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Pour le Swift, après la grève, la parodie?


Emmanuel Da Costa sera-t-il en capacité d’aligner une équipe réellement compétitive, face au Progrès?

BGL LIGUE (15e JOURNÉE) Forfait dimanche dernier suite à une grève de ses joueurs, le superpuissant Swift est menacé d’être rayé de la carte de la DN en cas de nouveau coup de Trafalgar. Cela n’arrivera pas. Mais à quel prix? Le Progrès, lui, est prêt à prendre les trois points.

À la sidération du dimanche 1er décembre et sa grève (pas vraiment) surprise des joueurs du Swift, va succéder, on en est presque certain, ce dimanche 8 décembre, la version scandaleusement «cheap*» d’un choc qui n’intéresse plus le pays que pour une chose : quelle équipe Hesperange va-t-elle bien pouvoir aligner?

Parce que l’on cherchera à y deviner les décisions restées secrètes qui ont été prises par les dirigeants. Qui a été exclu? Qui a accepté de «collaborer»? Y aura-t-il des juniors sur la pelouse, ou même une organisation spéciale pour remplacer une équipe par une autre si la première fait défection?

Bref, ce n’est plus vraiment du football, mais bel et bien un soap-opera – assez humiliant pour le champion 2023 – qui se jouera ce week-end, et il n’est pas exclu que la deuxième claque soit encore plus violente que la première pour le football luxembourgeois.

Pour le Swift, la cause semble entendue : c’est une saison perdue et qui va laisser des traces, ne serait-ce que par la capacité à recruter du club le plus dépensier du pays. Qui, en effet, viendra désormais dire oui à un projet discrédité par l’effectif actuel?

Qui va accepter de jouer, dimanche?

Au-delà, on imagine mal ce groupe se relever de cet hallucinant moment de révélation officielle des conditions de travail au Holleschbierg. Tout le monde est au courant depuis longtemps de la situation de tension permanente dans le vestiaire dès que cela touche au financier, mais tant que la poussière restait enfouie sous le tapis…

À force de ne voir personne se rebeller, la DN avait fini par apprendre à vivre avec cette certitude qu’une gestion calamiteuse empêchait un effectif, programmé pour gagner tous les ans, d’y parvenir, mais pas forcément d’aller chercher l’Europe (quand l’UEFA ne l’en prive pas, en l’absence de licence).

Les joueurs qui vont prendre la suite des «titulaires», dès ce dimanche, et qui ne manqueront pas de créer une ligne de faille dans le vestiaire (parce qu’ils pourraient très bien être regardés comme des «traîtres» par les grévistes, surtout si leur «investissement» est récompensé par le versement de tout ou partie de ce qu’on leur doit), pourront-ils enclencher un cycle vertueux?

Ce serait extrêmement douteux. Car la résolution de ce problème majeur de gestion semble devoir se mener de façon aussi opaque que d’habitude. Et que la tendance en interne semble plus être de punir les grévistes que de les entendre. Bref, l’ambiance va rester atroce.

«Leurs dirigeants devaient bien se douter que les joueurs allaient finir par se rebeller», juge David Zitelli, ancien de la maison hesperangeoise, et qui était aux premières loges, le week-end passé, pour voir s’écrire par l’absurde l’histoire chaotique du football luxembourgeois. «Ils devaient penser qu’il s’agissait d’un coup de bluff, qu’ils n’allaient pas avoir le cran». Les champions 2023 ont eu le cran.

Jeff Strasser aussi, avait vécu ça

Et ce week-end, c’est le service après-vente, que fait le Swift. Et c’est sur lui que les regards sont tournés. Sauf celui de Jeff Strasser, qui cherche à faire le vide dans les têtes niederkornoises. Pas facile.

Même pour lui, qui se rappelle bien que les raisons qui l’ont poussé à quitter le Holleschbierg, à l’automne 2020, après trois mois seulement à la tête de l’équipe, ressemblaient à s’y méprendre à ce que vit Emmanuel Da Costa aujourd’hui : «Pendant deux semaines, durant une trêve internationale, les joueurs avaient refusé de s’entraîner, pour réclamer des salaires impayés. Que les dirigeants ne disent pas qu’ils ne savaient pas : c’était déjà comme ça il y a quatre ans! Mais à l’époque, il y avait des Joubert, des Schnell, des Prempeh… qui donnaient du poids aux revendications. Ils avaient l’expérience et l’autorité.»

En 2024, y a-t-il assez de poids dans le vestiaire pour entamer un bras de fer, réinstaurer un rapport de force? Le Progrès – Swift de ce dimanche en dira long, également sur la marge de manœuvre que ce club en état de crise peut s’octroyer dans son désir de montrer les muscles face aux joueurs. C’est qu’il va devoir trouver des premières licences à inscrire sur sa feuille de match.

Si les informations se confirment, Danel Sinani et Lucas Correia, deux des animateurs du secteur offensif, seraient laissés à la maison en guise de représailles, tout comme Eldin Cikotic, Noah Scheidweiler ou Ricky Delgado. La lecture des dix-huit noms, des dix-huit qui accepteront de jouer, dimanche à 17 h, vaudra presque plus que le match en lui-même.

*dévaluée