Le délai aura été respecté : deux semaines après le début des discussions entre la direction, les syndicats et les représentants du personnel chez SES, un plan social a été signé. Mais d’autres licenciements se profilent déjà à l’horizon.
L’objectif a été atteint, mais laisse toutefois un goût amer. Le 28 novembre, Julie Roden, secrétaire centrale de l’OGBL voulait «faire baisser le chiffre de 80 postes concernés» par le plan social du géant des satellites luxembourgeois, SES. Si la mission est accomplie, avec 68 personnes touchées désormais, les syndicats restent furieux.
En effet, le soulagement devrait être de courte durée, fustigent l’OGBL et le LCGB dans un communiqué diffusé hier matin. «D’autres suppressions d’emplois au sein du groupe se profilent déjà à l’horizon avec la prochaine intégration d’Intelsat, prévue au deuxième trimestre 2025», précisent-ils.
Des licenciements à venir qui visent, selon la direction de l’entreprise basée à Betzdorf, à «placer l’opérateur sur une base compétitive et durable», tout en assurant que l’entreprise sera «cohérente avec les modèles en vigueur au niveau global et avec ceux de ses concurrents».
Une justification qui ne passe pas auprès des syndicats. Très en colère, l’OGBL et le LCGB dénoncent les agissements de l’entreprise, qui «laisse à nouveau tomber ses salariés» : «Au cours des quatre dernières années, SES n’a fait preuve d’aucune loyauté ni d’aucun engagement à l’égard de son personnel ou bien encore de l’économie locale dans laquelle elle opère.»
Le gouvernement à nouveau critiqué
En supprimant 68 postes, la direction de SES affirme pouvoir réduire sa masse salariale de l’ordre de 4 millions d’euros par an. Un argument là aussi balayé par les syndicats, qui soulignent qu’en 2023, «les cadres supérieurs de SES ont reçu au total 11,5 millions d’euros». Et de rappeler que «les 68 suppressions d’emplois s’inscrivent à la suite de plusieurs plans de maintien dans l’emploi entre 2020 et 2024 qui ont coûté au total plus de 12 millions d’euros financés par l’État».
Mais la direction de SES n’est pas la seule responsable. L’État en prend aussi pour son grade. Dès le mois d’août, les syndicats avaient en effet demandé des engagements clairs de la part du gouvernement, qui détient 17 % de SES et dispose d’un tiers des droits de vote. «Le gouvernement luxembourgeois est une nouvelle fois resté passif tout au long des négociations du plan social et soutient, par ailleurs, pleinement le programme de délocalisation du groupe.»
L’annonce de ce plan social est un coup dur à quelques semaines des fêtes de fin d’année, alors que les 674 collaborateurs que compte l’entreprise sont à bout, après avoir déjà supporté trois restructurations importantes ces dernières années, doublées de plans de maintien dans l’emploi.
La direction de SES souhaite externaliser ses services vers l’Inde, mais devrait conserver son siège social au Luxembourg. Par le passé, la société avait lancé plusieurs restructurations, toujours en interne, jusqu’à l’ouverture de bureaux en Roumanie après la crise sanitaire en 2020. Mais il ne s’agissait là que d’une poignée de postes. «Cette fois, c’est différent. SES veut s’implanter pour de bon sur le marché indien et externaliser massivement ses services vers ce pays.» À quel prix?
Des mesures sociales appliquées
Sur les 68 personnes licenciées au Grand-Duché, près de deux tiers ont plus de 40 ans. Sous réserve de l’approbation de la part des autorités publiques, des mesures sociales telles que la préretraite ajustement, un budget de formation en vue d’un potentiel réemploi externe ainsi qu’un programme de redéploiement interne vers des postes vacants (actuels et futurs) au sein de différentes entités de SES seront mises en place, ont encore précisé les syndicats.