Dudelange va connaître son quatrième coach en un an et demi et cela semble ne jamais le perturber.
On a beau entendre pas mal de coaches se revendiquer d’une certaine humilité, on n’était pas forcément préparé à ce qu’un jour, l’un d’eux nous sorte que «tout n’est pas qu’une question de coach mais surtout de groupe. Ailleurs, tu as besoin de flexibilité, mais au Luxembourg, tu as besoin de stabilité et en DN, les changements sont souvent plus un désavantage qu’un avantage. Être un bon leader de groupe, en BGL Ligue, pour un coach c’est justement de ne pas essayer de montrer tes qualités de connaisseur du football». C’est pourtant arrivé, à la veille de la reprise des matches retour et le courageux qui a osé pousser jusqu’au bout cette logique de l’humilité s’appelle Mika Pinto, nouveau coach du F91.
Qu’on serait tenté de suivre aveuglément sur cette pente glissante. Parce qu’en 2023, quand Carlos Fangueiro a lâché la rampe pour filer au Swift, son successeur, Jamath Shoffner, a tenté des modifications dans le système et qu’il a été rappelé à un certaine forme de constance par… ses cadres. Et que l’immobilisme a marché. Depuis, Claudio Lobardelli et Marco Martino se sont en fait appliqués à ne pas changer grand-chose sur le fond. Et Pinto va, lui aussi, dérouler la pelote : «Cette stat qui dit qu’ici, le coach suivant fait toujours mieux que le précédent (voir ci-contre), elle peut s’arrêter! Mais si elle est là, c’est parce que dans ce club, des joueurs confirmés restent en place, qu’ils connaissent le championnat, l’équipe, le système et qu’il n’y a pas besoin de tout leur expliquer». Bref, ce sont les joueurs qui ont les clefs.
Toutes? Non. Car l’enseignement majeur qu’a retiré Pinto de ses années de BGL Ligue, c’est que la deuxième partie se joue au physique, avec une toute nouvelle préparation mais aussi les jambes lourdes de la phase aller. Et pour ce préparateur physique de métier, c’est parlant : «Nous, au F91, on a le temps de mieux se préparer sur la phase retour, vu qu’on n’a plus l’Europe. Lors de la phase aller, tu t’appuies beaucoup sur 13 à 14 joueurs mais sur la phase retour, le turnover intervient et là, il te faut un banc compétitif. Le nôtre n’est pas le plus compétitif, à moi de le faire progresser». Dudelange a la recette : un coach qui sait où il doit aller… et ne pas aller.
Loin de déstabiliser le groupe, chaque nouvelle «ère» de six mois est jusqu’à présent plus prolifique que la précédente, depuis le départ de Carlos Fangueiro et alors même qu’aucun de ses successeurs n’a eu l’opportunité de s’installer sur la durée. Saisissant. Mieux, les «élèves», tous jeunes (Shoffner avait 45 ans, Lombardelli 37 et Martino 30) ont fait mieux que le maître sur ses derniers six mois à la tête du F91, qu’il avait conclu avec 8 victoires, 1 nul et 5 défaites, 39 buts inscrits et 22 encaissés).
Jamath Shoffner
9 victoires, 2 nuls, 4 défaites – 25 buts pour, 15 buts contre
Claudio Lombardelli
10 victoires, 2 nuls, 3 défaites – 30 buts pour, 21 buts contre
Marco Martino
10 victoires, 3 nuls, 2 défaites – 37 buts pour, 18 buts contre