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Prix de l’électricité : la hausse devrait être plus forte que prévu


Malgré les déclarations du gouvernement, tous les ménages devraient être concernés par la hausse du prix de l’électricité. (photo Julien Garroy)

Depuis le 1ᵉʳ janvier, de nouveaux tarifs sont entrés en vigueur pour l’électricité. Les derniers calculs de la Chambre des salariés montrent que de gros écarts pourraient se creuser entre les ménages.

La nouvelle structure tarifaire des prix de l’électricité continue d’inquiéter. Après les réserves émises par déi Lénk, puis par l’ancienne ministre de l’Environnement Joëlle Welfring (déi gréng) dans une question parlementaire, c’est au tour de la Chambre des salariés (CSL) de pointer les limites de cette nouvelle tarification.

Entrée en vigueur au 1er janvier 2025, elle se veut plus équitable en reflétant mieux les coûts réels du réseau, selon l’Institut luxembourgeois de régulation (ILR). Jusqu’en décembre 2024, les frais étaient répartis en deux catégories : une redevance mensuelle fixe et une partie variable, proportionnelle à la consommation électrique du foyer.

Le nouveau système classe les ménages selon leur consommation d’électricité habituelle et leur attribue une puissance de référence, allant de 3 à 100 kilowatts, qui détermine dorénavant leurs coûts fixes. À cela s’ajoutent des frais variables selon le volume d’électricité consommé et une nouveauté : un supplément si le ménage dépasse sa puissance de référence.

Cette nouvelle structure a pour but d’inciter les consommateurs à changer leurs habitudes en évitant les heures de pointe et en répartissant leur consommation d’électricité sur l’ensemble de la journée. L’enjeu est de taille. Par rapport à 2023, la consommation totale du Luxembourg devrait augmenter de 34 % en 2030 et de 69 % d’ici à 2040.

Si le Grand-Duché est déjà bien engagé dans la transition énergétique, il reste fortement dépendant de ses voisins, qui lui fournissent environ 80 % de son électricité. Cette hausse de la consommation entraînera obligatoirement une adaptation de ses capacités d’importation.

Mais derrière ces enjeux, ce sont les conséquences pour les ménages qui sont pour le moment au cœur des préoccupations. D’après l’ILR, 80 % d’entre eux ne devraient pas noter de différences sur leurs nouvelles factures, tandis que le directeur de la Klima-Agence, Fenn Faber, estimait que le surcoût éventuel en cas de dépassement devrait se situer entre 200 et 300 euros par an. Pour le ministre de l’Économie, Lex Delles, certaines familles devraient même payer leur électricité moins cher qu’en 2024.

Une augmentation de 11 % pour tous les ménages

Mais les premiers calculs réalisés par la CSL ne semblent pas aller dans ce sens. Tous les ménages devraient finalement être touchés par une hausse moyenne de 11 %. Selon la situation de chacun, de gros écarts pourraient être observés. Les familles situées dans la catégorie 3 kW, la plus répandue au Luxembourg, devraient constater une augmentation de 5,28 à 8,69 % de leurs factures s’ils ne dépassent jamais leur puissance de référence. Dans le cas contraire, la note serait tout de suite plus forte : entre 16,79 et 17,12 % d’augmentation pour un dépassement de 10 % et entre 25,55 et 28,31 % au-delà de 20 % de dépassement.

«Un dépassement est tout à fait possible, voire probable, plusieurs fois par jour. En effet, l’utilisation simultanée de plusieurs appareils électroménagers de base suffit déjà pour dépasser ce seuil de 3 kW», précise la CSL.

Certaines personnes ne peuvent en effet se permettre de faire tourner leurs appareils durant les heures creuses, puisqu’elles travaillent toute la journée, et si le recours aux appareils intelligents et programmables est possible, leur coût les rend inaccessibles à une partie de la population. Les ménages les plus fragiles pourraient donc pâtir de cette nouvelle tarification.

Et ils ne sont pas les seuls d’après la CSL. Les foyers qui ont investi dans une pompe à chaleur ou une voiture électrique risquent, eux aussi, de voir leurs coûts augmenter de 25 à 33 % par rapport à 2024. «Cette forte hausse risque de constituer un signal de prix négatif susceptible de ralentir la transition vers une société décarbonée», déplore la CSL. L’augmentation sera également plus significative pour les familles classées dans une autre catégorie que celle des 3 kW.

Pour la CSL, l’objectif du gouvernement d’inciter les foyers à changer leur mode de consommation grâce à cette nouvelle grille tarifaire semble donc déjà compromis. Entre l’augmentation moyenne pour tout le monde et les disparités selon la situation et les équipements de chacun, la facture risque d’être salée pour de nombreux ménages.