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Ce que l’on sait des discussions sur un accord de cessez-le-feu à Gaza


La libération des otages, enlevés par le Hamas le 7 octobre 2023, fait partie des pourparlers engagés. (photo AFP)

Des négociations indirectes entre Israël et le mouvement palestinien Hamas ont repris le week-end dernier au Qatar en vue d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, centrées dans l’immédiat sur la libération d’otages enlevés le 7-Octobre.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a affirmé mercredi qu’un accord était «très proche», mais de nombreux points de blocage persistent.

Où en est-on ?

Des pourparlers s’étaient déja tenus en décembre à Doha, mais le Hamas et Israël s’étaient accusés mutuellement de les bloquer.

Début janvier, le Premier ministre israélien,Benjamin Netanyahu, a annoncé autoriser les négociateurs israéliens à poursuivre ces discussions afin d’obtenir la libération des otages retenus à Gaza.

Les pourparlers portent notamment sur les modalités d’un arrêt des combats, durant lequel aurait lieu un échange entre des personnes prises en otage lors de l’attaque du Hamas en Israël le 7 octobre 2023 et des prisonniers palestiniens détenus dans des prisons israéliennes.

Le Hamas demande également une entrée massive d’aide humanitaire, la possibilité pour les Gazaouis déplacés par la guerre de rentrer chez eux, le retrait des troupes israéliennes et la réouverture des points de passage entre Gaza et l’extérieur.

Benjamin Netanyahu a de son côté exclu un retrait complet des troupes de Gaza, et les autorités israéliennes répètent refuser pour l’après-guerre une gouvernance du territoire palestinien par le Hamas.

Qu’est-ce qui a changé depuis décembre?

Face à ces exigences contradictoires, «il y a un accord préliminaire pour reporter le débat sur ces questions», a déclaré un haut responsable du Hamas, précisant que «les médiateurs (Égypte et Qatar) ont proposé de reporter les discussions sur les points litigieux à la phase ultérieure» des échanges.

Benjamin Netanyahu «semble être davantage disposé à conclure un accord», note Mairav Zonszein, spécialiste d’Israël pour l’International Crisis Group (ICG).

Elle explique que le Premier ministre a élargi la coalition de partis soutenant son gouvernement et se sent donc moins menacé quand certains de ses ministres d’extrême droite jurent de quitter le gouvernement en cas d’accord à Gaza.

«Pour Benjamin Netanyahu, c’est aussi une façon de réduire la pression qu’il subit par ailleurs, du fait que des soldats meurent chaque jour à Gaza», ajoute la chercheuse.

Pour la première fois, le Hamas a de son côté affirmé dimanche être prêt à libérer 34 des 95 otages retenus captifs à Gaza au cours de la «première phase» d’un accord avec Israël, précisant que cela correspondait à «l’ensemble des femmes, des malades, des enfants et des personnes âgées».

Le mouvement islamiste palestinien a dit avoir besoin d’une «semaine de calme» pour identifier lesquels sont morts ou vivants. À quoi Israël a rétorqué que le Hamas savait déjà qui était mort ou vivant parmi ces 34 otages.

Si le bureau du Premier ministre israélien a ensuite écarté l’option d’une trêve de quelques semaines pour permettre cet échange entre prisonniers et otages, ces récentes déclarations du Hamas sont inédites depuis le début des négociations.

Plusieurs sources diplomatiques ont affirmé qu’une intense pression internationale était exercée sur les parties prenantes, certains évoquant les déclarations du président élu américain, Donald Trump, qui a promis «l’enfer» à la région si les otages n’étaient pas libérés avant son retour au pouvoir le 20 janvier.

«En l’état actuel des choses, je n’entrevois pas de progrès significatif tant que le président Trump n’aura pas pris ses fonctions et n’aura pas modifié la politique des États-Unis» à l’égard d’Israël, relève toutefois Kobi Michael, chercheur de l’Institut Misgav, un cercle de réflexion israélien.

Points de blocage et incertitudes

«Les échanges sont difficiles et complexes», a déclaré le haut responsable du Hamas proche des pourparlers.

L’un des principaux points de discorde est la permanence ou non du cessez-le-feu, et les garanties pour la mise en oeuvre de l’accord.

Autre pierre d’achoppement, la gouvernance de Gaza après la guerre, qui reste très controversée, y compris au sein de la direction palestinienne.

En dépit d’efforts diplomatiques intenses menés sous l’égide des pays médiateurs, dont les États-Unis, aucune trêve n’a pu être conclue à Gaza depuis celle d’une semaine intervenue fin novembre 2023, qui avait permis la libération de 105 otages en échange de 240 prisonniers palestiniens.

«Tant qu’ils (le Hamas) s’entêteront à exiger la fin de la guerre comme prérequis, garantie par les États-Unis et par les pays arabes, il n’y aura pas d’avancées, parce qu’Israël ne prendra pas un tel engagement», commente Kobi Michael.