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À tort ou à raison?

Pour se faire entendre et mettre la pression sur les responsables politiques, les syndicats sont obligés d’adopter un discours musclé, voire démesuré. Nora Back, la présidente de l’OGBL, n’a ainsi pas hésité, mardi soir, à affirmer qu’«on est arrivé à un point de l’Histoire où la survie de la démocratie luxembourgeoise en tant que projet solidaire est en jeu». Son homologue du LCGB, Patrick Dury, reproche, de son côté, au gouvernement et au patronat de «faire preuve d’une politique réactionnaire» et d’«appliquer un agenda destructeur qui cherche à détruire les acquis des salariés ainsi que le rôle et les droits des syndicats indépendants». 

Le différend qui oppose le camp syndical au gouvernement repose sur le cavalier seul du ministre du Travail, Georges Mischo, dans la révision du cadre légal régissant les conventions collectives. L’OGBL et le LCGB voient menacé leur droit exclusif de mener les négociations et de signer de tels accords, un principe qui est d’ailleurs inscrit dans les réglementations de l’UE et de l’Organisation mondiale du travail. Après pas mal de tergiversations du ministre de tutelle, Luc Frieden a cherché à calmer les esprits. Le Premier ministre a tenu à assurer aux syndicats qu’ils garderaient leur exclusivité. Le problème est toutefois qu’il a laissé la porte ouverte à une externalisation de certains points, à négocier directement entre les délégués du personnel et les patrons. Une flexibilisation des heures de travail pourrait-elle, par exemple, figurer parmi les éléments qui ne seraient plus couverts par une convention collective?

Une concrétisation des intentions concernant la modernisation du droit du travail, de préférence en concertation avec les syndicats, pourrait permettre de vraiment désamorcer le conflit social majeur qui s’annonce. En attendant, le patronat remet en question la légitimité des syndicats. Un point de vue qui est, du moins en partie, partagé par Luc Frieden et Georges Mischo.

Reste à savoir si cela justifie vraiment une grève générale, qui risque d’être décrétée en tout dernier lieu. Il n’est pas trop tard pour éviter l’escalade. La solution à privilégier est de renouer avec un véritable dialogue social, tant prisé par le gouvernement et défendu bec et ongles par le camp syndical.