Inaugurée le 15 janvier, la salle Michel-Petrucciani du Conservatoire de la Métropole de Metz permet à une quarantaine d’enfants handicapés de faire de la musique
À l’abri dans «l’Igloo», Mervé, Milan et Titouan lancent, chacun leur tour, depuis leurs fauteuils roulants, un ballon en mousse qui, lorsqu’il vient percuter le filet équipé d’un capteur électronique, déclenche un air de Vivaldi avec batterie, qui les fait réagir. «Ici, c’est le corporel qui conduit vers l’horizon musical», sourit le musico-thérapeute Philippe Forte-Rytter. Il a d’abord accueilli ces trois enfants de l’IEM Le Coupillon à Metz en les invitant à dire bonjour dans un micro. « C’est important pour des enfants qui ne verbalisent pas de leur faire comprendre ce qu’ils peuvent faire avec leur voix », confie Lorène Parmentelat, aide-soignante à l’IEM.
En quête depuis six ans d’un local, le Conservatoire de la Métropole de Metz dispose enfin d’une salle dédiée aux «ateliers musique et handica ». Inaugurée le 15 janvier, cette salle, baptisée Michel-Petrucciani, du nom du grand pianiste de jazz, atteint de la maladie des os de verre, est située de plain-pied au 4 place du Mail à Woippy.
«Aller à la musique comme on va à la piscine»
Depuis la rentrée de septembre, une quarantaine d’enfants viennent une fois par semaine, quel que soit leur handicap (sensoriel, physique, cognitif ou polyhandicap), faire de la musique. «Une dynamique est en train de s’installer ! Comme ils vont à la piscine, ils vont à la musique. Se déplacer, c’est déjà la moitié de la pédagogie», affirme Philippe Forte-Rytter qui accueille, pour l’instant l’IME La Roseraie à Jussy, l’IEM Le Coupillon à Metz et l’lMP L’Espérance de Metz-Vallières mais aussi des enfants, le samedi, avec leurs parents. «Il y a aussi des élèves inscrits au Conservatoire qui ont eu des difficultés avec leur instrument ou décroché de la formation musicale», poursuit l’enseignant qui a prévu de faire venir les élèves des Unités localisées pour l’inclusion scolaire (Ulis), les bébés et même les personnes âgées. «On réfléchit à un dispositif avec les Ehpad», confie-t-il.
Plutôt qu’un cours, Philippe Forte-Rytter parle d’un «voyage musical», où l’enfant rencontre aussi bien une coccinelle équipée de pads de batterie que des structures sonores de l’instrumentarium des frères Baschet. Sans oublier, le plus important, les capteurs électroniques. «Cela permet d’amplifier de petits gestes, de prendre conscience de sa production sonore», insiste celui qui a aussi créé une portée musicale en 3D qui permet de développer la motricité fine. «Ces enfants ont suffisamment de thérapeutes dans leur vie pour que mon rôle soit de les aider à accéder à l’artistique.»
Sortis de «L’Igloo», les enfants se retrouvent en cercle autour de la «Grille» de Baschet, instrument percussif sur lequel il faut taper avec des baguettes. Titouan, lui, ne cesse de les repousser, préférant poser sa main pour sentir les vibrations lorsque Philippe Forte-Rytter se met à jouer. «Venir ici avec un groupe fixe, c’est un plus. Cela permet de mettre du sens à leur mouvement», apprécie Lorène Parmentelat rappelant qu’il y a «peu d’endroits adaptés comme ici.»
Gaël Calvez
(le Républicain lorrain)