Je crée différentes formes qui sont ensuite découpées au laser sur des plaques acryliques par une machine industrielle achetée aux enchères. Les gens adorent parce que c’est voyant et ultra-léger», sourit celle qui a son propre atelier à Beringen, doublé d’une boutique en ligne. Si les fins de mois sont parfois limites, elle est heureuse de faire enfin ce qu’elle aime.

Avec son feutre liner, Charl Vinz capte toutes les vibrations de la société.

L’illustrateur Charl Vinz, installé à quelques mètres, a un parcours atypique lui aussi. Diplômé d’une école de commerce, il avait écarté l’idée de faire de son talent pour le dessin son métier. Jusqu’à ce qu’il se donne une chance : «C’était mon rêve d’enfant, mais ça me semblait inaccessible. Travailler en production au plus proche des artistes m’a fait réaliser que c’était possible.»

Sous le statut d’artiste depuis moins d’un an, celui qui a longtemps été barman – les habitués du Gudde Wëllen l’auront reconnu – est désormais illustrateur à temps plein. Il croque l’espace public et la vie en société au liner de manière quasi mécanique : «Certains pensent que c’est numérique, mais non», s’amuse-t-il. «

Ce sont des petits traits fins, pour former des ombres notamment.» Rues, bâtiments, manifestations, photos de presse ou historiques, cet insatiable observateur retrace dans son bloc de multiples scènes, en y ajoutant une teinte politique à la fois sociale et humaniste.

Il apprécie particulièrement les marchés, car ils permettent «de sortir d’Instagram» et d’échanger directement avec les visiteurs. Un aspect «essentiel» pour lui, comme pour Ben Muller, le créateur de Studio B. Sur son étal, les acheteurs trouvent divers objets uniques en bois, façonnés à la main, tous en rapport avec l’univers du vin. Et pour cause : l’artiste est aussi œnologue et vigneron !

Œnologie et tournage sur bois : Ben Muller réunit ses deux passions.

 «Il y a deux ans, je suis tombé sur une machine bricolée par mon grand-père dans la cave de mon père. J’ai commencé comme ça, et j’ai créé mes premiers bouchons», décrit-il. Ce qui lui plaît dans le tournage sur bois, c’est le travail manuel : «Ça me vide la tête et j’adore créer, transformer.»

Toutes ses créations sont issues de bois recyclé. Aujourd’hui, son talent de tourneur lui rapporte davantage que la production de vin. Une vraie fierté. Il participe à de nombreux marchés à travers le pays et a lancé son propre site web. «Les gens commencent à me connaître, c’est une belle histoire.»

Le bleu onirique de Lisa Junius

Artiste multifacettes, Lisa Junius place au cœur de ses créations la puissance du féminin.

Elle aussi, le public la reconnaît. Lisa Junius a fait de la couleur bleue sa marque de fabrique, explorant l’univers des contes et légendes dans ses œuvres empreintes de poésie et d’onirisme. «Le bleu, c’est le ciel, le monde de l’imaginaire, des rêves», souffle-t-elle. «On trouve dans mes créations des références au féminin, des éléments de la mythologie, des déesses.»

Contrairement à ses voisins du jour, la jeune femme a su très tôt qu’elle voulait devenir artiste. Elle a plongé tête la première dans des études d’arts plastiques et a maintenant son atelier à Differdange.

«J’aime la céramique, l’illustration, je fais aussi de la sculpture, de la peinture, des fresques et du design de produits», poursuit-elle. Indépendante depuis huit ans, la créatrice multiplie les projets phares. Parmi ceux qui l’ont le plus marquée, elle cite la décoration du kiosque au parc du Gaalgebierg à Esch-sur-Alzette, qu’elle a entièrement repeint en bleu et blanc. Une identité forte qui séduit.

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