Cet hiver, le Swift a perdu, en Martins et Lemeray, ses deux joueurs les plus utilisés de la phase aller. Et dans une ambiance plombée, d’autres cherchent la sortie.
Ils pesaient 1 258 et 1 195 minutes. Simao Martins et Mathis Lemeray ont mis tout ça dans leurs valises et ont claqué la porte du Swift en laissant les avocats de leurs syndicats de joueurs pros portugais et français se charger de gérer la partie recouvrement de salaires impayés. Avec eux, Emmanuel Da Costa a perdu sa charnière centrale titulaire et, optionnellement, les deux joueurs ayant accumulé le plus de minutes sur la phase aller.
Il faut bien ça pour dire l’ampleur de la perte, car au premier coup d’œil, on pourrait aussi acter que les remplaçants naturels de cette paire efficace s’appellent Aldin Skenderovic, Jerry Prempeh ou Ricky Delgado.
Ce serait oublier que le premier n’a jamais été vraiment dans l’effectif cette saison; que le second n’a joué que 403 minutes, laissé de côté qu’il a été après la défaite à Bettembourg en août (3-0) et empêché de filer à Hostert alors qu’il était sur le point de s’y engager; et que le troisième ne pèse que 98 minutes depuis août. Comment les corps et les esprits vont-ils réagir ? À l’heure actuelle, c’est le cadet des soucis d’Emmanuel Da Costa, qui doit encore se demander si l’effectif qu’il a actuellement sous la main sera encore celui-là à la reprise, dans un mois.
«Même lui n’en a aucune idée», annonce un de ses joueurs qui continue de requérir l’anonymat. «On est dans le flou complet. On apprend même des choses dans les journaux, comme les résiliations de Simao et Lemeray.» «C’est qu’on n’en parle pas dans le vestiaire, agite un autre. Il y a des sujets tabous. On est un peu sous surveillance.»
Pas sûr que je sois encore là à la reprise. Et on est pas mal dans ce cas
«Pas sûr que je sois encore là à la reprise, annonce pourtant un troisième. Et on est pas mal dans ce cas. Théoriquement, les joueurs qui n’étaient pas sur la feuille de match et qui ont donc fait grève contre Mondorf ne sont pas concernés par le gentlemen’s agreement de la Ligue qui dit que les autres clubs ne recruteront pas de gréviste hesperangeois cet hiver. Mais est-ce qu’ils n’ont pas décidé, entre eux, de ne pas prendre le moindre joueur du Swift ?»
La réponse est peut-être dans ce récit d’un joueur concerné : «J’avais reçu quelques coups de téléphone de clubs qui préparaient leur mercato hivernal, voire la prochaine saison… avant Mondorf. Après… disons que mon téléphone n’a plus jamais sonné.» Les clubs respectent visiblement l’engagement pris.
Est-ce à dire qu’il n’y aura pas trop de mouvements en l’absence de points de chute ? La question semble concerner surtout les joueurs locaux. Les autres, eux, travaillent en silence, sans le dire, dans une ambiance morose, qui n’étonne même plus l’homme dont le téléphone ne sonne plus : «L’ambiance était la même fin 2024. C’est habituel pour nous. C’est si ça avait changé qu’on aurait été surpris.»
Aujourd’hui, tout paraît nébuleux au Holleschbierg. Et il a fallu une réponse à une question parlementaire produite par le ministre du Travail et des Sports, Georges Mischo, survenue mercredi, pour avoir enfin des détails concrets sur l’état de délabrement de la confiance entre joueurs et dirigeants : cinq plaintes pour non-paiement de salaires sont parvenues à l’Inspection du travail et des mines (ITM).
L’une a été classée sans suite, car n’émanant pas d’un salarié à proprement parler, deux dossiers sont encore en cours de traitement et deux autres, en l’absence de réaction du Swift, ont entraîné une amende d’un montant de 4 000 euros. À noter que lors d’un contrôle antérieur, l’ITM n’a pas relevé d’irrégularité dans la gestion du club, mais qu’une inspection devrait suivre ces plaintes.
Ce football est malade