Sans club depuis fin juillet et son départ du Vietnam, le défenseur central international Tim Hall (27 ans) se prépare au Grand-Duché en vue du mercato hivernal. Sans exclure un retour définitif au pays.
Votre dernier match officiel, une finale de Coupe du Vietnam perdue avec le FC Hanoi, remonte au 7 juillet. Comment allez-vous, physiquement et moralement?
Tim Hall : Ça va très bien. Je suis au Luxembourg depuis fin juillet, quand je suis revenu du Vietnam. Après quatre-cinq mois sans jouer, mon état physique n’est pas top, ce qui est logique, mais j’essaie de garder la forme. Je m’entraîne individuellement pour garder. Mais une fois que je signerai quelque part, je retrouverai la forme en deux semaines.
Pourquoi ne pas vous entraîner avec un club luxembourgeois pour garder davantage de sensations?
Plusieurs clubs me l’ont proposé, mais il y a toujours un risque de blessure. Encore plus sur une période de six mois. À partir de décembre, je vais m’entraîner encore plus, après quoi je serai prêt pour partir.
En attendant, à quoi ressemblent vos journées? Comment vous entretenez-vous?
Je vais courir, je joue beaucoup au squash et au padel avec des proches, et je fais un peu de musculation. Bien sûr, les entraînements collectifs, c’est autre chose que d’aller courir dans la forêt, faire du fractionné ou de la muscu tout seul, mais laissez-moi deux semaines avec un groupe, et je serai de retour. Ce n’est malheureusement pas la première fois que je vis ça : après les faillites du Lierse (alors en D2 belge) et du Karpaty Lviv (D1 ukrainienne)*, c’était la même chose mais j’avais vite repris le rythme.
Où espérez-vous rebondir? Avez-vous des marchés préférentiels?
Je ne vise pas de pays en particulier, mais il faut un certain niveau quand même. Je ne vais pas aller n’importe où. Le sportif et le financier doivent matcher.
Revenir dès à présent en BGL Ligue n’est donc pas dans vos projets?
Ça dépend des offres qui arriveront en janvier, mais je ne vais pas partir juste pour dire que je suis pro à l’étranger si c’est pour jouer dans un championnat pas intéressant, pour un salaire pas intéressant. Dans ce cas, il vaut mieux que je reste au Luxembourg et que commence ma vie ici. Je vise l’étranger, mais il y a certains critères financiers et certains critères sportifs.
Votre choix de rejoindre la D1 vietnamienne à tout juste 27 ans a pu interroger, au printemps dernier. Que vous a apporté cette expérience?
Sur le plan sportif, disons que j’ai eu l’occasion de me montrer en Asie, sur un marché totalement différent du marché européen. Je ne vais pas cacher que le niveau du foot vietnamien n’est pas « wow!« , mais ils m’ont fait une offre financière que je ne pouvais pas refuser.
Le niveau du foot vietnamien n’est pas « wow! », mais ils m’ont fait une offre financière que je ne pouvais pas refuser
Pourriez-vous envisager de retourner en Asie?
C’est fort probable, car aller au Vietnam faisait partie d’un plan, d’une stratégie que j’avais établie avec mon agent. Mon coach là-bas était un ancien grand joueur japonais (Daiki Iwamasa, 8 sélections), qui a disputé une Coupe du monde (2010, sans entrer en jeu). Il a quitté le FC Hanoi en même temps que moi, va rentrer au Japon où il a déjà coaché, et l’idée est de continuer avec lui, car à mon avis, il va retrouver un club, soit de voir ce qui est faisable en Asie. Je reste en contact avec lui, mon agent aussi. On se respecte énormément, et on s’apprécie. Mon club m’appréciait aussi, et voulait que je reste plus longtemps. Mais je ne voulais pas, alors on s’est mis d’accord financièrement pour qu’ils me payent jusqu’à fin de l’année.
C’est, pour le coup, une démarche assez rare.
Ils m’ont dit que j’étais l’un des seuls Européens qui avoir su s’adapter au pays. Le climat, l’humidité, là-bas, c’est wow… j’étais choqué et surpris de voir à quel point il peut faire chaud! Lors de mon premier match, à la fin de l’échauffement, je me suis dit : « Merde, j’ai l’impression d’avoir fait un marathon« , alors que j’avais fait un échauffement de 20 minutes! Ils disaient qu’en général, les Européens n’y arrivaient pas. Moi, j’ai eu du mal, mais j’ai réussi à m’acclimater, et ils ont aimé mon travail.
Au niveau humain, que retenez-vous de votre passage au Vietnam?
C’était une expérience comme j’en ai fait beaucoup, mais c’est vrai que là, on parle de l’Asie. La première fois que j’y suis allé, c’était comme un autre monde pour moi. Si on n’a jamais été en Asie et qu’on va au Vietnam, surtout à Hanoï qui est une ville très chaotique, c’est quelque chose qu’on ne peut pas imaginer en tant que Luxembourgeois qui vient du Luxembourg. C’était très difficile à vivre mais, en revanche, c’était une belle expérience, dans un pays très beau par certains côtés, qui m’a permis de voir beaucoup de choses et de changer ma vision de la vie, ma façon de penser. C’est ce que je dis toujours à ma famille, à mes amis : on ne se rend pas compte la chance qu’on a de vivre au Luxembourg.
Avez-vous des touches concrètes en Asie, ces temps-ci?
Non, mais ça va commencer au mois de décembre à mon avis. En Europe non plus. J’étais en contact avec quelques pays, mais c’était vraiment léger, pour tâter le terrain. Là aussi, je pense que ça va plus bouger vers décembre. Quelques clubs au Luxembourg m’ont contacté, mais je leur ai dit que ce serait à voir fin janvier, si je prends la décision de rester au pays ou pas, si je n’ai pas trouvé le projet qui me convient à l’étranger.
Quelques clubs au Luxembourg m’ont contacté, mais je leur ai dit que ce serait à voir fin janvier
Dans tout cela, gardez-vous l’équipe nationale dans un coin de la tête?
Non, pas du tout. J’ai tourné la page. J’ai fait partie de l’équipe nationale pendant des années et ai toujours été irréprochable dans le sens où je suis toujours allé là-bas, j’ai toujours été pro, j’ai toujours fait mes entraînements, et j’ai rarement eu ma chance. Et quand je l’ai eue, comme quand on a perdu 3-2 en Serbie (en novembre 2019 en éliminatoires de l’Euro-2020), j’ai été correct voire très bon et derrière, je n’ai plus jamais joué. J’ai eu du mal à comprendre, on ne m’a jamais expliqué pourquoi. Malgré ça, on m’a rappelé plusieurs fois, je suis constamment revenu, mais la cerise sur le gâteau, c’était en juin 2023, lors du match amical contre Malte (défaite 0-1). J’étais titulaire indiscutable en D1 hongroise (à Ujpest), et on a préféré faire jouer – avec tout le respect que je leur dois – des gamins qui jouaient en U17, en U19, en Regionnaliga (la D4 allemande) voire en D5 française…
Comment envisagez-vous les quelques années qui viennent?
Comme je l’ai dit précédemment, je ne vais plus aller n’importe où à l’étranger juste pour dire d’y être et de dire : « Je suis pro« . Le niveau, le pays et le salaire sont les trois critères que je vise vraiment. Un retour à Chypre pourrait m’intéresser : j’ai gardé de bons contacts là-bas avec des joueurs et des coachs. Maintenant, tout va dépendre des offres que je vais avoir. On vit aussi dans un monde « problématique« : l’an passé, j’ai eu plusieurs offres d’Ukraine, et j’avais refusé tout de suite. Je ne veux pas me mettre en danger. En résumé, c’est un tout : ce n’est pas juste « un club, une offre« . Il y a plusieurs critères. Avec l’âge, on grandit. Je suis parti à 14 ans à Liège, depuis, je suis à l’étranger et aujourd’hui, j’ai beaucoup d’expérience.
* Il s’est également retrouvé plusieurs mois sans club après ses départs du Wisla Cracovie (D1 polonaise) en janvier 2021 et de l’Ethnikos Achnas (D1 chypriote) en juillet 2022.