Depuis Noël, les sociétés de pompes funèbres de Moselle voient le nombre de décès augmenter de manière plus importante que les hivers précédents, hors Covid.
Les professionnels des pompes funèbres le savent : la mortalité augmente en moyenne de 10 % en période hivernale. Mais depuis Noël 2024, elle connaît une hausse inhabituelle. L’épidémie de grippe est effectivement considérée comme sévère par l’Agence nationale de Santé publique. Les délais de prise en charge pour une crémation à Thionville passent à près de quinze joursAux Pompes funèbres générales (PFG), elle est à l’origine de 8 % des décès, selon Virginie Guilhem, directrice des huit agences de Metz et de Moselle-Est. En revanche, les suicides, plus fréquents en hiver, «ne sont pas plus nombreux cette année», estime pour sa part Dominique Acquaviva, gérant de l’entreprise éponyme basée à Marly. Les variations brutales des températures ont eu un impact sur la mortalité des plus âgés, selon les professionnels. Mais aucun phénomène n’explique à lui tout seul ce «surplus» du nombre de défunts en Moselle, «de l’ordre de 9 %», compte le patron d’Acquaviva.
Chez lui, le délai moyen d’inhumation ou de crémation est actuellement à huit jours au lieu de quatre à cinq jours en temps normal. «Les créneaux des prêtres sont moins nombreux mais ce qui bloque surtout c’est la disponibilité des salons de présentation». Les défunts sont placés «dans nos huit cellules réfrigérées et on jongle entre nos cinq salons». Toutefois, «on a aussi dû utiliser dernièrement notre salle des cérémonies civiles et la pièce de convivialité qui permet d’ordinaire aux familles de se retrouver autour d’un café après l’enterrement».
«Sans cesse trouver des solutions»
S’adapter, les entreprises de pompes funèbres savent faire. «On a connu la canicule en 2003 avec 18 décès par semaine, puis le Covid en 2019. Cet hiver, c’est un mélange des deux en termes de densité», intervient Pascale Salm, responsable de l’agence PFG de la rue Lothaire, à Metz. La société, qui recrute du personnel, doit elle aussi «pousser» les murs. Avec des délais moyens de huit à dix jours au lieu de six, elle «doit sans cesse trouver des solutions». D’autant plus «quand la famille n’a pas de concession et qu’il faut creuser une tombe» avec, là aussi, des délais. Pascale a accompagné une famille de quatre frères dont la mère est décédée jeune. «Le décès est intervenu le 30 décembre 2024 et l’inhumation n’a eu lieu que le 14 janvier 2025», soit 14 jours de délai à compter du lendemain du décès, le maximum autorisé par la loi depuis juillet 2024. «Comme c’était très long, on a organisé une journée de recueillement dans un salon, malgré le manque de place. Ça a fait du bien aux membres de la famille de se recueillir autour d’un cercueil qu’ils avaient choisi rouge, la couleur préférée de leur mère ».
Les délais sont tout aussi longs pour les crémations – choisies à 65 %. Sur le site du cimetière de l’Est, l’attente est de dix jours en moyenne, deux fois plus que d’ordinaire. «Nous proposons aussi notre crématorium à Yutz où le délai moyen est de huit jours. On a ouvert des créneaux supplémentaires les samedis et en soirée : hors Covid, c’est exceptionnel», souligne Virginie Guilhem.Malgré ces obstacles, « nous absorbons les difficultés », considère la directrice des PFG de Moselle. «On s’occupe de tout, sauf du déroulé de l’office religieux (choisi à 80 % en Moselle). Comme dans la brigade d’un hôtel étoilé, on doit être là, mais pas trop, et toujours à l’écoute». Cependant, les professionnels «tendent le dos», signale Dominique Acquaviva. Un nouvel épisode de Covid est annoncé cette semaine. «Les règlements sanitaires et les protocoles ne sont jamais les mêmes. Une fois encore, on s’adaptera…»