Leon Ayers et Londell King ont été impliqués dans une sale histoire. Outre le plan judiciaire, des questions vont forcément se poser sur le plan sportif.
C’est le genre de nouvelle dont on se serait forcément passé. Malheureusement, le parquet a confirmé lundi ce que l’on savait : Londell King et Leon Ayers sont dans de sales draps. Rappel des faits : dans la nuit de samedi à dimanche, à 4 h 45, une bagarre a éclaté devant une discothèque au Limpertsberg. Bilan de la rixe? Trois blessés par arme blanche qui ont dû être hospitalisés. Et deux agresseurs en fuite. Quelques heures plus tard, ils ont été interpellés.
Pourquoi retrouver ce fait divers dramatique dans des pages sports? Tout simplement parce que les auteurs des faits sont deux basketteurs pros qui évoluent en Enovos League. Dans son communiqué d’hier après-midi, le parquet ne cite pas nommément les joueurs incriminés. Mais, comme l’avait annoncé RTL dimanche, il s’agit de Leon Ayers et Londell King.
L’affaire est grave puisque le parquet de Luxembourg a saisi le juge d’instruction et demandé l’ouverture d’une instruction pour tentative de meurtre, sinon coups et blessures volontaires. Les deux hommes ont été présentés à un juge d’instruction hier matin. Et ce dernier a décidé de «décerner un mandat de dépôt contre l’homme de 27 ans» alors qu’«un contrôle judiciaire a été décidé à l’encontre du deuxième homme, âgé de 24 ans.»
Conséquences sportives
L’homme de 27 ans est donc Londell King. L’an passé, avant de se blesser très gravement, il était tout simplement l’un des meilleurs joueurs du pays. Il portait alors les couleurs du T71. Remis de ses blessures, il avait finalement retrouvé le Luxembourg en s’engageant avec le promu Heffingen pour la reprise en 2025. Et sa présence coïncide avec deux victoires, respectivement contre les Musel Pikes et surtout face à Contern. Deux matches où l’intérieur a brillé avec respectivement 35 pts et 25 rebonds contre les Mosellans et 28 pts et 14 rebonds contre Contern. Bref, un joueur majeur grâce à qui Heffingen, pourtant très mal engagé, a recommencé à croire possible une qualification pour les play-offs. En effet, les joueurs d’Alex Pires pointent désormais au neuvième rang, à deux petits points du Sparta, qui occupe actuellement la huitième et dernière place qualificative pour les play-offs.
Forcément, l’incarcération de son meilleur joueur aura des conséquences sportives. Et la saison de Heffingen pourrait bien avoir un tout autre visage que ce qu’il pourrait être. On imagine également l’état de sidération dans lequel doivent se trouver les joueurs du club. Contacté hier, l’entraîneur, Alex Pires, n’était pas joignable. Mais nul doute que le club sera obligé de réagir. Et de communiquer rapidement.
La situation est un peu moins mauvaise, avec tous les guillemets nécessaires, pour la Résidence. Son président, Alain Weins, a accepté de parler un peu du cas Leon Ayers : «Je n’ai pas encore eu de contacts avec Leon. On essaie d’avoir un contact avec lui. De voir avec lui et son avocat ce qui lui est reproché.» Clairement, l’heure sera d’abord à la communication : «Il faut voir aussi son état d’esprit. Passer une nuit en prison, ça fait forcément quelque chose. On est contents qu’il soit sorti de prison, mais il est beaucoup trop tôt pour dire s’il jouera ce week-end. Je ne sais même pas s’il a envie de le faire. À chaud, je ne peux pas le dire.» Le joueur sera entendu. Et, bien sûr, les dirigeants se réuniront pour évoquer le cas de son joueur.

«On n’a jamais eu aucun problème avec Leon»
Alain Weins explique que sa première réaction, comme celle de ses joueurs d’ailleurs, a été le choc : «Leon, c’est quelqu’un qui est toujours très calme. Très zen. Même quand des adversaires font du trash-talking contre lui. Ce n’est vraiment pas à lui qu’on penserait en premier pour se retrouver impliqué dans une telle affaire. On n’a jamais eu aucun problème avec lui.»
Pour ceux qui ne le connaissent pas, Leon Ayers, 24 ans, est tout simplement le meilleur scoreur de la ligue. L’arrière tourne en effet à la bagatelle de 31 pts par match et est la principale arme offensive de la Résidence. Walferdange, qui vit une saison moyenne avec 10 victoires en 16 matches.
Reverra-t-on Leon Ayers sous les couleurs de la Résidence? En tout cas, il n’y a aucune volonté différente pour Alain Weins : «On ne va pas le virer maintenant!»
On le rappelle, les deux joueurs bénéficient de la présomption d’innocence qui est valable tant qu’il n’y a pas eu de condamnation. Et, au vu de la décision du juge d’instruction, il semblerait que Leon Ayers soit celui des deux qui a le moins de choses à se reprocher. Mais le président walferdangeois est très clair : «Si un joueur venait à être condamné, là ce serait différent.»
Il y a fort à parier que l’affaire dure plusieurs mois. Pour rappel, Heffingen se rend samedi, pour le compte de la 17e journée, sur le parquet du T71, l’ancienne équipe de Londell King. Qui, on peut l’affirmer, ne sera bien sûr pas présent. Le lendemain, la Résidence se déplace au Deich sur le parquet de l’ogre ettelbruckois. Avec ou sans Leon Ayers? Cela dépendra de plusieurs facteurs. À commencer par le facteur humain.