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D’anciens employés volaient des outils à Bauhaus Luxembourg


Trois profils Facebook ont interpellé un employé, qui a alerté sa direction. (photo archives LQ)

Comme si de rien n’était, un employé faisait passer des caisses d’outils par-dessus la clôture à des complices pour les revendre à un prix défiant toute concurrence sur Facebook.

Des outils disponibles à Bauhaus Luxembourg étaient vendus à prix cassés sur Facebook par trois profils différents. Une concurrence qui a déplu fortement à l’entreprise d’outillage, qui a décidé d’engager un détective privé avant d’avertir la police à l’été 2020. Un ancien employé de l’entreprise est accusé d’avoir préparé les outils que deux complices venaient récupérer à l’extérieur du site pour les revendre.

Leur petit manège n’est pas passé inaperçu. La police a retrouvé les trois auteurs présumés en partie grâce à des images de vidéosurveillance, à leurs téléphones portables qui ont borné sur la zone, à des écoutes et à la dénonciation de l’ancienne petite amie de l’un d’eux. Entre 2019 et 2020, l’équivalent de 233 000 euros de matériel manquait dans les caisses de Bauhaus Luxembourg. «Ce qui ne signifie pas que les prévenus aient volé tout ce matériel», note un enquêteur de la police.

Elvis et Haris revendaient les objets. Un deuxième Haris servait de chauffeur. Ils sont accusés de vols et d’association de malfaiteurs. «J’avais peur de perdre mon emploi. C’était un moyen de gagner un peu d’argent à mettre de côté. Au final, j’ai dû en tirer 3 000 ou 4 000 euros», témoigne Haris.

«Nous ne l’avons pas fait plus de cinq fois. On remplissait une voiture avec une dizaine de machines professionnelles.» «Tout était divisé en trois. Nous avons dû gagner au total pour 12 000 ou 13 000 euros en revendant les machines», explique Elvis, qui regrette d’avoir «déçu des gens qui avaient confiance en moi».

Bavard, le jeune homme de 37 ans confie avoir «déjà vu des gens voler dans le magasin». C’est de là que leur est venu l’idée de monter leur coup. «On avait tous besoin d’argent. Je suis arrivé ici seul, sans papiers et sans travail», indique le chauffeur de 23 ans. «Pour moi, à l’époque, c’était une façon comme une autre de gagner un peu d’argent. Au maximum, cela m’a rapporté 2 500 euros.» Il se rappelle avoir chargé des boîtes dans la voiture à trois ou quatre reprises. De petites boîtes et de grandes boîtes.

«Tout part d’Elvis»

«Tout part d’Elvis», estime le représentant du ministère public. «En commettant un vol domestique et un vol qualifié, il a brisé la relation de confiance que ses anciens employeurs avaient placée en lui. (…) L’inventaire a laissé présumer les vols. Ce n’était pas que la boîte qui est tombée du camion.»

Leur mode opératoire aurait été classique et éprouvé par d’autres dans de nombreuses entreprises luxembourgeoises. La seule zone d’ombre au dossier concernerait les sommes exactes engrangées par les trois prévenus.

Le magistrat a retenu l’association de malfaiteurs à leur encontre et a requis des amendes et des peines de prison allant de 24 mois pour le chauffeur à 36 mois de prison à l’encontre des deux autres prévenus. Toutes assorties du sursis intégral étant donné leurs aveux et «leur repentir sincère».

Les avocats des prévenus ont tous contesté l’association de malfaiteurs et la durée des peines requises. Le doute doit, selon eux, profiter aux accusés qui depuis vivent des vies stables et rangées. «Ils se contredisent entre eux sur les gains réalisés», a noté Me Hübsch. «Il n’y a pas de hiérarchie établie ni de distribution au préalable des rôles», ajoute Me Gomes Matos. «Ni d’accord sur la répartition des sommes d’argent. Rien ne justifie de retenir l’association de malfaiteurs dans ce dossier.»

Un deuxième employé accusé

L’enquête a également permis de débusquer un deuxième employé de l’entreprise, qui a reconnu avoir volé lui aussi du matériel à son ancien employeur. «Trois machines», reconnaît ce dernier face à la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. L’enquêteur estime qu’il a pu y en avoir plus, d’après les écoutes réalisées dans l’affaire précédente. Elvis et lui auraient partagé les recettes de ces vols.

«Elvis est venu me parler et je me suis laissé convaincre. Je ne sais pas pourquoi. Cela a été une action unique», a confié Dennis au tribunal. «J’ai caché du matériel pour lui et j’ai reçu 350 euros en contrepartie. Il est revenu à la charge, mais j’avais des problèmes de conscience.» «Je vais relire tous vos échanges avec Elvis. J’espère pour vous que vous n’êtes pas en train de minimiser les faits», lui conseille le président. «Quelle mouche vous a piqué ?»

Le représentant du ministère public requiert une peine de six mois de prison assortie du sursis intégral et une amende appropriée à son encontre. Son avocat demande au tribunal de ne le condamner qu’à une amende ou à du travail d’intérêt général.

Les prononcés sont fixés au 16 janvier.