Le parti Fokus veut, entre autres, ajuster la retraite en fonction du nombre d’enfants du pensionné qui sont actifs sur le marché du travail luxembourgeois. Et introduire un revenu citoyen.
Il n’est pas forcément très visible dans l’actualité politique vu qu’il n’a aucun mandat national ou européen, mais le parti Fokus présidé par Marc Ruppert a une position arrêtée sur tous les grands sujets qui agitent le pays. Sur le débat relatif à l’avenir des retraites, il estime, par exemple, qu’il n’y a pas «d’urgence immédiate quant au fait de réformer le système en profondeur». Fokus juge que la réforme de 2012 a déjà prévu des ajustements qui entraîneront quelques détériorations.
Le fait que le gouvernement ne propose pas de solutions, actuellement, prouverait que le système des pensions n’appelle aucune réforme immédiate. Si c’était le cas, il aurait pris des décisions sans lancer de débat, comme il l’a fait pour l’interdiction de la mendicité. Ce qui fait dire à Fokus que le sujet des retraites est un «faux débat».
Pour autant, le parti cofondé par Frank Engel saisit l’occasion «pour initier une discussion absolument nécessaire sur la croissance au Luxembourg et l’intégrer dans le débat sur les retraites». Pourquoi? Parce que le système actuel par répartition repose sur le fait que le nombre croissant de montants à verser, de plus en plus destinés aux retraités à l’étranger, est généré par une population active sur le territoire luxembourgeois et a besoin d’une croissance constante de travailleurs.
Ce n’est pas la première fois que Fokus pointe le doigt sur les coûts indirects, toujours plus élevés, que ce modèle entraîne. Sans être opposé à la croissance, le parti la veut «honnête et durable». «La croissance actuelle, basée sur un nombre toujours croissant de travailleurs frontaliers et d’immigrés, nous semble insoutenable», écrit-il dans sa prise de position.
Le parti fait le calcul entre les investissements en infrastructures destinés à gérer le flux de frontaliers et l’augmentation du nombre de retraites versées sans contrepartie économique à l’étranger avant de conclure que tout cela va peser «lourdement» sur le système de retraites et sur l’économie luxembourgeoise.
Un revenu citoyen
Fokus propose ses solutions pour rendre le système par répartition «plus sensé et durable». Il demande un système de retraite qui prenne en compte «le contrat intergénérationnel». Ce qui induit d’ajuster la retraite en fonction du nombre d’enfants de la personne concernée qui sont actifs sur le marché du travail luxembourgeois.
«Ce n’est qu’ainsi que le Luxembourg pourrait enfin faire honneur au système par répartition», estime Fokus qui vise les travailleurs frontaliers dont les contributions sont versées plus tard à l’étranger, «sans qu’il y ait encore de lien avec le marché du travail ou l’économie luxembourgeoise».
Fokus juge non durable cette «croissance importée» et plaide pour un modèle de calcul qui s’appliquerait également aux travailleurs frontaliers, aux étrangers ainsi qu’aux Luxembourgeois.
Ce n’est pas tout. Fokus souhaite en outre «créer des incitations pour les personnes âgées qui s’engagent bénévolement dans la société». En plus du service civil pour les jeunes générations, les personnes âgées pourraient renforcer le bénévolat et favoriser la cohésion sociale.
«Tout comme le nombre d’enfants actifs doit être pris en compte, nous exigeons également un modèle de retraite tenant compte du bénévolat dans le calcul des contributions». Un «revenu citoyen» pour les retraités mettrait du beurre dans les épinards selon le type d’activité volontaire exercée, indépendamment du nombre d’enfants.
Fokus précise ne pas vouloir réduire les retraites existantes, mais proposer de nouvelles approches conceptuelles. «Si le gouvernement envisage néanmoins des réductions à court terme, Fokus se rangera du côté de ceux qui préfèrent de nouvelles sources de revenus à des réductions ou des détériorations des retraites.»
Le parti a déjà proposé, dans ses programmes électoraux, de nouvelles pistes pour une croissance plus raisonnable et de nouveaux revenus financiers. «L’État a encore un grand potentiel pour générer de nouvelles sources de revenus ou améliorer les existantes», conclut-il.