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Longwy : dans «l’antre» du dessinateur Vincent Bailly


Colonisation française en Afrique, radio Lorraine cœur d’acier, révolte des prostituées à Lyon en 1975 : Vincent Bailly s’engage aujourd’hui dans des BD plus « politiques ».

Voilà 35 ans que le Nancéien de naissance Vincent Bailly travaille dans la bande dessinée. Le dessinateur enchaîne les albums dans son atelier de la rue Descartes.

«C’est ma pièce. Mon antre. C’est là que je passe le plus clair de mon temps. J’ai même un lit d’appoint pour la sieste.» Quand il est engagé à fond dans l’un de ses projets de bande dessinée, le Longovicien Vincent Bailly essaie de rester au plus près de ses pinceaux et de son bureau incliné. Et ça arrive souvent, puisque celui qui est diplômé de l’École des arts décoratifs de Strasbourg en est aujourd’hui à une vingtaine d’albums, publiés, pour beaucoup, au sein de maisons d’éditions nationales comme Delcourt, Futuropolis ou Dupuis. À raison d’un à deux ans par ouvrage, le calcul est vite fait.

Sur les étagères de son atelier du premier étage de sa maison de la rue Descartes, à Longwy, on peut donc voir, non loin de ses carnets de recherches, les tomes de Partitions irlandaises ou d’Un sac de billes , ou les albums Lorraine cœur d’acier : Histoire d’une radio pirate, libre et populaire (1979-1981) et Congo 1905, le rapport Brazza, le premier secret d’État de la « Françafrique ». Mais on peut voir aussi quelques ouvrages dans lesquels le Nancéien de naissance butine. Il y a des mangas, des œuvres du Japonais Hayao Miyazaki ou encore une encyclopédie Pokemon. «J’ai aussi des références plus sérieuses comme celles de David Hockney, un très grand coloriste, ou de Lucian Freud, l’arrière-petit-fils de Sigmund. Il faisait des portraits monumentaux très réalistes.»

Du fantastique à l’historique

Si, pour son travail, qui comprend aussi de l’illustration (affiches, etc.) ainsi que des ateliers en direction de prisonniers ou d’enfants, il tourne ici et là quelques pages, Vincent Bailly avoue être influencé surtout «par des types comme Baru ou Loisel. Ce sont des gens qui m’ont construit, sur la narration et la BD en général.» En quelques coups de pinceaux, il pose la couleur dans les cases de son dernier album. Puis tourne la tête à gauche, près de la fenêtre. «Ça, c’est ma table lumineuse. Je l’ai fabriquée à partir d’un vieux tiroir quand j’ai commencé il y a 35 ans. Elle me permet par exemple de faire le lettrage, c’est-à-dire de mettre le texte dans les bulles. Aujourd’hui, on en trouve plein dans les magasins pour pas cher. Mais celle-là, je la garde. Les récentes sont trop rigides. Et il y a un côté sentimental.»

C’est en effet avec le cœur que le Longovicien s’engage auprès de scénaristes dans des aventures, depuis une douzaine d’années plus historiques et politiques. «J’ai commencé comme illustrateur jeunesse et j’ai pas mal travaillé en médiéval fantastique, au milieu des magiciens, des démons et des dragons. Je me sens bien dans ce que je fais.»

S.B.
(le Républicain lorrain)