La patinoire est un lieu incontournable de la période hivernale. Nous avons suivi le directeur du complexe de Kockelscheuer pour y découvrir les secrets de son fonctionnement.
Posée sur les bords de l’étang, la patinoire de Kockelscheuer semble plongée dans son petit écrin de nature. C’est d’ailleurs grâce à ce terrain que son histoire a commencé : «Quand il y avait encore un hiver, l’étang était gelé, alors les gens venaient patiner dessus», retrace Lex Fautsch, directeur de la patinoire.
À ce moment-là, le terrain appartenait à la commune de Roeser. La Ville de Luxembourg a alors fait un échange avec elle pour pouvoir y implanter la patinoire. Elle a finalement été construite au début des années 70 et mise en service en 1974. Aujourd’hui, le complexe compte 4 000 m2 de glace répartie en trois pistes, deux grandes de 60×30 m et une petite de 45×10 m pour le curling.
Alors que la saison froide s’installe doucement, la patinoire publique a commencé la sienne depuis deux bons mois et la continuera jusqu’au mois d’avril. «Nous ne pouvons pas la faire fonctionner durant l’été, car elle n’a pas été construite pour», précise le directeur.
Ces huit mois sont ponctués de cours de patinage pour petits et grands et d’évènements, comme des soirées DJ. La deuxième patinoire construite en 2005 pour l’entraînement a connu des travaux cet été, ce qui lui permettra de tourner toute l’année.
Il n’est que 11 h lorsque Lex Fautsch commence à nous faire visiter le complexe, fermé au public à cette heure-ci. La glace est encore déserte de patineurs… Ce qui n’est pas représentatif de sa fréquentation : «110 000 visiteurs publics sur une année», chiffre le directeur. Parmi ces visiteurs, jeunes, familles et écoles se confondent et peuplent les lieux tout au long de la saison.
En plus des visiteurs, 7 clubs de sport pour un total de 1 000 membres s’entraînent à Kockelscheuer. «Les sports de glace se développent de plus en plus, il y a beaucoup de demandes aujourd’hui.» Et pour accueillir tout ce beau monde, cela demande du travail.
Des couches et des couches
«On peut faire une patinoire de mille façons, mais pour avoir une bonne glace, il faut vraiment s’investir», souligne Lex Fautsch. Parce qu’une patinoire, ce n’est pas qu’une simple couche d’eau gelée. Sous la glace, des installations techniques sont mises en place pour garantir la dureté et la bonne température de la glace.
«Nous avons une grande équipe technique qui prépare la glace pour avoir la meilleure qualité possible.» D’autant plus que ces données dépendent des différents sports pratiqués. «Pour le curling, la glace doit être lisse et recouverte de gouttelettes pour que la pierre puisse glisser», illustre le directeur.
Pour nous expliquer le fonctionnement, Lex Fautsch nous fait d’abord monter sur la glace : «Sous nos pieds, il y a une dalle en béton de 20 cm et 20 km de tuyauterie.»
Dans ces tuyaux, deux produits circulent : du glycol, le transporteur de froid, et de l’ammoniac. La dalle en béton est réfrigérée à -10 °C. Une fois cette température atteinte, une couche d’eau est coulée dessus. «Ça, c’est notre colle. Il n’y a rien qui colle mieux que de l’eau sur la glace», explique le directeur.
Pour donner son aspect blanc à la patinoire, une poudre de craie est mise en place, sur laquelle une autre couche d’eau est coulée pour fixer le tout. C’est à ce moment-là que les marquages peuvent être incrustés. «Quand on a tout ça, on continue à mettre des couches d’eau dessus. C’est un peu le secret pour avoir une bonne glace», glisse-t-il.
La patinoire est ensuite refaite et lissée grâce à une surfaceuse. «C’est le top du marché», dit fièrement Lex Fautsch. Cette machine dernier cri permet de couper la première couche de glace abîmée, sort la neige de la piste et remet de l’eau pour créer une nouvelle couche de glace.
Pour recouvrir la surface d’une grande piste, il faut environ 1 000 litres d’eau. «Elle fait plusieurs travaux en même temps.» Mais manipuler cette surfaceuse n’est pas du tout chose aisée : «C’est une énorme brique, on ne voit rien du tout !»
Des tunnels de glace
Pour faire tourner ce complexe, toute une machinerie se cache en coulisses. Après avoir visité les parties ouvertes au public, nous suivons le responsable dans ces recoins cachés et indispensables à la patinoire.
À l’arrière du bâtiment, Lex Fautsch nous fait entrer dans la «salle des machines». Le système de surveillance est affiché sur un écran. «Il permet de vérifier que tout fonctionne correctement, de voir l’état des machines et ce qu’elles font.»
Ces fameuses machines se cachent derrière la porte, là où la centrale de production de froid nous attend. «Ici, c’est le cœur de la patinoire. Sans tout cela, il n’y a tout simplement pas de glace», commente Lex Fautsch.
Compresseur à gaz, échangeur de températures, pompes à glycol, réservoir d’eau de sécurité… Tout y est pour créer la glace et garantir son bon état. Dans une autre salle, le système de ventilation permet quant à lui de garder les pièces des bâtiments à la bonne température et au bon taux d’humidité pour éviter la condensation de la glace grâce à un radiateur qui refroidit et déshumidifie, à un chauffage qui chauffe sans humidifier et à un filtre pour filtrer l’air et le nettoyer.
Nous finissons la visite en nous engouffrant dans un long et étroit tunnel situé sous les patinoires. Alors que nous avançons, l’air y devient de plus en plus froid. L’atmosphère y est presque irréelle.
Les tuyaux accrochés des deux côtés du mur sont complètement gelés. «Ce sont les collecteurs dans lesquels passe le glycol, ils font toute la longueur des pistes. C’est l’humidité de l’air qui se pose dessus et gèle au contact du froid», explique le directeur. Des stalagmites sont même formées au sol, donnant un air d’excursion de grotte à la visite.