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Par la grâce de Dieu

Dieu l’a voulu, donc le voilà. Donald Trump a prêté serment lundi à Washington. Il est devenu le 47e président des États-Unis pour quatre ans. Et cela par la grâce de Dieu! Dans son discours inaugural, il a bien précisé que Dieu l’avait «sauvé» de la tentative d’assassinat perpétrée le 13 juillet en Pennsylvanie pour qu’il rende «sa grandeur à l’Amérique». Le voici maintenant choisi parmi les mortels pour guider son pays vers des jours meilleurs, un âge d’or, promet-il. Ces propos n’ont même pas choqué de l’autre côté de l’Atlantique. En Europe non plus, même s’ils ont sûrement fait plus sourire que dans les travées du Capitole. Voici donc notre ami Donald choisi par Dieu pour dérouler son programme aux relents racistes et impérialistes. Il n’y a pas que les habitants des États-Unis qui vont en pâtir. Il a déjà lancé des piques assassines contre Panama. Il veut récupérer «son» canal. Comment va-t-il s’y prendre? Par la manière forte? Le nouveau président a même évoqué le concept de «destinée manifeste» dans son discours inaugural, selon lequel l’Amérique aurait un droit naturel à l’expansion territoriale. Il a même promis de planter le drapeau américain sur la planète Mars. Et tout ça en quatre ans. Cela risque d’être un peu court. Le Groenland ou le Canada, par contre, peuvent commencer à s’inquiéter.

Il l’a dit lundi : il veut être celui qui met fin aux guerres… mais aussi celui qui sait mener des batailles (au sens propre comme au sens figuré) et les remporter pour répondre à son slogan «l’Amérique d’abord». Il met en place une stratégie de la peur dangereuse et le slogan «l’Amérique d’abord» risque de devenir «l’Amérique toute seule».

Dans quelques jours, le vociférant Trump risque bien de percuter le mur de la réalité et ses propos outranciers vont se noyer dans la complexité des sujets qu’il a abordés. Mais ce n’est pas la première fois qu’il sera pris à son propre jeu. Il a toujours réussi à s’en sortir par une pirouette en faisant de ses défaites des victoires. Lors de son dernier mandat, sa crédibilité s’était vite effritée au fil des ans. Il y a fort à parier qu’il se passera la même chose et qu’il ne fera plus peur à personne dans quelques mois. Espérons-le en tout cas.