L’ASBL Vegan Society Luxembourg a tenu son neuvième Christmas Market au centre culturel de Bonnevoie. L’occasion de montrer l’offre végane existante et de faire connaître des petites entreprises.
Alors que les Winterlights battent leur plein dans les rues du centre-ville de la capitale depuis presque un mois, le quartier Bonnevoie a aussi eu le droit à sa propre magie de Noël ce week-end. Durant deux jours, le centre culturel a accueilli un marché de Noël pas comme les autres : le Vegan Christmas Market. Et comme son nom l’indique, il était dédié aux produits véganes. Dès l’entrée du centre, les effluves de nourriture se font sentir et les discussions conviviales se laissent entendre. À l’intérieur, des tables sont aménagées comme des étales de marché. Et au milieu, des grandes tablées sont prêtes à accueillir les visiteurs pour leur repas garanti 100 % sans substance animale.
Derrière cet évènement se cache l’ASBL Vegan Society Luxembourg (VSL). «Nos missions sont de promouvoir le véganisme au Luxembourg et dans l’Union européenne, d’aider à la transition et de sensibiliser sur le bien-être animal, le changement climatique et la nutrition», résume Barbara Ujleki, actuelle présidente de l’association. Pour ce faire, VSL met en place diverses activités, telles que des cours de cuisine ou des tests «cheese and wine». L’association propose également des activités éducatives dans les écoles et entreprises et tient des stands d’informations. Et parmi toutes ces activités, leur évènement phare n’est ni plus ni moins que le Vegan Christmas Market. «C’est le plus grand évènement végane au Luxembourg, il est même assez unique dans la Grande Région», souligne Barbara. En 2023, il avait attiré 1 500 personnes. «90 % des personnes qui viennent ne sont pas véganes et viennent pour s’informer.»
Ce week-end marque la neuvième édition du marché de Noël végane. Et pour la première fois, il se tient sur deux jours : «Ce sont les gens qui nous ont demandé de le rallonger», se réjouit Barbara. Ce qui tombe bien, vu le temps pluvieux et maussade du week-end. «Apparemment il n’y pas vraiment de marché de Noël en intérieur, alors les gens sont contents de pouvoir se réfugier ici!» Une fois à l’intérieur du centre culturel, les visiteurs ont l’occasion de découvrir les offres véganes existantes dans le monde de la restauration luxembourgeoise. «L’autre objectif de notre marché, c’est d’offrir l’opportunité aux petites entreprises de tenir un stand et de se montrer», explique la présidente. Sur les 42 stands présents, la majorité sont luxembourgeois, et les autres viennent de la Grande Région.
Pâtisseries, fromages et plats véganes…
À l’instar de José, un pâtissier venu au marché pour se faire connaître. Il travaille dans ce domaine depuis une quinzaine d’années. Mais il y a trois ans, il s’est lancé le défi de pâtisser végane pour ses amis qui l’étaient devenus. «Je fais des gâteaux et des pâtisseries classiques, mais version végane», présente-t-il. Sur son stand, sablées de Noël, cake et cookies allèchent les visiteurs les plus gourmands. «Le baamkuch a beaucoup de succès!» Dans son frigo, de la Forêt-noire et des bûches sont également prêtes à être savourées. «Je veux aussi montrer aux gens que c’est possible de faire de la pâtisserie végane fine et plus travaillée», explique-t-il.
Juste en face de José, Yannick, le cofondateur du Petit Veganne, tient également son stand, et ce, depuis plusieurs années. Des petits carrés de fromages sont disposés sur des planches en bois, prêts à être dégustés par les visiteurs curieux. «Le fromage, c’est souvent ce qui retient les gens de devenir végane», note Barbara. Pourtant, des alternatives très ressemblantes existent, à l’instar de ces fromages réalisés à partir de noix de cajou. «Ils sont réalisés avec les mêmes méthodes que du fromage classique, c’est simplement la base qui change», souligne Yannick. Camembert, bleu et même chèvre… Les goûts sont là. «Tout est réalisé avec amour», sourit-il. Pour lui, le marché est une manière d’échanger et de partager avec ses clients, ce qu’ils n’ont pas toujours l’occasion de faire lorsqu’ils sont dans leur atelier à Sarreguemines.
C’était aussi l’occasion pour divers restaurants véganes de régaler les visiteurs. Dans un coin du centre, Rawdish, l’enseigne de plats à emporter, propose plusieurs plats de tous horizons. Son best-seller : le goulash, qui part à toute vitesse. «Les gens s’imaginent que manger véganes, c’est manger des légumes cuits à l’eau, alors que la cuisine végane peut être très gourmande», souligne une serveuse. Même son de cloche pour Joey qui tient un stand pour le Café Miche, un établissement de Diekrich. «Il y a des options véganes dans le Nord aussi», rigole le jeune restaurateur. Lui a préparé des plats plus classiques pour montrer qu’il est possible de les véganiser : mac and cheese, pâtes à la bolognaise, kebab… Ce qui a beaucoup de succès : «Samedi, j’ai préparé 10 kilos de kebab, ils sont partis en 2 h!»
«Une philosophie de vie éthique»
Et le véganisme, ce n’est pas qu’une question d’alimentation. «C’est aussi une philosophie de vie éthique», appuie Barbara Ujleki. Alors, au milieu des stands de nourriture se tiennent également des stands d’objets en tout genre : vêtements, bijoux, produits cosmétiques… «De quoi faire des cadeaux de Noël!» Gamze tient l’un de ces stands avec ses sacs en cuir végane. Designer de métier, elle a créé sa marque il y a six ans. Et même si elle n’est pas elle-même végane, elle a choisi des matières qui le sont : «Elles sont très durables, tout autant que du vrai cuir, le tout sans souffrance animale», dit-elle. C’est sa première fois au Vegan Christmas Market. «C’est l’occasion de rencontrer la communauté. C’est chouette de discuter avec les gens et de leur expliquer mes produits», se réjouit-elle.
À quelques pas de là, nous rencontrons Natalia Jeneral. Cela fait maintenant cinq ans qu’elle est devenue végane. Lorsqu’elle a fait la transition vers le véganisme, elle a emmené ses enfants avec elle dans l’aventure. Ce week-end, elle est au marché de Noël avec eux pour présenter son livre The Life of Nia – An inspiring plant based journey. «Il n’y a pas de livres pour enfants sur le véganisme», constate la mère de famille. Alors, pour casser le mythe du véganisme mauvais pour les enfants et changer les mentalités, elle s’est inspirée de sa propre histoire et a écrit ce livre. «Nous le présentons ici pour propager notre message positif : on peut avoir des enfants, être végane et heureux», sourit Natalia.
«Nous essayons d’avoir des produits divers», explique Barbara. Parce que c’est bien là tout l’intérêt du Vegan Christmas Market : exposer des produits qui ne sont pas présents sur les marchés de Noël traditionnels. «C’est ce qui fait notre succès, les gens s’intéressent de plus en plus au véganisme.» La présidente de Vegan Society Luxembourg souhaiterait que leur évènement incite les communes à faire de la place à ces entreprises dans les marchés de Noël futur, afin de diversifier l’offre.