Le Fensch Viking Fest met un genou à terre : il n’y aura pas de cinquième édition à Florange. L’association Heidrun, porteuse du festival, a mis fin à son partenariat avec la Ville. Ses bénévoles font état de déconvenues lors de l’ultime édition, pour expliquer leur choix de ne pas poursuivre l’aventure.
Ils s’avouent vaincus. Vaincus par l’usure, vaincus par la fatigue, vaincus par les déconvenues et, un peu aussi, rattrapés par la réalité économique. Les bénévoles de l’association Heidrun jettent l’éponge, eux qui avaient déjà failli arrêter après l’édition 2023.
En octobre 2024, ils ont adressé un courrier au maire pour signifier leur souhait de ne pas poursuivre l’aventure Fensch Viking Fest à Florange. Si la missive est restée sans réponse, la mairie a bien pris acte du désengagement de l’association. «Ainsi va la vie d’une commune : les événements arrivent et repartent…», lâche, un brin fataliste, Rémy Dick.
«Organisation chaotique»
Il n’y aura donc pas de cinquième édition du festival. C’est une surprise, si l’on considère le succès de la manifestation : 25 000 spectateurs en quatre ans, dont 8 000 l’an dernier et plus de 10 000 en 2023. Alors, pourquoi ça s’arrête ?
«Nous n’avons pas été pris au sérieux…», juge Matthieu Haussy, le porte-parole de l’association, qui paraphrase Lilian Gonin, son président, dans son courrier envoyé en octobre dernier. «L’organisation, en 2024, a été chaotique. Nous avons l’impression que les services de la Ville n’ont pas joué le jeu, par leur manque d’implication, de suivi».
Et de lister les déconvenues : des véhicules qui devaient être mis à disposition le jour J indisponibles, des installations pas en place, le permis donné à une guinguette sur le site de vendre de la bière, alors que c’était la principale source de revenus de l’association, qui en vendait également sur place… «À 10h30, j’étais cuit, raconte Matthieu. Ce dernier rapporte aussi le manque de moyens humains : «Nous étions 30 bénévoles, il en aurait fallu quatre fois plus.»
Budget serré
À ces limites techniques s’ajoutent des limites financières. Le festival réclame des moyens dont l’association ne dispose pas : «Il nous faut des professionnels, ce que le budget ne nous permet pas.» Et la mairie ne souhaite pas mettre davantage la main à la poche.
En 2024, elle avait versé 50 000 euros de subventions et avait pris en charge la logistique et la communication. «Nous n’irons pas au-delà. Nous devons revenir à une normalité sur le plan culturel. Cela passe par la suppression de certains événements», explique Rémy Dick. Le Fensch Viking Fest fait les frais du rabotage budgétaire opéré par la Ville sur la Culture, et de la réouverture de la Passerelle, subventionnée 500 000 euros par an.
Sur les critiques émises par l’association, le maire de Florange assume : «Nous sommes partenaires. Si on se cherche les poux sur telle ou telle chose… C’est la vie d’une collectivité. Les enjeux diffèrent pour l’association et la Ville. Je préfère retenir le succès de la manifestation.» Qui devra se trouver un nouveau point de chute.
Damien Golini
(le Républicain lorrain)