Grosse gueule de bois sur la BGL Ligue, au lendemain de la grève des joueurs hesperangeois.
Conjuguée à sa large victoire contre Wiltz (4-1), la défection dimanche du Swift, peut-être l’équipe la plus armée sur le papier pour lui contester le titre cette saison, a permis à Differdange de prendre 11 points d’avance sur celle-ci. Mais n’allez pas croire que Fabrizio Bei, le président du FCD03, s’en félicite. «Quand Paul Philipp (le président de la FLF, présent à Differdange), m’a informé de la situation à Hesperange, j’ai immédiatement dit que c’était un jour triste pour le foot luxembourgeois.»
En particulier pour sa première division qui, sous l’impulsion de la Ligue de Football Luxembourgeoise (dirigée par la présidente du RFCU, Karine Reuter), cherche depuis quelques mois à valoriser son image auprès de partenaires potentiels, y compris étrangers. «Si un sponsor voit ça, il va dire que c’est un championnat bidon», peste le dirigeant differdangeois, par ailleurs «solidaire de Fernand Laroche», son homologue du Swift.
Car s’il «(comprend) évidemment les joueurs qui ont une famille, des enfants, un loyer, des crédits à rembourser», surtout «ceux qui vivent du football», et se doute que les «responsabilités sont partagées», Fabrizio Bei regrette que les joueurs hesperangeois aient opté dimanche pour «la dernière des solutions», laquelle «fausse le championnat» et va à l’encontre de «la mentalité sportive» et du respect dû «au public, aux adversaires, aux bénévoles et aux jeunes joueurs».
«Jouez sur le terrain et alertez la presse en dehors!»
«Jouez sur le terrain et alertez la presse en dehors!, les exhorte le président du FCD03, partisan de sanctions envers les joueurs également. Quand on est joueur, il faut mouiller le maillot. L’esprit Coubertin, ce n’est pas ça. Dimanche, j’ai vraiment eu honte d’être président d’un club de BGL Ligue. On a tous perdu. J’espère que ça ne se reproduira pas.» Mais certains, hier, se sont posés la question : et on fait quoi, si c’est une «épidémie» qui se répand sur tout le championnat à la moindre occasion?
Cela a dû être un sujet de conversation non désiré de la réunion de la LFL, hier et d’aucun ont bien admis que la crise économique les a contraints, ponctuellement, à tomber dans le retard de paiement. Au Progrès, Thomas Gilgemann le reconnaît, il a dû descendre dans le vestiaire pour sensibiliser ses joueurs à un défaut de liquidité, la saison passée. «Mais on l’a expliqué et pour ceux qui étaient vraiment embêtés, on a fait des efforts. Surtout, on leur a expliqué et c’est très bien passé».
Si la Jeunesse Esch est, de son côté, dans une situation financière critique, existe-t-il un autre «spot» au Grand-Duché où le risque d’une grève existe? Peu probable en l’état, mais plus exclu. Ce mouvement risque forcément de donner des idées à d’autres joueurs qui pourraient s’estimer spoliés. Les prochains mois pourraient être tendus entre les clubs et leurs «salariés» en cas de difficultés de paiement. Désormais, il y a une jurisprudence.