Suspendu par le gouvernement, l’examen des demandes de protection internationale des Syriens inquiète le Collectif Réfugiés, qui demande au gouvernement une certaine retenue tant que la situation en Syrie n’est pas stabilisée.
Le 8 décembre dernier, le gouvernement du président syrien Bachar al-Assad s’était effondré. Le débat sur l’accueil des réfugiés syriens avait aussitôt ressurgi en Europe. Dans la foulée, le Grand-Duché avait annoncé une suspension temporaire des examens des demandes d’asile de réfugiés syriens, «le temps d’effectuer une analyse approfondie de la nouvelle situation géopolitique». Cette suspension était censée permettre aux Européens de se concerter, se mettre au diapason et «observer comment évolue la situation en termes de droits de l’homme», justifiait encore le ministère.
Les associations luxembourgeoises n’avaient pas tardé à réagir à cette annonce. Marion Dubois, directrice de Passerell, avait notamment expliqué dans nos colonnes que son ASBL n’était pas «formellement opposée» à cette suspension temporaire, mais qu’elle appelait tout de même à la prudence.
Une position partagée par d’autres associations, puisque plus d’une semaine après, c’est au tour du Collectif Réfugiés de prendre la parole sur le sujet. «Sur le moment, la décision du gouvernent luxembourgeois (…) peut se comprendre pour analyser la nouvelle situation avec la chute du régime dont les exactions étaient le principal motif d’octroi de la protection internationale, mais non le seul», écrit le collectif dans un communiqué. Elle rappelle que les violences auxquelles la population civile est exposée en Syrie a valu l’octroi de la protection subsidiaire à ceux qui ne bénéficiaient pas du statut de réfugié. «Cette violence n’a pas disparu avec la seule chute du régime Assad.»
Une situation encore instable
C’est pourquoi le Collectif Réfugiés appelle à la «retenue» et à la «prudence». «Toute demande de protection internationale doit être maintenue et doit faire l’objet d’un examen individuel. De plus, la suspension ne peut en aucun cas être de longue durée», écrit le Collectif. Il demande également au gouvernement luxembourgeois de garantir à chaque demandeur de protection internationale (DPI) syrien les mêmes droits que tout autre DPI quant au traitement de sa procédure et de garantir à chacun le maintien des conditions d’accueil telles que définies par la loi.
«De nombreux syriens continuent à fuir le pays et la situation reste encore très instable et incertaine», rappelle le Collectif, inquiet quant à la durée de la suspension. Les réfugiés syriens au Luxembourg s’en inquiètent tout autant : «Pour beaucoup d’entre eux, leur demande de protection internationale a été introduite il y a de long mois, certains attendent même depuis plus d’un an une décision voire seulement un entretien.»
Pour éviter une fragilité et une angoisse trop marquée, le Collectif demande au gouvernement «de rester attentif aux personnes les plus vulnérables notamment les mineurs non accompagnés et les familles avec enfants». Et face au manque d’information quant aux conditions de sécurité en Syrie, il lui demande de pas prendre de décisions négatives sur les demandes de protection internationale déposées par des ressortissants syriens ou apatrides et de ne procéder à aucun retour forcé, et ce, jusqu’à ce que la situation en Syrie soit stabilisée et que des informations fiables sur la situation en matière de sécurité et de droits de l’homme soient disponibles.