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Nucléaire, mon amour

Les éoliennes ont de quoi se faire du souci, car le nucléaire a… le vent en poupe. En Belgique, le nouveau gouvernement de Bart De Wever a annoncé mardi vouloir prolonger quatre gigawatts de capacité nucléaire existante et construire de nouveaux réacteurs. L’annonce a été faite le lendemain de sa prise de fonction, preuve que l’énergie est l’un des thèmes essentiels qui agitent nos sociétés.

La loi belge de 2003 sur la sortie du nucléaire ne sera bientôt plus qu’un lointain souvenir. Tout le parc de réacteurs était censé être mis à l’arrêt cette année, sauf deux réacteurs, Doel 4 et Tihange 3 (situé à 60 km du Luxembourg), qui doivent jouer les prolongations jusqu’en 2035. Les plans sont donc chamboulés.

L’idée que le nucléaire permet une énergie abondante, bas carbone et surtout bon marché n’a pas fait hésiter longtemps le nouveau gouvernement belge. De l’autre côté de la frontière, côté luxembourgeois, la décision risque de faire grincer des dents. Il va falloir maintenant que l’exploitant des centrales nucléaires dévoile un plan pour prolonger la vie de ces installations vieillissantes. 

Et, cerise sur le gâteau, des petits réacteurs modulaires seront installés pour augmenter les capacités en production d’électricité du pays. Où seront-ils installés ? Cela reste encore un mystère. Loin de nous, espérons-le.

Le retour en force du nucléaire n’est pas une surprise. Évidemment, ces installations polluent moins qu’une centrale à charbon, mais pas besoin de faire un dessin pour expliquer ce qu’il se passe lors d’un accident sur ce type de site. L’histoire humaine a quelques exemples inquiétants illustrant les catastrophes qui peuvent arriver.

Gardez près de vous vos pastilles d’iode, car avant la Belgique, la France a, évidemment, rappelé qu’elle misait aussi sur sa technologie nucléaire pour produire une énergie à bas coût et sans carbone. En septembre dernier, au Luxembourg, le Conseil de gouvernement a adopté une «position critique» sur la prolongation de la durée de vie des centrales de 1 300 MW. Ses yeux étaient tournés vers les quatre réacteurs de Cattenom qui arriveront en ordre dispersé à quarante ans d’activité en 2027. Et l’idée de les faire fonctionner au-delà de 60 ans est déjà dans les tiroirs côté français…