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Affaire Bego : la juge siffle la fin de la partie


Le tribunal a annulé l’opposition au premier jugement introduite par Nesat Bego. (Photo : archives lq)

Nouveau rebondissement dans l’affaire Nesat Bego : le prévenu ne s’est pas présenté au tribunal. Remis en liberté à la suite d’un jugement dans une autre affaire, il aurait depuis été interné.

L’affaire Nesat Bego relève du feuilleton. Le prévenu a fait opposition à un jugement par défaut de janvier 2019 qui le condamnait à 5 ans de prison pour un attentat à la pudeur avec les circonstances aggravantes de violences et de menaces sur une fillette dans un foyer de réfugiés à Foetz le 3 février 2016. Au moment où tombait la sentence, Nesat était à Belgrade. Considéré comme fugitif, il a intégré la liste des prédateurs sexuels les plus recherchés d’Europe en octobre 2020 avant de négocier son retour au Luxembourg puis de s’opposer à sa condamnation. Son opposition ayant été déclarée recevable, son nouveau procès était fixé aux 15 et 16 juin 2021. Les remises se sont enchaînées depuis.

En parallèle, il a été condamné en novembre dernier à 18 mois de prison assortis du sursis intégral pour des violences conjugales. En détention provisoire dans cette affaire depuis plus d’un millier de jours, il a été remis en liberté à l’issue du jugement.

Mardi matin, il ne s’est pas présenté à une nouvelle audience du tribunal dans l’affaire d’attentat à la pudeur. Elle devait reprendre après une tentative de récuser la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg qui avait été rejetée pour la forme. Selon son avocat, Me Paris, Nesat Bego aurait demandé à être interné en psychiatrie la veille.

Un nouveau rebondissement qui a surpris toutes les parties au procès, des parents de sa victime présumée aux policiers en passant par les experts psychiatres et les juges. Dans ces conditions, la présidente de la chambre criminelle a décidé de déclarer l’opposition nulle et non avenue, confirmant ainsi le premier jugement. Nesat Bego sera donc condamné à 5 ans de prison à moins que son avocat, Me Paris, ne décide de faire appel de cette décision. Dans ce cas, l’affaire pourrait connaître un épisode supplémentaire. Devant une nouvelle juridiction, cette fois.

Feuilleton judiciaire

Nesat est venu à bout d’au moins quatre avocats commis d’office en huit ans et a failli venir à bout de la patience du tribunal. En janvier dernier, la présidente de la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg avait prévenu : «Un jour, l’affaire sera prise et on arrêtera de jouer.  Elle a sifflé la fin de partie mardi.

L’affaire n’en finissait pas avant d’avoir commencé. Le quadragénaire a usé et abusé de l’article 6 de la convention européenne des droits de l’homme sur les droits de la défense qui stipule que le prévenu doit, entre autres, être informé dans une langue qu’il comprend et de manière détaillée, de la nature et de la cause de l’accusation qui est portée contre lui. Le tout pour retarder l’évacuation de son procès.

En attendant, une jeune fille aujourd’hui âgée de seize ans et ses parents attendaient que son agresseur présumé soit jugé définitivement. Le prévenu nie les faits et se dit victime du chantage d’une gamine alors âgée de sept ans. Il aurait attiré la fillette dans sa chambre pour lui faire subir des actes sexuels après lui avoir fait porter des vêtements de son épouse. Selon lui, la gamine aurait profité qu’il dormait pour s’introduire dans la pièce, mettre les vêtements, allumer une cigarette et boire de sa bière avant de le menacer de l’accuser d’attouchements s’il la dénonçait.

Après être venu à bout d’avocats chevronnés, le prévenu a étrenné à peu près tous les interprètes dont dispose le tribunal en serbe et en anglais et continuait de prétendre ne pas savoir exactement de quoi il était accusé. La faute aux traducteurs pas suffisamment fiables et à l’appareil judiciaire. Son dossier ne lui aurait, assurait-il pour la énième fois, pas été transmis en prison dans une langue qu’il maîtrise. Le tribunal, dans un souci d’équité et en vertu de la présomption d’innocence, n’avait d’autre choix que de donner droit aux demandes formulées par la défense.