La défense des cinq prévenus a répliqué au réquisitoire du parquet et a vivement critiqué « la théorie » de son représentant. La veille, il avait conclu à l’association de malfaiteurs.
Haytem a été scalpé à la machette à Pétange
Attaque à la machette : les prévenus entretiennent la confusion
Attaque à la machette à Pétange : le parquet retient la tentative d’assassinat
Il fallait s’en douter : les avocats des cinq prévenus ont contesté le réquisitoire du parquet dans cette affaire d’attaque à la machette à Pétange. Mardi, le substitut du procureur avait conclu à une tentative d’assassinat perpétrée sur la personne d’Haytem par une association de malfaiteurs. Le magistrat a requis des peines de réclusion criminelle de 14 ans contre Sami, qui a asséné le coup, de 12 ans contre le commanditaire présumé, Chamseddine et Ahmed ainsi que de 10 ans contre le chauffeur.
Les faits, qui remontent au 5 février 2022, ont eu lieu sur fond de trafic de stupéfiants et de ce qui ressemble à une guerre de territoire entre Mohamed et Saïf. Pour le tribunal et le parquet, Mohamed aurait voulu donner une leçon à Saïf en attaquant son frère, mais la preuve formelle d’une action commanditée manque au dossier. Mohamed prétend ne pas s’être trouvé sur les lieux alors que ses coprévenus l’ont mouillé dans leurs témoignages.
«La théorie du parquet est hasardeuse»
Ils ont indiqué à la barre de la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg avoir été manipulés par ce dernier sans pour autant le désigner comme le donneur d’ordre. Ils ont tous plus ou moins savamment tourné autour du pot pour en dévoiler le moins possible et ont tous fait une gigantesque ellipse dans leur récit des faits au point parfois de se contredire et de brouiller encore davantage les pistes.
Un flou qui représente une voie royale pour leurs avocats. Me Knaff, l’avocat de Mohamed, par exemple. «Aucun élément au dossier ne permet de relier mon client aux autres prévenus», lance-t-il avant d’ajouter que de nombreux éléments constitutifs de l’association de malfaiteurs manquent. «La théorie du parquet est hasardeuse» et «les coprévenus veulent se décharger sur mon client», selon lui. Son client n’a pas commis l’attaque et n’en a pas donné l’ordre, rien ne le relie aux armes utilisées et un éventuel mobile n’a pu être dégagé. Il a réclamé «l’acquittement pur et simple» de Mohamed.
Idem pour l’autre Mohamed. Me Hellinckx a estimé que le parquet n’avait pas, à l’exclusion de tout doute, réussi à prouver qu’il était le chauffeur de la bande. Le cas échéant, il n’avait pas eu connaissance de ce qui se préparait, selon l’avocat, qui s’est rallié aux conclusions de son confrère en ce qui concerne l’association de malfaiteurs.
Pas l’intention de tuer
Les faits n’étaient pas réfléchis. Il n’a donc pas pu y avoir association de malfaiteurs et préméditation, enchaîne Me Says. Son client, Sami, «a pris l’initiative d’entrer dans le café parce que les frères Saïf et Haytem étaient venus menacer son propre frère Chamseddine». Sous l’empire de stupéfiants, il n’aurait pas réussi à contenir sa rage avant de frapper Haytem, mais n’aurait jamais eu l’intention de le tuer. Le jeune devrait tout au plus être condamné pour coups et blessures volontaires.
Ahmed se serait, quant à lui, «trouvé au mauvais endroit au mauvais moment» et en mauvaise compagnie. Selon son avocate, arrivé un mois plus tôt dans la région, le jeune homme n’était pas au courant des plans de la bande et n’a joué «qu’un rôle passif à l’entrée du café». «Il a pris la batte de baseball par réflexe en suivant le mouvement», a-t-elle noté avant de contester, comme ses confrères, les accusations et de demander au tribunal de retenir seulement «la complicité de coups et blessures volontaires» à sa charge.
Me El Handouz, qui défend Chamseddine, plaide également en faveur des coups et blessures volontaires et d’une peine correctionnelle. Elle s’est jointe aux conclusions de ses collègues quant à l’association de malfaiteurs. «Rien n’a été préparé à l’avance», l’attaque était le fruit du hasard. «Comme mon client a rejoint le groupe bien après, il n’a pas pu prendre part à une quelconque préparation, si préparation il y a eu», a-t-elle précisé. «Il ne savait pas que son frère s’était armé d’une machette.» Il n’aurait jamais eu l’intention de tuer Haytem. Il était juste équipé d’un pistolet à air comprimé et «a écrit espérer qu’il n’allait pas mourir».
Comme ses deux confrères avant elle, Me El Handouz a sollicité une peine n’excédant pas les deux ans de détention préventive déjà effectués par son client ou assortie de sursis pour tout ce qui dépasse cette durée.
Le prononcé est fixé au 15 janvier.