Après quatre-vingt-dix ans d’existence, les Cycles Walas à Metz fermeront définitivement le 31 décembre. Simone Schunke, la fille du fondateur, revient sur l’épopée familiale.
«J’ai décidé d’arrêter. Avec beaucoup de difficultés. Tout le monde me dit de prendre soin de moi. Je vais écouter le conseil.» Simone Schunke-Walas a choisi le dernier jour de 2024 pour mettre un point final à son commerce, hérité de ses parents, leur histoire à tous trois. Rue Haute-Seille à Metz, ce temple du vélo, fondé par Simon Walas en 1934, a vu passer plusieurs champions de la petite reine, à l’image de Bernard Hinault. Et le cinéaste Patrice Leconte venu filmer Marianne Walas, une personnalité attachante «connue dans la France entière», admire Thierry Trur, le dernier mécanicien des Cycles Walas après Jean-Paul Streit et Lucien Spedalotto. Le 31 décembre, tout sera donc terminé.
«J’avais pourtant toujours dit à maman que je ne reprendrai pas le magasin », confie Simone Schunke-Walas. Celle qui aidait déjà à la boutique a finalement écouté son cœur. «À son décès le 10 janvier 2023 , je n’ai pas voulu l’arrêter brutalement. Le temps de faire les papiers, je l’ai donc rouvert le 22 février. Durant ce court arrêt, les gens racontaient déjà que c’était la fin. Et rebelote quand j’ai affiché une banderole annonçant des promotions en vitrine…» Cette fois, c’est vrai. À 75 ans, la fille unique de Simon et Marianne Walas va pouvoir penser à elle. En attendant, elle rend encore hommage aux siens en accueillant le client avec un large sourire. Vélos, vêtements cyclistes, «pièces vintage neuves comme on n’en trouve plus», pédaliers, dérailleurs : il y a de quoi rendre heureux tout passionné aux Cycles Walas!
«Fallait la freiner parfois»
«Après la mort de papa en 1980, c’est Egon, mon mari qui conduisait maman dans les salons. Au début, les professionnels s’adressaient à lui. Avant qu’elle ne soit respectée de tous!» Marianne Walas, la doyenne des commerçants messins lors de sa disparition à l’âge de 94 ans, était louée pour son expertise et sa gentillesse. «Elle participait à Noël de Joie (l’œuvre caritative du Républicain Lorrain de l’époque, NDLR) depuis 1981. Comme elle l’aurait fait, je compte donner les vélos enfants à une association qui veille sur eux», précise son héritière.
La générosité caractérisait cette réfugiée polonaise qui avait survécu à la guerre. « Fallait la freiner parfois », rigole Thierry, le mécano à qui elle préparait à goûter. «Elle ne faisait pas payer les gamins qui n’avaient pas trop de sous», par exemple. «Ni les touristes !, relève Simone. Pour leur laisser une belle image de Metz. Elle proposait également des croquettes aux chiens de passage. L’un d’eux a continué à traîner son maître ici longtemps après son départ. » Des larmes montent aux yeux de la Messine. Aujourd’hui, elle chérit la chatte noire que sa mère avait trouvée dans la rue. Bientôt, la septuagénaire pourra à nouveau s’occuper de son jardin d’ornement et aller au théâtre et aux concerts. « Pour l’instant, le magasin prime ! »
Virgine Dedola
(le Républicain lorrain)