Dans le cadre de la mise à 2×3 voies de l’autoroute A3 entre le contournement de Luxembourg-Ville et la frontière française, un passage à faune a induit des mesures compensatoires au regard de l’impact du projet sur les biotopes existants et sur les espèces animales. Cet écopont sera opérationnel en 2025.
Les premiers animaux emprunteront son tapis vert et marron début 2025. Près de la frontière française, dans la continuité de l’A31, l’A3 en pleine mutation avec son chantier de mise à 2×3 voies a vu pousser plusieurs ouvrages dont un passage à faune.
«Cet écopont résulte de l’impact du projet sur les biotopes existants et sur les espèces animales touchées par l’élargissement de l’autoroute entraînent des mesures compensatoires», plante pour décor Vincent Vignon, l’écologue qui a accompagné le projet depuis 2017. L’A3 contribue à la fragmentation des massifs forestiers et ainsi à une discontinuité forestière. D’où la réalisation d’une telle structure, entre l’échangeur de Dudelange-centre et la frontière française».
Maintenir le trafic
«Cet ouvrage en forme de voûte en béton armé enjambe le gabarit de la future autoroute élargie sur 41 m. La forme de la voûte est telle qu’au pied la largeur est de 67 m alors qu’au milieu de l’ouvrage, la largeur est de 26 m. Le gabarit au-dessus des voies de l’autoroute est de 8,60 m au point le plus haut, détaille le professionnel de l’Office de génie écologique (OGE).
Les grands défis pour la construction de l’ouvrage étaient d’une part de choisir la bonne méthodologie, vu la contrainte de maintenir le trafic sur l’autoroute en service pendant toute la durée des travaux, d’autre part la géométrie complexe de l’ouvrage afin de garantir un travail de qualité.»
Continuité écologique
De nombreuses espèces animales traverseront ce pont qui leur est réservé. «Le chat forestier, des amphibiens comme le Sonneur à ventre jaune connu dans les boisements au sud de Dudelange, la Rainette verte au nord de Dudelange, le Triton crêté à Zoufftgen, La Grenouille rousse dans l’ensemble des boisements, égrène Vincent Vignon.
On compte aussi des chauves-souris dans les boisements connectés au projet d’ouvrage dont la Noctule commune, le Noctule de Leisler, le Murin de Brandt, le Murin de Daubenton, le Murin de Beichstein, le Grand Murin… Le suivi écologique de l’ouvrage permettra de disposer à l’avenir d’un intéressant retour d’expérience sur ce projet qui bénéficie à une continuité écologique forestière partagée entre le Luxembourg et la France.»
Aménagements complémentaires
«Les aménagements ont consisté à faire cohabiter un ensemble de milieux naturels interconnectés sur l’ouvrage et vers les milieux forestiers, développe l’écologue. Les milieux naturels mis en place prennent la forme de haies, par exemple, qui connectent les boisements et sont déterminantes pour les chauves-souris, les écureuils.
Il y a aussi des prairies, des habitats naturels intraforestiers de clairières sur l’ouvrage pour d’autres mammifères, des oiseaux, des insectes… Des andains rocheux ont été prévus pour les espèces thermophiles comme les reptiles.
Sans compter les zones humides, le réseau de fossés et de mares temporaires alimentés par l’impluvium sur l’ouvrage. Ils complètent la diversité des milieux naturels réalisés sur la nouvelle voie de passage pour des amphibiens, des insectes comme les libellules.»