Ancien coéquipier d’Ulisses, à l’aise dans deux langues, doté d’un profil à la Jorginho, André Mendy, nouvel attaquant du FCD03, peut-il très vite faire oublier le petit Portugais?
On appelle ça mettre les pieds dans les pantoufles de quelqu’un. La tournure est un peu sournoise, mais André Mendy n’a pas d’autre choix que de l’assumer : il est véritablement en train de reprendre toutes les affaires courantes de son encombrant prédécesseur, le regretté Jorginho Monteiro. Et il sait qu’«en football, on est souvent comparé». Là, pour plein de raisons, il n’y coupera pas, en effet.
Quand il a été avéré que son avant-centre titulaire indiscutable partirait au Kazakhstan et plus précisément au Kaïrat Almaty, Pedro Resende et ses dirigeants s’étaient mis en tête de trouver l’introuvable, à savoir le même pedigree que leur joyau envolé pour ne rien avoir à changer dans l’organisation, mais tout en admettant que… c’était presque impossible.
Jorginho lui avait même laissé sa télé
Or ces derniers jurent presque aujourd’hui avoir trouvé un petit jumeau, à qui ils ont même annoncé sans fioriture qu’ils cherchaient un profil «ayant les mêmes caractéristiques de vitesse et de finition que Jorginho, pour garder une continuité». À qui ils ont été jusqu’à lui lâcher les clefs de la chambre fraîchement libérée par leur joueur transféré en Asie. «Il avait laissé des affaires, dont une télé, que j’ai refilée à Joca parce que je suis venu avec la mienne», s’esclaffe André Mendy, le nouveau Jorginho, donc, intégré à la «casa» lusophone du club. Tout pareil.
Très vite pourtant, avant les fêtes, les dirigeants differdangeois avaient insisté pour dire que c’était inenvisageable de trouver aussi bon que Monteiro. Et puis est arrivé André Mendy, 24 ans, 1,84 m et quelques années de D4 lusitanienne dans les jambes (Monteiro venait lui aussi de cette division et la direction sportive avait un peu caché l’info pour ne pas qu’on lui tombe dessus à bras raccourci), et ils ont donné la sensation d’un soulagement, d’avoir comblé un vide.
Surtout parce que le parallèle entre les deux garçons semble sans fin. Mendy a dû en effet suivre l’an passé le même parcours de recentrage que Jorginho : ailier pur de formation, il a été installé dans l’axe à Vilar de Perdizes, pour 10 buts en 24 matches qui lui ont permis de filer à Anadia, en D3, où il a conservé son rôle axial (3 buts en 14 apparitions).
L’AS Monaco n’arrivait pas, alors…
Ce qui ne veut pas dire que cela soit déjà rose pour Mendy, double buteur cette semaine en amical contre Remich (7-2). Depuis son arrivée au Grand-Duché, il ne se passe pas un jour sans que quelqu’un ne lui parle de son prédécesseur, l’homme aux 36 buts en 41 matches de DN en une saison et demie. «Et on me dit en général, rigole le Sénégalais, qu’il était « trop bon« , qu’il « marquait tout le temps« . Moi, je me contente de dire : « OK, mais moi, je m’appelle André« ».
André peut faire toutes les pirouettes qu’il veut, il n’échappera pas non plus à la question de l’adaptation, qui, en football, est tout sauf un concept éculé. Ce francophone qui a passé six ans au Portugal («J’étais formé dans une académie de Dakar qui travaille avec l’AS Monaco, mais mon arrivée là-bas traînait. Alors à 17 ans, mon père, qui fait des chantiers au Portugal depuis quinze ans, m’a suggéré de venir le rejoindre pour tenter ma chance») maîtrise les deux langues les plus cruciales pour comprendre et être compris chez le champion en titre, bâti autour de ce subtil équilibre franco-portugais. Mais il veut croire, espiègle comme tout, que «ce n’est pas pour les langues qu’on (l)’a pris, mais bien pour (s)on talent».
Le voir se familiariser aussi vite que possible avec son nouvel environnement passe d’ailleurs par un autre aspect crucial. La météo. Car voir un garçon né à Thiès et son climat désertique, avec sa température moyenne de 25 °C (pour situer, il y fera un petit 38, lundi), se frotter à l’hiver luxembourgeois n’est pas une garantie absolue de réussite.
«Effectivement, il fait froid. Je m’habitue doucement. Mais vous savez, j’ai aussi joué au nord du Portugal.» Entre le nord du Portugal et le sud du Grand-Duché, il y a quand même un petit monde climatique. Il se chiffre en degrés. Et en qualité, aussi peut-être? «Ici, je vois que cela joue plus sur le physique mais ne vous inquiétez pas pour moi, j’ai du répondant dans les duels.» Tiens, comme Jorginho…
Il ne lui reste donc plus qu’une case à cocher, celle du réalisme offensif. Gros travailleur, bon tempérament, André continue de se fader des exercices spécifiques devant le but en fin de séance pour faire oublier vous savez qui. Mais puisqu’il a été conseillé par l’ancien champion 2024 Ulisses Oliveira, qui jouait avec lui à Anadia jusqu’à ce mois de décembre, nul doute que le Brésilien a aussi donné quelques tuyaux qui garantissent au FCD03 de ne pas trop se tromper…