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Amnesty accuse Israël de « génocide » à Gaza dans un rapport


La secrétaire générale de l'organisation, Agnès Callamard, affirme se fonder sur des critères définis par la Convention des Nations unies sur le génocide. (Photo : afp)

L’organisation de défense des droits humains Amnesty International a publié jeudi un rapport accusant Israël de « commettre un génocide » contre les Palestiniens dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, appelant la communauté internationale à ne pas en être « complice ».

« Mois après mois, Israël a traité les Palestiniens de Gaza comme un groupe de sous-humains, indigne du respect des droits humains et de la dignité, démontrant son intention de les détruire physiquement », a affirmé la secrétaire générale de l’organisation, Agnès Callamard.

Ce rapport de 300 pages met en avant « suffisamment d’éléments pour conclure qu’Israël a commis et continue de commettre un génocide contre les Palestiniens de la bande de Gaza » depuis l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël, qui a déclenché la guerre en cours, indique Amnesty International.

L’organisation explique s’être appuyée sur des « déclarations génocidaires et déshumanisantes du gouvernement israélien », des images – notamment de satellites – qui documentent la dévastation du territoire palestinien, et des recherches sur le terrain auprès des Gazaouis entre le 7 octobre 2023 et juillet 2024. Elle affirme se fonder sur des critères définis par la Convention des Nations unies sur le génocide.

« Nos conclusions accablantes doivent servir de signal d’alarme à la communauté internationale: il s’agit d’un génocide. Cela doit cesser maintenant », a ajouté Agnès Callamard.

Amnesty pointe des « attaques délibérées sur les civils et les infrastructures civiles (…), l’usage d’armes hautement explosives dans des zones abondamment peuplées », les entraves à délivrer l’aide humanitaire dans le territoire et le déplacement forcé de 90% de sa population. Israël a rejeté à plusieurs reprises les accusations de « génocide » formulées à son encontre, accusant le Hamas d’utiliser les civils comme « boucliers humains ».

L’attaque du Hamas a entraîné la mort de 1.208 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels et incluant les otages tués ou morts en captivité.

Depuis le début de la guerre déclenchée en représailles par Israël, 44.532 personnes sont mortes à Gaza, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l’ONU.

Israël a décrété dès octobre 2023 un « siège complet » du territoire, qui compte près de 2,4 millions d’habitants, avec le mot d’ordre suivant: « Pas d’électricité, pas d’eau, pas de gaz », et impose désormais des restrictions sévères à l’acheminement de l’aide.

Les Palestiniens y sont soumis à « la malnutrition, la famine et la maladie », qui les « exposent à une mort lente, calculée », affirme Amnesty.

« Effacement » de Gaza 

Depuis l’attaque du Hamas, Israël met en avant son droit de se défendre face au mouvement islamiste palestinien, qu’il a juré d’éradiquer. « Mais soyons clairs: des objectifs militaires peuvent coïncider avec une intention génocidaire », a déclaré Agnès Callamard lors d’une conférence de presse à La Haye (Pays-Bas).

Le rapport d’Amnesty cite l’exemple de 15 frappes aériennes menées entre le 7 octobre 2023 et le 20 avril 2024, qui ont tué 334 civils dont 141 enfants, et pour lesquelles l’organisation « n’a trouvé aucune preuve qu’elles étaient dirigées vers des cibles militaires ».

Le document évoque aussi des appels de la part de responsables et soldat israéliens à « l’anéantissement, la destruction, l’incendie ou +l’effacement+ de Gaza ». Des propos qui soulignent « non seulement une impunité systémique, mais aussi la création d’un environnement qui encourage (…) de tels comportements ».

« Les gouvernements doivent arrêter de prétendre qu’ils n’ont aucune pouvoir pour mettre fin à l’occupation, l’apartheid et le génocide à Gaza », a affirmé Agnès Callamard.

« Les États qui envoient des armes vers Israël violent leurs obligations d’empêcher un génocide, et risquent d’en devenir complices », a-t-elle accusé. L’ONG a également annoncé qu’elle publierait un rapport sur les crimes commis par le Hamas lors de l’attaque du 7 octobre 2023.

Sur les 251 personnes enlevées en territoire israélien, 97 sont toujours captives à Gaza, dont 35 ont été déclarées mortes par l’armée israélienne.