Après plus d’un an de combat mené avec l’aide d’une association, madame D. a retrouvé un logement à Diekirch avec ses enfants. Une chance qui échappe encore à de nombreuses personnes, signale «Solidaritéit mat den Heescherten».
C’est un cas presque unique, tant il est rare, qui s’est produit le mercredi 15 janvier. Après plus d’une année de démarches et de luttes pour garder un toit au-dessus de sa tête et de celui de ses enfants, madame D. a obtenu, de la part du juge de paix de Diekirch, un deuxième sursis de déguerpissement. La belle conclusion de son difficile combat ne s’est pas arrêtée là puisque dès le lendemain, une proposition de logement de remplacement lui a été offerte de la part de l’office social. Sans ces annonces arrivées in extremis, cette famille prenait la voie d’un avenir plus qu’incertain qui aurait pu la conduire à la rue.
Ces bonnes nouvelles sont relayées, ce mercredi 22 janvier, par «Solidaritéit mat den Heescherten», une association qui apporte une aide juridique aux plus démunis. Son histoire commune avec madame D. débute en novembre 2024. À l’occasion d’une table ronde de la Chambre des salariés sur le thème «Logement et pauvreté », la mère de famille, impuissante face à la situation dont elle est la victime, vient quémander de l’aide auprès de l’ASBL.
S’ensuit un travail forcené de la part de «Solidaritéit mat den Heescherten» pour contacter ou recontacter de nombreuses institutions. Les coups de téléphone à la commune de résidence, à l’office social du ressort et aux bailleurs sociaux s’enchainent, mais les résultats désirés ne sont pas au rendez-vous. Tous déclarent leur impuissance. «Plus étonnant, la réponse des ministères, Famille et Santé, ce dernier ayant été contacté en raison de l’état de santé critique de madame D, qui ont tous les deux affirmé ne pas pouvoir intervenir», souligne l’ASBL.
Un cas exceptionnel
Les annonces de ce début d’année sont donc vécues comme une véritable délivrance pour cette femme qui avouait à l’association «ne plus avoir de larmes» tant la situation la désespérait. Par le biais de cet exemple qui fait presque figure d’exception, «Solidaritéit mat den Heescherten» souhaite mettre en exergue le sort des nombreuses personnes victimes d’expulsion.
En chiffres, entre avril 2023 et septembre 2024, plus de 700 demandes de déguerpissement ont été introduites auprès des tribunaux de Luxembourg, Esch-sur-Alzette et Diekirch, dont 635 ont abouti. Sur ces 635 demandes, 327 ont été exécutées, ce qui correspond à 15,5 expulsions par mois. Cela implique que les personnes concernées ont dû quitter leur logement sous la présence d’un huissier et de la police.
Le contexte actuel ne leur permet que très difficilement de retrouver un toit au Luxembourg. En plus de pointer l’augmentation de l’exposition au risque de pauvreté et de l’explosion du prix des loyers, l’association dénonce également l’absence de trêve hivernale, le peu de protection des locataires en cas de démolition et de rénovation lourde d’un immeuble et surtout le fait que de nos jours, le pays ne possède toujours pas «un parc de logements sociaux digne de ce nom». «Solidaritéit mat den Heescherten» rappelle que madame D. a affronté cette angoissante situation après avoir travaillé toute sa vie et avoir régulièrement payé son loyer.