Le Fola a fait un effort financier pour s’offrir son nouveau leader technique, le Mondorfois Marwane Benamra. Et prouver, malgré son classement et ses moyens toujours limités, qu’il «reste en vie».
C’est, pour un Fola contraint à une cure d’austérité depuis près de trois ans, un coup aussi retentissant que paradoxal. Longtemps parmi les rares clubs luxembourgeois à la mesure du talent de Marwane Benamra, quand ce dernier était à son prime, c’est au moment où il est le plus désargenté et, fatalement, le moins compétitif que l’octuple champion national (sacré pour la dernière fois en 2021) est parvenu à attirer à Esch celui qui avait été élu meilleur joueur de BGL Ligue dans ces colonnes en 2018/2019, au terme de son premier exercice au Grand-Duché, sous les couleurs de Mondorf.
Que ce soit avant son arrivée, à son départ (en 2019 pour Virton) à son retour (en 2022 en provenance de Hesperange) dans la cité thermale ou après celui-ci, le Fola et son directeur sportif Pascal Welter ont constamment suivi ce garçon qui leur a «toujours fait des misères».
Mais la présence de profils similaires au sien dans l’effectif eschois (comme l’Allemand Jakob Dallevedove ou Dejvid Sinani), les ambitions personnelles de Benamra, qui avait suivi Dino Toppmöller (transfuge du F91) à Virton, puis les moyens du club doyen ont fait que le gaucher ne pouvait pas être une priorité.
Si le club fait l’effort de libérer un certain budget pour le recruter, c’est qu’on croit au maintien
Alors que le Fola dispose, avec Gauthier Caron (35 ans) et Ibrahima Diakhité (29 ans), de deux avant-centres charpentés et chevronnés depuis cet été, recruter un neuf et demi capable de «mener la barque offensivement, avec de l’expérience» en était une, cet hiver.
Elle a donc été comblée avec le Franco-Algérien né et formé à Lyon, sur la base d’un deal «win-win-win» pour Mondorf, «qui voulait qu’il ait du temps de jeu», le Fola, en quête d’un leader offensif et le joueur, soucieux de «se relancer» après une phase aller quasi blanche (deux apparitions en BGL Ligue, 63 minutes) à l’USM, où il n’entrait pas dans les plans de David Zitelli.
Les deux recrues hivernales présentes dès la reprise
Reste qu’un Benamra, même à court de rythme, a un coût, en théorie trop élevé pour les finances eschoises. Faut-il voir, dans ce transfert, les prémices d’un retour à la normale ?
«La situation ne s’est pas améliorée, souffle Pascal Welter. Elle s’est stabilisée, et c’est déjà important. Le comité travaille énormément pour restabiliser le club. Mais le Fola reste en vie.» Et il le prouve, à travers ce move audacieux, veut croire son directeur sportif : «Si le club fait l’effort de libérer un certain budget pour le recruter, c’est qu’on croit au maintien, quitte à passer une nouvelle fois par les barrages».
La signature du gaucher constitue ainsi «un message vis-à-vis de notre équipe, de notre club» ou de la concurrence. Mais aussi de Ronny Souto et de son staff, qui disposaient, avec Benamra et l’expérimenté Cap-Verdien Rivone Aleixo* (36 ans), sorti de sa retraite, de leurs deux recrues hivernales dès la reprise. «Il faut vraiment que la sauce prenne rapidement, pour cela il fallait prendre des décisions rapides», explique Pascal Welter.
Arrivé «covidé» et privé des premiers entraînements, Benamra n’a mis qu’une séance à prouver au dirigeant qu’il «n’a pas perdu sa qualité technique».
Welter et le Fola, premier relégable (à un point du second barragiste, Rodange, et sept du premier non-relégable, Wiltz) et plus mauvaise attaque (9 buts en 15 matches) de l’élite à la trêve, espèrent désormais que le Lyonnais va «vite retrouver le plaisir et nous emmener dans son sillage». Vers un troisième maintien ric-rac consécutif ?
*Passé notamment par Grevenmacher, Oberkorn et Junglinster après avoir effectué l’essentiel de sa carrière au Portugal, le milieu était libre depuis juillet et son départ de Wormeldange, avec qui il a disputé 24 matches de PH en 2023/2024.