Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Si «globalement», le système pénitentiaire luxembourgeois «fonctionne bien», selon la ministre de la Justice, le milieu reste toutefois confronté à de nouveaux défis, dont le vieillissement de sa population.
Alors que le centre pénitentiaire de Luxembourg (CPL) peine à trouver de la place pour accueillir ses détenus, la situation est tout autre du côté de Givenich. Le centre pénitentiaire semi-ouvert (CPG) affiche en effet un taux d’occupation de moins de 50 %. Une situation qui interroge notamment le député LSAP, Dan Biancalana, qui n’a pas hésité à interpeller la ministre de la Justice, Elisabeth Margue (CSV) à ce sujet.
Si, durant cette année 2024, 351 détenus ont bien franchi les portes de l’établissement, le taux d’occupation du CPG reste variable. En témoigne les données révélées par la ministre elle-même : cette année demeure ainsi exceptionnelle par rapport aux précédentes. Les détenus n’étaient que 133 à résider à Givenich en 2020, et 194 pendant l’année 2023. C’est simple, au cours des dix dernières années, le CPG n’a jamais atteint sa capacité maximale.
Comment expliquer ces chiffres? Tout simplement par l’objectif même du centre de Givenich : la réinsertion. Le CPG doit en effet offrir la possibilité au détenu de se resocialiser. «La resocialisation se fait notamment par des liens d’attachement avec des personnes se trouvant à l’extérieur et qui habitent au Luxembourg ou dans la Grande Région. Ceci n’est pas le cas pour tous les détenus.», appuie Elisabeth Margue.
Les conditions d’entrée à Givenich sont donc beaucoup plus strictes. «Le Procureur général d’État peut décider le transfert d’un détenu au Centre pénitentiaire de Givenich s’il considère que les contraintes plus sévères et inhérentes au régime fermé ne sont pas nécessaires à une exécution régulière de la peine privative de liberté, l’insertion du condamné ou la sécurité publique.»
Un incident de transfert en cinq ans
Il est ainsi requis que le détenu affiche une «stabilité comportementale affirmée et démontrée», condition essentielle pour garantir la sécurité dans un milieu semi-ouvert. «Un transfert en milieu semi-ouvert implique une responsabilisation accrue et une confiance placée dans l’engagement du détenu envers les règles de vie en société.», rappelle la ministre de la Justice.
À l’inverse, lorsque le comportement d’un condamné détenu au centre pénitentiaire de Givenich est devenu incompatible avec son maintien en milieu semi-ouvert (…) le directeur du CPG informe le procureur général d’État qui peut ordonner le re-transfert vers un autre centre pénitentiaire.
«Il est à chaque fois vérifié si les conditions sont remplies. Il n’y a pas eu d’incident ou d’agression concernant ces transferts au cours des cinq dernières années, à part celui du 27 novembre 2024», précise Elisabeth Margue. Pour rappel, plusieurs agents ont été blessés ce jour-là, dont un grièvement, par un détenu qui a été transféré au centre pénitentiaire de Luxembourg. Si cet incident est bien le seul enregistré ces dernières années concernant les transferts, cinq autres altercations ont bien eu lieu au sein de la structure entre 2022 et 2024.
Outre les agressions, le système pénitentiaire luxembourgeois se heurte à un autre problème : le vieillissement de sa population. Un constat qui est revenu dans les trois centres du pays. Avec l’augmentation du nombre de détenus âgés, les exigences imposées aux prisons deviennent ainsi de plus en plus complexes : la recherche d’un emploi, le suivi médical ou encore la mise à disposition de matériel adapté nécessaire à ce type de population.
«Il est primordial de pouvoir accompagner le détenu de manière individuelle sur le chemin de la réinsertion sociale, en l’aidant à réintégrer la vie en société, à chercher un emploi et un logement et reconstruire, le cas échéant, les liens avec les membres de sa famille et ses amis», analyse Elisabeth Margue, qui l’assure : «Globalement, le système pénitentiaire fonctionne bien» au Luxembourg.
