Accueil | A la Une | Sujets LGBTQIA+ à l’école : ces associations s’engagent

Sujets LGBTQIA+ à l’école : ces associations s’engagent


La Ville de Luxembourg a réaffirmé (Photo : Fabrizio Pizzolante)

Faut-il exclure ou développer les thématiques LGBTIQ+ à l’école? Alors que les deux positions s’affronteront ce mardi à la Chambre des députés, ces associations ont tranché.

Ouverte aux signatures le 20 juillet 2024 sur le site de la Chambre des députés, la pétition n° 3198 visant à «exclure les thématiques LGBT de l’éducation des mineurs» avait été soutenue par près de 7 000 personnes en cinq jours à peine, suscitant la consternation de partis politiques, associations et syndicats.

Son auteur, Helder Rui De Almeida Neves, estimait notamment que ces contenus n’ont pas leur place «dans les programmes scolaires» et que chaque famille a le droit d’aborder ces sujets «selon ses propres croyances et principes».

Des motivations floues, l’Éducation nationale ayant rapidement confirmé que ces sujets ne figurent actuellement dans aucun programme scolaire, voire carrément discutables, comme le fait de parler de «croyances» en matière d’orientation sexuelle.

Un exposé qui a heurté et qui a valu une vague de critiques à la présidente de la commission des Pétitions, Francine Closener (DP), pour l’avoir jugée recevable malgré le caractère discriminatoire affiché.

Deux pétitions au coude-à-coude

Si bien que quatre jours plus tard, en réaction, une autre pétition (n° 3281) était déposée, réclamant de «développer davantage encore les thématiques LGBTIQ+ et du vivre-ensemble dans l’éducation des mineurs».

Soumise par Marc Gerges, elle avait atteint le seuil des 4 500 signataires l’après-midi même. À la clôture en septembre, les deux textes s’étaient retrouvés au coude-à-coude, affichant 9 979 soutiens pour le premier et 10 262 pour le second, témoignant du degré de polarisation de la société sur le sujet.

Alors que les pétitionnaires seront invités à échanger avec des députés et certains membres du gouvernement aujourd’hui, certaines organisations prennent position, à l’image de la Commission consultative des droits de l’homme (CCDH), qui avait insisté la semaine dernière sur le «rôle crucial» de l’école comme vecteur d’inclusion.

64 % saluent l’action du gouvernement

Le rapport de la FRA indique que 64 % des personnes LGBTIQ+ interrogées au Luxembourg estiment que le gouvernement combat efficacement les préjugés et l’intolérance envers leur communauté (contre 26 % seulement dans l’UE-27). À Berlin, le 17 décembre dernier, lors de la conférence de la Coalition pour l’égalité des droits (ERC) qui réunissait 45 États membres, le vice-Premier ministre Xavier Bettel a rappelé que «si l’orientation sexuelle n’est pas un choix, la façon dont nous la traitons en est un».

Dans un communiqué commun publié lundi, Amnesty International Luxembourg, le CID – Fraen a Gender, le Laboratoire d’études queer, sur le genre et les féminismes et Rosa Lëtzebuerg proposent des mesures concrètes pour favoriser une école plus inclusive et «veiller à ce que personne, y compris les jeunes LGBTIQ+, ne soit exclu ou marginalisé».

Victimes d’insultes et de menaces

Pour ces associations, il y a urgence, vu la «réalité alarmante». En effet, la dernière enquête de l’Agence européenne des droits fondamentaux (FRA) montre que, en 2024, 68 % des personnes LGBTIQ+ interrogées au Luxembourg ont rapporté avoir déjà été victimes d’intimidation, d’insultes ou de menaces à l’école en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre.

Avec des conséquences graves comme l’isolement social, la dépression, la baisse des résultats scolaires, voire des pensées suicidaires.

Ainsi, elles estiment que l’école devrait collaborer avec des associations spécialisées pour informer les élèves, en fonction de leur âge, sur la diversité sexuelle et les identités de genre, et surtout déconstruire les nombreux stéréotypes.

Former les enseignants 

Une formation en ce sens devrait être obligatoire pour les enseignants, à la fois pour questionner leurs propres perceptions de la communauté LGBTIQ+, reconnaître des contenus porteurs de discriminations et aborder ces thématiques en cours.

Le Centre LGBTIQ+ Cigale agit auprès des jeunes, des familles et des professionnels, avec «Rainbow for Health». Photo d’illustration : dr

Enfin, les associations sont d’avis qu’une adaptation des infrastructures scolaires est nécessaire (toilettes et vestiaires inclusifs), tout comme le renforcement des services psychosociaux et le développement de politiques antiharcèlement «sensibles aux réalités des élèves LGBTIQ+».

«La promotion des thématiques LGBTIQ+ à l’école contribue à une société plus inclusive en stimulant l’esprit critique, en réduisant les inégalités sociales et économiques, et en offrant à chacun un environnement éducatif propice au développement personnel», concluent-elles.

R4H : un programme innovant

De son côté, le Centre LGBTIQ+ Cigale – qui intervient dans les lycées depuis plus de 20 ans – et ses communautés Rainbow for Health et Young Queers ont lancé un nouveau projet pour répondre à l’urgence de la santé mentale des jeunes LGBTIQ+, alors que 12 % des personnes LGBTIQ+ au Luxembourg ont déclaré avoir eu des pensées suicidaires au cours des 12 mois précédant l’enquête FRA.

Baptisé «Rainbow for Health», il découle directement des deux pétitions de l’an dernier, avec la volonté de renforcer l’information et la formation. Depuis septembre 2024, grâce au soutien de la Fondation André Losch, ce programme est déployé avec plusieurs objectifs :

  • renforcer le sentiment de sécurité des jeunes LGBTIQ+ dans les secteurs de l’éducation formelle et non formelle
  • sensibiliser leurs familles
  • former les professionnels travaillant auprès d’eux (éducation, loisirs, santé, action sociale)
  • créer un réseau de confiance
  • et mieux informer le grand public à travers des campagnes, des événements (tables rondes, conférences) et des collaborations avec des partenaires.

Au sein du Cigale, le groupe R4H se réunit une fois par mois pour discuter santé mentale. Si ce groupe de pairs n’a pas de visée thératpeutique, il offre un soutien précieux pour rompre l’isolement et pratiquer des activités bien-être sans contraintes de temps ou de présence. Chacun est libre de participer à la manière qui lui convient.

Un groupe Whatsapp existe en parallèle pour partager des ressources et organiser des événements. Le groupe R4H se retrouve tous les premiers samedis du mois de 13 h 30 à 16 h 30 (plus d’infos sur cigale.lu).

Newsletter du Quotidien

Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez tous les jours notre sélection de l'actualité.

En cliquant sur "Je m'inscris" vous acceptez de recevoir les newsletters du Quotidien ainsi que les conditions d'utilisation et la politique de protection des données personnelles conformément au RGPD .