Une nouvelle convention collective dans le secteur de l’aide et des soins vient d’être signée. Pour les quelque 6 000 salariés concernés, c’est une belle avancée. Ils ont d’autres revendications.
En octobre 2023, une pétition publique réclamant plus de considération pour le métier d’aide-soignant avait réuni un nombre suffisant de signatures pour aboutir à un débat à la Chambre des députés. Il a eu lieu en avril dernier et les pétitionnaires avaient eu l’occasion d’évoquer les possibilités de progression de carrière, la reconnaissance de la diversité des compétences, leur rémunération et les problèmes de recrutement auprès des jeunes afin d’assurer la relève.
Les députés s’étaient mis d’accord pour organiser une commission jointe et inviter les représentants des ministères concernés, afin de clarifier les positions de chacun sur la manière de faire évoluer la profession d’aide-soignant. En attendant, le secteur de l’aide et des soins (SAS), qui regroupe environ 6 000 salariés, peut se réjouir de la nouvelle convention collective qui vient d’être signée par le patronat, représenté par la Copas, la Daachverband vun de Lëtzebuerger Jugendstrukturen (DLJ), la Fédération des acteurs du secteur social au Luxembourg (Fedas), et les syndicats OGBL et LCGB. Elle entrera en vigueur le 1er janvier pour une durée initiale de trois ans.
«La nouvelle convention collective introduit des améliorations significatives visant à renforcer l’attractivité du secteur des aides et des soins», indique un communiqué commun. Cela inclut une revalorisation avec une augmentation de 5 points linéaires pour les carrières C1, C2 et C3. L’accord prévoit en juin 2025 le versement d’une prime unique de 3 670 euros à chaque salarié sous contrat au 1er janvier 2025, au prorata de son temps de travail. Cette prime concerne tous les salariés, alors que les infirmières ne sont pas concernées par la revalorisation de carrière.
«Nous aurions aimé bénéficier d’une augmentation, mais ce n’est pas le cas dans cette nouvelle convention. En revanche, nous sommes déjà contents d’obtenir cette prime ainsi que le pécule de vacances», témoigne Martine, une infirmière ayant quitté l’hôpital où elle travaillait pour rejoindre une maison de retraite. Lors de ce transfert, elle avait perdu le pécule de vacances dont elle bénéficiait avec la convention de la Fédération des hôpitaux (FHL), plus avantageuse que celle du SAS.
Elle le retrouvera à partir de 2025, vu que la nouvelle convention collective introduit l’attribution au prorata de la tâche d’un pécule de vacances équivalant à 42 points indiciaires, payable annuellement en juin. Pour tout le monde.
SAS, FHL : harmoniser le secteur
Les parties signataires de la convention reconnaissent que l’existence de deux conventions collectives sectorielles, FHL et SAS, avec des modalités et des conditions de travail différentes, «entraîne des inégalités importantes entre les salariés exerçant les mêmes professions». Leur but est donc de contacter toutes les parties prenantes en vue de lancer un processus visant à harmoniser les conditions de travail, ce qui permettrait la mise en place d’une convention collective commune FHL-SAS. «Une seule convention collective pour les deux secteurs constituerait la base de création de synergies afin de faire face à la pénurie de main-d’œuvre et de garantir un traitement équitable des collaborateurs», relèvent les signataires.
«Le but est que les soignants et les infirmières puissent aller travailler un peu partout, parce qu’il y a une pénurie de personnels dans tous les établissements et dans les soins à domicile», souligne Martine. Quand elle a quitté l’hôpital où elle a travaillé près de vingt ans, elle est passée d’une convention à une autre. «Quand on quitte la FHL pour le SAS, on conserve 100 % de notre ancienneté, alors que dans l’autre sens, on ne peut garder que 50 % d’ancienneté. Mais le travail reste le même», poursuit-elle.
Avec cette nouvelle convention, une partie des revendications des aides-soignants a été comblée. Le montant de 3 600 euros brut mensuels en début de carrière pouvait être revu à la hausse, mais c’est surtout la reconnaissance de leur métier, la formation et l’évolution de carrière qui les préoccupaient en premier lieu. Contrairement à d’autres pays, le Luxembourg ne permet pas aux aides-soignants d’emprunter des passerelles pour les mener vers une carrière d’infirmier.
«Non pas que tous les aides-soignants veuillent devenir infirmiers, mais cette possibilité devrait leur être offerte», exprimait Kim Jaeger, un des pétitionnaires.